Exposition de photographies de Kikai Hirô : Tôkyô : voyage à Asakusa

jusqu'au vendredi 23 octobre 2015

de 11h à 19h – Entrée libre – Ouvert le dimanche

En accès libre jusqu’au vendredi 23 octobre 2015

KIKAI Hirô est l’un des plus grands photographes japonais qui a exposé dans de nombreux pays. Photographe exigeant et homme ouvert sur la rencontre avec les autres, il est connu comme étant le témoin de « Shitamachi », l’autre Tôkyô, celui des quartiers populaires de la capitale.

A l’époque féodale la ville d’Edo, ancien nom de Tôkyô avait deux centres : celui de la « Yama no te » du côté de la montagne où était situé le château du shogoun, son gouvernement et les résidences des seigneurs de fiefs (Daimyô). L’autre centre était « la ville basse », près des rivières et des marais où vivaient les artisans, les commerçants, les pêcheurs et tout un peuple de petites gens travailleurs et turbulents, à la réparti facile et à la générosité proverbiale. Comment ne pas penser bien sûr au personnage de Tora san campé par ATSUMI Kiyoshi dans la série « il est dur d’être un homme » Otoko wa tsuraï yo de YAMADA Yôji.

Aujourd’hui que reste-t-il de ces quartiers autour de la rivière Sumida, tant aimée de l’écrivain Nagaï Kafu ? Tôkyô comme naguère Edo est un énorme fleuve de vie qui charrie le changement perpétuellement dans l’empire de l’éternité de l’Instant. Les frontières sont comblées peu à peu. Des gens aisés viennent s’installer dans les quartiers modestes réhabilités à côté de maisons fragiles et vétustes qui résistent encore. Les anciens quartiers populaires éteignent leurs lampions peu à peu. Le phénomène est universel en allant de Shitamachi au XXième arrondissement de Paris et en passant par le Bronx. Place aux classes moyennes et consuméristes.

Pourtant il reste encore dans Shitamachi, nul ne sait pour combien de temps encore, des gens ordinaires, de ceux que les touristes croisent rarement, faute de pouvoir parler avec eux. KIKAI Hirô a patiemment fixé durant plus de 40 ans les personnages de la comédie humaine qui se joue autour de la porte du tonnerre (Kaminari mon) à Asakusa qui est le centre de la ville populaire.

KIKAI est un photographe et un philosophe en même temps et à la manière d’un Diogène moderne, il semble dire avec son appareil photo en guise de lampe : « je cherche un homme ». Ce qui intéresse Kikai ce n’est pas de prendre les gens « au piège » de la photo, mais d’échanger avec eux, de les retrouver régulièrement et de tisser des liens sociaux, de connaître leur histoire, leurs parcours mais sans aucune obligation de parler pour ceux qui ne le souhaitent pas… La photo est un point de rencontre, un lieu d’échanges de mots, de sentiments, de bruits, de parfums, de souvenirs, un espace de sociabilité que les Japonais nomment « seken » qui apparaît comme une société « à l’ancienne ». La nouvelle se nomme « Shakai » elle est faite de règles explicites, de droit, d’interdits, d’anonymat avec son lot de solitude commun à de nombreuses sociétés post-industrielles . Le monde du « Seken » c’est celui des rapports humains et de la connaissance de son entourage, où a cours le marché des obligations et du savoir vivre « à l’ancienne », sorte de code non écrit pour qui s’est élevé dans la ville basse où l’on a le souci de l’autre. Les personnages du Monde de Kikai san sont si vivants qu’on a l’impression qu’ils vont nous adresser la parole. Ils sont là devant nous pour l’éternité.

Jean-François Sabouret
Commissaire de l’exposition
Directeur de Recherche Emérite – CNRS

Site officiel de l’exposition

« Tôkyô : voyage à Asakusa »

Ces photographies et le texte sont à retrouver dans un petit livre dense et essentiel pour mieux comprendre le Tôkyô d’hier et d’aujourd’hui !  Grâce au regard profondément humain de l’un des grands photographes contemporains japonais et, grâce à la plume sensible de l’un des grands sociologues français sur le Japon, ce livre est une invitation au voyage de la société japonaise.
56 pages couleurs et noir et blanc. Livre en français et en japonais.
Atlantique – Editions de l’Actualité scientifique Poitou-Charentes
Prix : 14€

Le jour de la fête de « shichi go san » pour les filles à l’âge de trois et de sept ans – 2001 –

Un homme qui me dit qu’il a toujours voulu attirer l’attention sur lui depuis qu’il était enfant<br>et qui a toujours été brimé à cause de celaUn homme qui me dit qu’il a toujours voulu attirer l’attention sur lui depuis qu’il était enfant
et qui a toujours été brimé à cause de cela – 2002 –

Une fille qui dit : « bien sûr que c’est un vrai tatouage » – 2007 –

Une professeur de danse traditionnelle japonaise – 1986 –

Un acteur de butô – 2001 –

Une maison « cousue main » – 1982 –

Le jour de soldes de la viande – 1983 –

 



Et aussi