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L’univers médiéval entre le XIe et le XIIIe siècle

jeudi 9 décembre 2010

Conférence de Barbara Obrist, directeur de recherche au CNRS, UMR 7219 – CNRS/université Paris Diderot, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales.

Enregistrement audio :

Contrairement à une idée reçue, le XIIe siècle marque un tournant plutôt qu’une rupture dans l’histoire de la cosmologie médiévale. Aussi s’agira-t-il de passer en revue les conceptions-clés sur la structure et le fonctionnement de l’univers – compris à l’époque comme l’ensemble des choses – ayant prévalu XIIe siècle à la fois dans leur dépendance vis-à-vis de la tradition latine antérieure et des nouvelles impulsions venues principalement du monde arabe. Il s’avère qu’au XIIe siècle, l’impact d’ouvrages clé tels que l’Almageste (ou la Syntaxe mathématique) de Ptolémée demeurait très limité et que son influence s’exerçait principalement à travers des cosmographies traduites de l’arabe. S’adressant à un public de non-spécialistes, celles-ci étaient plus à même d’être assimilées que des ouvrages d’astronomie mathématique par les latins dont le manque de culture en la matière était généralement déploré par les contemporains.

Les cosmologies de Guillaume de Conches (mort après le milieu du XIIe siècle) et de son contemporain Honorius Augustodunensis serviront d’exemples privilégiés en raison de leur succès. Le Dragmaticon philosophiae (1147-1149) du premier auteur permet de suivre le processus d’assimilation d’éléments de cosmographique arabe, ainsi que l’intégration dans un cadre philosophique du corps traditionnel de doctrines ; Guillaume de Conches se profile en effet comme le premier auteur médiéval à avoir esquissé une véritable philosophie de la nature, ou une physique. Au contraire, l’Imago mundi d’Honorius intègre la cosmologie d’école dans le cadre de l’histoire du salut. L’approche anthropocentrique qui caractérise cette œuvre et le genre littéraire dont elle relève, du moins en partie, celui de la cosmologie symbolique, a pour corrélat l’introduction d’un lieu qui contredit les principes mêmes de la physique antique et médiévale : pour la première fois dans l’histoire de la cosmologie médiévale, l’enfer rempli de feu se situe au centre de la terre.

Michel Lemoine, Théologie et Cosmologie au xiie siècle. Bernard de Chartres, Guillaume de Conches, Thierry de Chartres, Guillaume de Saint-Thierry, trad. M. Lemoine – Cl. Picard-Parra, Paris 2004 (Sagesses médiévales, 2).

Dans le cadre du Séminaire 2010-2011 d’histoire des sciences et des techniques au Moyen-Âge

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