Le Programme « Science, Innovation et Territoires » (SIT) a été lancé par l’Espace Mendès-France en 2007, dans le cadre de sa politique générale de diffusion de la culture scientifique et technique et de partage de la connaissance avec les citoyens et les territoires.
L’orientation et les objectifs de rapprochement de la Science et du Citoyen de ce programme doivent s’appuyer sur des problématiques territoriales, en associant les acteurs scientifiques, économiques, culturels et sociaux de la région et en mobilisant sur ces thèmes des expertises nationales et internationales.
Des territoires qui changent
Comme beaucoup d’autres, la région affronte de nombreux défis :
- la concentration urbaine et la dissémination de l’habitat ;
- l’intégration dans les grands flux de la façade atlantique et la saturation de certaines infrastructures de transport ;
- la mutation de son agriculture et de son milieu rural ;
- l’évolution du climat et la limitation des ressources hydriques ;
- la rationalisation des organisations de santé, le vieillissement et la recomposition démographiques ;
- les changements dans la « consommation » culturelle et dans l’accès aux loisirs.
Mais, depuis vingt ans, les territoires connaissent aussi des changements institutionnels qui leur imposent la responsabilité de nouvelles fonctions et la prise en compte de nouvelles problématiques, aussi bien techniques que managériales .
En cherchant à mettre en œuvre des stratégies « globale/locales » de développement ils rencontrent souvent des difficultés d’application dues soit aux modes de financement soit à la complexité des services ou des dispositifs techniques .
Ainsi, le soutien à l’économie comme l’appui aux activités productives ne sont pas toujours cohérents avec l’accompagnement de l’emploi, tout comme les services aux familles et les services de santé ne sont pas nécessairement adaptés à l’évolution de l’habitat.
Une science qui bouleverse les habitudes
Par ailleurs la science semble avancer très vite. Elle structure des techniques qui ont des espaces et des échelles de mise en oeuvre dissonants et qui contribuent ainsi à fragmenter le territoire.
Une grande partie de l’action politique locale revient alors à organiser la gestion « rationnelle » de ces problèmes tout en cherchant à maintenir des unités ou des lieux de vie collective.
C’est l’observation de ces évolutions qui conduit l’Espace Mendès France, au travers du Programme « Science, Innovation et Territoires », à proposer à différents experts et à différents scientifiques de participer à une démarche permettant de lire, de comprendre et de s’approprier les mutations que les territoires doivent affronter tout en essayant de dépasser les approches prospectives habituelles.
Ou s’il s’agit de s’engager dans une démarche prospective, celle-ci doit alors être partagée – voire « participative » – et doit intégrer l’impératif de « durabilité » des évolutions prévisibles.
Mais cette démarche doit surtout tenter d’apprécier les moyens, les opportunités et les mobilisations possibles pour comprendre et s’approprier les mutations à venir. Les scénarii ne sont pas uniquement des « possibles » à construire selon plusieurs alternatives ; ce sont aussi des hypothèses d’action publique à insérer dans les contextes et dans les processus institutionnels existants.
Et l’essentiel est alors d’assurer le partage de ces progrès de la connaissance avec le plus grand nombre, de travailler au rapprochement de la science et du citoyen, de développer, par la diffusion de la culture scientifique et technique, une culture de l’innovation qui soit mobilisée dans tous les compartiments de la vie quotidienne du citoyen dans son territoire.
« Tous experts, tous ignorants »
Pour mettre en œuvre de telles démarches, il faut posséder des notions et des connaissances à même d’éclairer ce qui est en émergence ou en construction dans les différents secteurs de la vie économique, sociale et culturelle.
C’est bien la mission de l’Espace Mendès France de réunir, en mobilisant les compétences scientifiques et les expertises, les conditions d’un partage des connaissances et d’un croisement des diagnostics sur les questions et les enjeux du moment.
Les premiers séminaires organisés par l’Espace Mendès France dans cet esprit ont montré à la fois la multiplicité des approches nécessaires et la difficulté à rester dans un domaine précis : toutes les disciplines interagissent les unes avec les autres, la chimie avec la biologie, l’informatique avec la géographie,… sciences sociales et sciences « dures » entremêlées.
Après un premier séminaire traitant de la méthode et en croisement avec quatre grandes questions : l’innovation, l’éducation, les inégalités sociales et les inégalités territoriales, trois thématiques d’intérêt régional ont servi de test pour la mise en œuvre du partage science – citoyen :
- l’eau,
- la santé,
- les transports.
Sur chacune de ces trois thématiques, les travaux présentés et les débats qui ont suivi ont permis d’appréhender les méthodes d’analyse et de compréhension d’un sujet intéressant les territoires de la région utilisées par les chercheurs ou par les experts ainsi que leurs résultats ; et, en ayant discuté le contenu, de proposer des outils et des processus de sensibilisation, d’information et de médiation aux citoyens ou aux groupes sociaux concernés par ces sujets (s’inscrivant en cela dans une démarche de démocratie « cognitive » que l’on peut également rapidement qualifier de « citoyenne » ou de « participative »).