Journée d’études « Mémoires et expériences du travail »

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Accès libre

Cette journée d’études est placée sous la responsabilité scientifique de François Vatin, professeur de sociologie à l’université de Paris Ouest Nanterre-La Défense.
Avec les interventions de Michel Llassera, docker à la retraite, diplômé du département d’ergologie, université de Provence , Pascale Moisdon-Pouvreau, chargée de l’opération d’inventaire des mémoires ouvrières, service de l’inventaire du patrimoine culturel de la Région Poitou-Charentes, Gwenaële Rot, maître de conférences de sociologie, université de Paris Ouest, Yves Schwartz, professeur de philosophie à l’université de Provence, fondateur du laboratoire d’ergologie, François Vatin, professeur de sociologie à l’université de Paris Ouest Nanterre- La Défense.

Plus que jamais, la question du travail est à l’ordre du jour. Mais, dans le débat politique, économique et social contemporain, le travail apparaît le plus souvent sous le registre d’une « valeur », dont on regrette la domination idéologique, ou, qu’au contraire, on veut réhabiliter. La question du travail est, dans cette optique, masquée par celle de l’emploi et du chômage. S’affrontent alors ceux qui entendent réduire l’obligation de travail et distendre le lien entre travail et revenu, et, ceux qui, au contraire, pensent qu’il faut, pour éradiquer le chômage, « réhabiliter » le travail, dont le sens aurait été perdu.
Or, si le travail est porteur de valeurs (diverses d’ailleurs), c’est d’abord une activité de production, inscrite dans une technicité, une tradition, une histoire, individuelle et collective. Penser les valeurs du travail sans penser d’abord le travail lui-même, c’est se condamner à ne rester qu’à la surface des choses. Mais pour dépasser le registre des généralités, encore faut-il trouver les moyens de dire le travail. Or l’expérience du travail est le plus souvent muette. Certes, on peut tenter de la redécouvrir dans une démarche archéologique, visant à protéger la mémoire des lieux de travail. Mais l’archéologie industrielle ne conserve là qu’un squelette. Il faut la compléter, quand il n’est pas trop tard, par le recueil de la mémoire des travailleurs eux-mêmes.
C’est à une réflexion sur ce recueil de mémoire, ses méthodes, ses difficultés, ses apports, ses enjeux qu’est consacrée cette journée d’études. Inscrite dans le projet d’ « inventaire des mémoires ouvrières de Poitou-Charentes », elle vise à faire le point sans souci d’exhaustivité sur des démarches menées de façons diverses sur des secteurs d’activité et dans des régions variés. Il s’agit, en somme, de donner la parole au travail et à ceux qui portent sa mémoire, avec la conviction que c’est dans l’assimilation collective de ses multiples expériences concrètes, que se joue, aussi, l’avenir du travail dans notre société.
Cette journée est organisée en partenariat avec la Région Poitou-Charentes, le Service de l’inventaire général du patrimoine culturel dans le cadre du projet « L’inventaire des mémoires ouvrières de Poitou-Charentes ». Elle est placée sous la responsabilité scientifique de François Vatin, professeur de sociologie à l’université de Paris Ouest Nanterre-La Défense.

Programme

  • 9h, Accueil avec
    • Un représentant du projet Région Poitou-Charentes
    • Didier Moreau, directeur général de l’Espace Mendès France
    • François Vatin, professeur de sociologie, université de Paris Ouest Nanterre-La Défense.
  • 9h15 -10h Le travail : activités et cadres sociaux par François Vatin, professeur de sociologie , université de Paris Ouest Nanterre-La Défense.
  • 10h -10h30 Discussion ouverte par Yves Schwartz, professeur de philosophie , université de Provence, fondateur du laboratoire d’ergologie
  • 10 h 30, Pause
  • 10h45-11h30 La mémoire ouvrière des Usines Renault-Billancourt par  Emmanuelle Dupuy et Patrick Scweitzer, ATRIS (Association des anciens travailleurs de Renault-Billancourt, Ile Seguin)
  • 11h30 – 12h, Discussion ouverte par Gwenaële Rot, maître de conférences de sociologie, université de Paris Ouest Nanterre-La Défense.
  • 12h -12h30 On travaille aussi dans les égouts par Agnès Jeanjean, maître de conférences d’ethnologie, université de Nice (cf résumé ci-après).
  • 12h30 – 12h45, Questions.
  • 14 h 30 – 15 h 15 La mémoire des dockers de Marseille par Michel Llasera, docker à la retraite, diplômé du département d’ergologie , université de Provence
  • 15 h15 -15 h 45, Discussion ouverte par Yves Schwartz.
  • 15 h-45 – 16 h15 L’usine à la campagne : la tradition ouvrière des beurriers de Surgères par Eric Kocher-Marboeuf , maître de conférences d’histoire contemporaine, université de Poitiers
  • 16h 45 – 17h Questions
  • 17 h-17 h15, Pause
  • 17 h 15-17 h 45 La mémoire industrielle dans la région Poitou-Charentes par Pascale Moisdon-Pouvreau, chargée de l’opération d’inventaire des mémoires ouvrières, Service de l’inventaire du patrimoine culturel de la Région Poitou-Charentes.
  • 17 h45- 18 h, discussion
  • 18 h, Clôture de la journée par François Vatin

