Quelle histoire du corps ?

 

EN RAISON DES GREVES A LA SNCF, CETTE JOURNEE EST ANNULEE

 

a-chacun-son-corps-1.pdf

Affiche à chacun son corps

Journée d’études organisée avec le soutien du service culturel de l’université de Poitiers dans le cadre de la manifestation « A Chacun son corps », le laboratoire corps et histoires/archives Poincaré – UMR 7177 CNRS, faculté du sport, université de Nancy et le laboratoire FORELL de l’université de Poitiers.

Sous la responsabilité scientifique de Bernard Andrieu, professeur, Epistémologie du corps et des pratiques corporelles, faculté du sport, Nancy université, directeur de Corps & Histoires / Archives Poincaré UMR 7117 CNRS, membre du GDR 2332 CNRS anthropologie des représentations du corps, co directeur de la Revue interdisciplinaire Corps, Ed Dilecta, créateur de Leblogducorps.

Avec la participation de Bernard Andrieu, université de Nancy, Edouarda Barra, EHESS, Natacha Chetcuti, université Paris 7 Denis Diderot/ CEDREF, David le Breton, université de Strasbourg, Ilana Lowy, CNRS, Rafael Mandressi, CNRS, Denis Mellier, université de Poitiers, Jean-Claude Schmitt, EHESS, Georges Vigarello, EHESS.

 

PROGRAMME

(Attention certains horaires ont été modifiés par rapport au programme initialement prévu et téléchargeable en pdf invitcorps.pdf

– Mardi 20 novembre à 20h30
Corps et anthropologie dans le monde contemporain

Conférence de David Le Breton, Sociologue, université Marc Bloch de Strasbourg.

– Mercredi 21 novembre

9h, accueil
Didier Moreau, directeur général de l’Espace Mendès France
Dominique Moncond’huy, professeur université de Poitiers
Et Bernard Andrieu, Pr. Epistémologie du corps et des pratiques corporelles Faculté du sport, Nancy Université, Directeur de Corps&Histoires/Archives Poincaré UMR 7117 CNRS

9h15-10h / Fonder une histoire du corps
Georges Vigarello, directeur d’études à l’EHESS

HISTOIRE DES TRANSFORMATIONS DU CORPS

10h / Le corps dans le « Corpus Hippocraticum »
Edoarda Barra, docteure à l’EHESS (Histoire et civilisations)

10H40 / L’identité corporelle au Moyen Âge
Jean-Claude Schmitt, directeur d’études à l’EHESS

11h20/ Débats

11h40 / Pause

11h50 / Inventions savantes du corps à l’époque moderne: l’anatomie de la Renaissance aux Lumières
Rafael Mandressi, chargé de recherche CNRS

12h30 / Débats et conclusions

LE CORPS TRANSFORME

14h00 / Devenir hybride
Bernard Andrieu

14h40 / Techniques de la biomédecine et la construction de genre: historie de traitements des individus intersexe
Ilana Lowy, CNRS

15h20 / Corps et constructions sexuelles
Natacha Chetcuci, EHESS/LAS – Paris, et CEDREF université Paris 7

16h / Débats

16h20 / Pause

16h30 / La nouvelle chair numérique des corps fantastiques
Denis Mellier, professeur de littérature comparée, université de Poitiers

17h10 / Conclusions

 

ATTENTION, la conférence " L’obésité a-t-elle une histoire ?" conférence de Georges Vigarello, prévue à 21h30 est annulée.
Georges Vigarello intervient le 21 novembre à 9h30.

 

 

 

 

Résumés des conférences

 

Les parutions des trois volumes sur l’Histoire du corps, sous la direction d’Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello, constituent un évènement dans la constitution du champ scientifique et historique : l’étude du corps découvre combien les pratiques, les objets, les techniques, les regards, et les représentations peuvent être reconstitués dans les thèmes de l’hygiène, de la prostitution, du sport, de la beauté, de la pudeur, de la santé…

La transformation des représentations du corps précise comment, en histoire du corps, les périodes, les ruptures et les objets dépendent des méthodes pour étudier le corps, la peau, le genre, la sensibilité : une épistémologie du corps propose, dans cette journée d’études, aux intervenants et intervenantes de présenter et leur objet d’étude et la méthodologie utilisée.

