Les Indo-Européens : constructions et avatars d’un mythe d’origine

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Conférence de Jean-Paul Demoule, professeur de protohistoire européenne, institut universitaire de France et université de Paris I, ancien président de l’INRAP, UMR du CNRS 8215 – trajectoires, institut d’art et archéologie.

Enregistrement

Les ressemblances et correspondances entre langues indo-européennes ont été tout au long du XIXème siècle au fondement de la linguistique moderne. Dans le même temps, elles ont été d’emblée expliquées par l’existence postulée d’un peuple originel (Urvolk) parlant une langue originelle (Ursprache) dans sa patrie originelle (Urheimat), trois entités à retrouver ou à reconstituer. Ces recherches ont connu les détournements idéologiques que l’on sait. Mais dans tous les cas, on ne peut considérer qu’elles auraient abouti aujourd’hui à un consensus scientifique. Il n’y a pas de consensus chez les linguistes pour savoir si, au-delà des systèmes de correspondances phonologiques et morphologiques, il y aurait possibilité d’aboutir à la reconstitution d’une langue unique selon un modèle arborescent, ou bien si des modèles plus complexes seraient concevables. Si la mythologie comparée, illustrée par les travaux de Georges Dumézil, met aussi en évidence des correspondances indéniables à travers l’Eurasie, l’arbre généalogique n’est pas, là encore, le seul modèle possible. La génétique, après les errements et les impasses de la craniométrie, apporte des résultats certes de plus en plus fiables et intéressants, mais avec des risques de raisonnements circulaires, amplifiés par les effets du système académique anglo-saxon. Enfin l’archéologie hésite toujours entre au moins trois grandes explications géographiques contradictoires, sans qu’on puisse de toute façon reconstituer avec certitude les routes supposées qui, depuis tel foyer originel, auraient conduit les peuples locuteurs de langues indo-européennes dans leurs différents emplacements historiquement connus. C’est pourquoi on est en droit d’interroger le modèle canonique sous-jacent en tant que mythe d’origine alternatif à celui de la Bible, tout en recherchant des modèles explicatifs plus complexes.

Dans le cadre du cycle Jalons pour une histoire des sciences de l’homme, en partenariat avec les écoles doctorales : Lettres, pensée, arts et histoire ; Sociétés et organisations ; Cognition, comportement, langage(s) de l’université de Poitiers.

 

Toutes les dates

1 décembre 2015
18 h 30 -> 20 h 00
 

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