Contact : anne.bonnefoy (AT) emf.ccsti.eu

Cette journée d’études fait partie de la programmation 2009 de l’initiative Inventaire des mémoires ouvrières de Poitou-Charentes organisée en partenariat avec le Service de l’inventaire général du patrimoine culturel de la Région Poitou-Charentes.

François Vatin
vatinProfesseur de sociologie, sociologie du travail et sociologie économique, à l’Université de Paris Ouest Nanterre-La Défense, membre du laboratoire des institutions et dynamiques historiques de l’économie, IDHE / CNRS , François Vatin est le directeur du master science sociale : sociologie, expertise sociale et enseigne notamment dans la spécialité de recherche (M2) « société, économie, politique et travail » (SEPT).
Il est, avec Philippe Steiner, le co-Directeur du G.D.R.-CNRS « Economie et sociologie »

Résumés

On travaille aussi dans les égouts

Les excréments humains, bien qu’éloignés des hommes et souvent refoulés sous terre, participent activement de la trame de sens sur laquelle se déploie l’ordre social. S’intéresser à leur sort livre des informations sur les articulations spatiales et les hiérarchies qui structurent un territoire. La communication s’inscrira à la fois dans les champs de l’ethnologie urbaine et de l’ethnologie du travail et des techniques.  A travers l’exposition de techniques, points de vue et savoir-faire développés par des ouvriers de l’assainissement, on y défendra l’idée qu’il y a beaucoup à apprendre des « savoirs impopulaires » que développent ces travailleurs. Ces hommes sont confrontés à des substances à forte charge politique, symbolique et fantasmatique et par conséquent pensent quotidiennement des matières et des situations difficiles à penser. A travers l’examen des modes d’engagement corporels et des usages que ces ouvriers font des outils, on montrera combien, et sous quelle forme, se pose pour eux la question du sens de ce qu’ils font et de ce (ux) qu’ils sont.

La présentation s’appuiera sur des données recueillies au cours d’enquêtes ethnologiques de terrain développées sur plusieurs années ( 1994-2009).

La mémoire industrielle dans la région Poitou-Charentes

L’inventaire du patrimoine industriel de Poitou-Charentes, conduit sur une période de près de vingt ans, a permis de dresser le portrait d’une région beaucoup plus industrielle qu’on ne l’imaginait. Le corpus, formé de 988 usines, a été constitué sur des critères retenus à l’échelon national retenant essentiellement l’aspect matériel des lieux de l’industrie. Cet inventaire donne un éclairage de l’histoire industrielle régionale et fait œuvre par là-même de mémoire.

L’étude illustre la totalité des activités qui ont existé dans la région ; l’agroalimentaire y occupe, sans surprise, une place prépondérante, mais d’autres secteurs, fondés sur des activités anciennes, sont bien représentés. Elle met également en évidence un phénomène d’industrialisation propre à la région, tant dans son rythme (assez tardive), que dans ses principales caractéristiques (la crise du phylloxéra servant catalyseur à l’essor de deux grandes activités industrielles : la distillerie d’eau-de-vie de cognac et la laiterie).

Si les traces matérielles de l’activité industrielle révèlent l’action de l’homme – entrepreneur, ouvrier, ingénieur ou mécanicien -, elles permettent également d’appréhender l’état d’esprit des époques passées, qu’illustre notamment la naissance du mouvement coopératif.

 

Enregistrements :




Toutes les dates

8 décembre 2009
9 h 00 -> 18 h 00
 

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