Aujourd’hui, la transformation des représentations du corps produit des corps transformés, chaque individu voulant construire sa propre représentation du corps : greffes, piercing, tatouages, scarification, chirurgie esthétique… Se dessiner un corps à soi en découpant et en s’écrivant sur et sous la peau, tels sont les enjeux de ces communications scientifiques.

Bernard Andrieu, professeur, Epistémologie du corps et des pratiques corporelles, faculté du sport, Nancy Université, directeur de Corps&Histoires/Archives Poincaré UMR 7117 CNRS, membre du GDR 2332 CNRS Anthropologie des représentations du corps, co-directeur de la Revue Interdisciplinaire Corps, Ed Dilecta, créateur de Leblogducorps.

 

 

Corps et anthropologie dans le monde contemporain
David LE BRETON, Sociologue, professeur à l’université Marc Bloch de Strasbourg.

Dans nos sociétés le corps tend à devenir une matière première à modeler selon l’ambiance du moment. Il est désormais pour nombre de contemporains un accessoire de la présence un lieu de mise en scène de soi. La volonté de transformer son corps est devenue un lieu commun. La version moderne du dualisme diffus de la vie quotidienne oppose l’homme à son propre corps, et non plus comme autrefois l’âme ou l’esprit au corps. C’est un dualisme laïque, et non plus inscrit dans une métaphysique ou une vision religieuse. Il participe plutôt du culte de la marchandise. Deux directions se dégagent, la représentation du corps comme d’un brouillon à rectifier, la seconde est celle du corps surnuméraire, du corps superflu, en trop, à éliminer. Ce sont les figures de l’humain qui se voient également transformées. Et les avancées dans le domaine de la technologie s’accompagnent d’attentes parfois religieuses, certains y voient une nouvelle forme de salut : cyborgisation, téléchargement de l’esprit sur le net ou l’ordinateur, etc.

 

Quel corps pour quel genre ? Le corps au centre du dispositif sexe et sexualité.
Natacha Chetcuti, Doctorante en sociologie, EHESS Paris, Laboratoire d’anthropologie sociale (LAS)

À partir du recours aux analyses biographiques recueillies dans le cadre de mon doctorat1, il va s’agir de soulever le trait saillant des analyses produites. Le processus de nomination de soi pour les lesbiennes est lié à la rencontre corporelle avec l’autre. Le maniement du corps pris comme centre de l’expérience établit le lien entre l’individu passé et celui qui est à conquérir. Brohm rappelle que nous sommes dans une époque qu’il appelle la « civilisation du corps2 » où « le corps est métaphore, gisement inépuisable qui donne au narcissisme moderne son ancrage privilégié en même temps que son allure hétérogène, éphémère3 ». Le corps qui devient modelable par la relation à l’autre se situe au noeud des trajectoires socio-sexuelles des lesbiennes ; puisque la rencontre corporelle modifie le contenu des catégories de genre et la perception des unes et des autres avec l’ensemble de la société. Afin de donner prise et sens au soi stigmatisé, le corps avec et par l’autre permet de donner sens à une identité non pas menaçante en elle-même pour le sujet, mais menacée par la dénégation sociale. Si le corps et la sexualité recouvrent une telle importance dans le processus d’individuation du soi, il s’agit de s’interroger sur les normes qui régulent la sexualité d’un groupe encore invisible, dans un contexte hétéronormatif. Alors que les études actuelles en sociologie de la sexualité évoquent la diversité des trajectoires et des expériences sexuelles émergeant depuis une vingtaine d’années, sera-t-il possible de parler de sexualité lesbienne ?

——————————————————————————–

[1] Lucien Febvre, [1941], Comment reconstituer la vie affective d’autrefois ? La sensibilité et l’histoire ", Annales d’Histoire Sociale, III, p ; 221-238, ici p. 221. Reproduit dans L. Febvre, 1992, Combats pour l’histoire, Presse Pocket, 1992.

[2] Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire du Climat depuis l’An Mil, Ed. 1983, Champs Flammarion, tome 1, p. 24.

 

 

L’identité corporelle au Moyen Âge
Jean-Claude SCHMITT, directeur d’études à l’EHESS

Le corps, son apparence physique, son genre (masculin ou féminin), les traits du visage, le son de la voix, le rythme de la démarche, sont de puissants moyens d’individuation personnelle, c’est-à-dire de reconnaissance de l’individu par les autres et de revendication par lui-même de sa singularité. Dans cette fonction, le corps se prolonge dans ses marques culturelles (tatouage, "piercing"), ses ornements (bijoux), ses attributs (qui permettent par exemple d’identifier un saint à partir de son image) et les vêtements qui "font corps" avec lui. Ces données fondamentales sont on ne peut plus relatives aux différentes cultures (relevant à ce titre d’une démarche anthropologique) comme aux différentes époques (elles relèvent par conséquent aussi d’une démarche historique). C’est en "historien anthropologue" et en faisant appel prioritairement aux documents iconographiques, qu’on s’interrogera sur l’évolution de la fonction d’individuation du corps médiéval et moderne.

 

Quelle histoire du corps ?
Bernard Andrieu

Lucien Febvre (1878-1956) affirme en 1941 que " la sensibilité et l’histoire sont un sujet neuf. Je ne sais pas de livre où il soit traité "[1] En refusant de faire seulement une histoire physique et une histoire des conditions naturelles, l’historien, Emmanuel Le Roy Ladurie le rappelle[2], aurait l’impression de trahir, l’injonction de Marc Bloch. Selon Marc Bloch (1886-1944), qui fonde avec Lucien Febvre en 1929 la revue les Annales d’histoire économique et sociale, " une histoire plus digne de ce nom que les timides essais auxquels nos réduisent aujourd’hui nos moyens devrait leur place aux aventures du corps. C’est une grande naïveté de prétendre comprendre des hommes sans savoir comment ils se portaient. Mais l’état des textes, plus encore l’insuffisante acuité de nos méthodes de recherches bornent nos ambitions "[3].

Voir aussi http://leblogducorps.canalblog.com/
——————————————————————————–

[1] Lucien Febvre, [1941], Comment reconstituer la vie affective d’autrefois ? La sensibilité et l’histoire ", Annales d’Histoire Sociale, III, p ; 221-238, ici p. 221. Reproduit dans L. Febvre, 1992, Combats pour l’histoire, Presse Pocket, 1992.

[2] Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire du Climat depuis l’An Mil, Ed. 1983, Champs Flammarion, tome 1, p. 24.

[3] Marc Bloch, 1939, Façons de sentir et de penser, La société féodale, Paris, Albin Michel, coll L’évolution de l’humanité, Ed. 1968, p.115-116.

 

Devenir hybride

Bernard Andrieu
La crise écologique de notre planète nous oblige à changer nos modes d’action et de pensée. Le temps est fini de croire en l’opposition entre l’homme et la nature et en la supériorité technique de l’homme sur les autres espèces. La dégradation environnementale prouve l’interaction de notre corps avec la nature et la transformation de nos conditions d’existence. Le « pacte écologique »[1] ne suffira pas. Nous continuons à utiliser les objets polluants sans apercevoir la contamination de notre corps et la destruction des espèces. Le culte de l’idéal corporel[2] est un désir de pureté et de jeunesse. La norme est d’éliminer et d’effacer les traces du vieillissement et les signes de la fatigue. L’entretien physique de soi est devenu une prescription politique par le jogging présidentiel. Le sport et la santé définissent l’utopie personnelle. La chirurgie esthétique est devenue une obligation normative. Chacun met sous sa peau et dans son corps des produits sans toujours évaluer les risques et les transformations.

Devenir hybride c’est apercevoir comment la technique n’est pas extérieure à notre corps mais constitue notre identité dans bien des actes de notre vie quotidienne. Les transformations sont visibles

——————————————————————————–
[1] Hulot N., 2007, Le pacte écologique, Paris,
[2] Beigbeder F. 2007, Au secours, pardon, Paris, Grasset.

 

Techniques de la biomédecine et la construction de genre: histoire de traitements des individus intersexe
Ilana Löwy, CERMES
Le sexe social est construit sur un mode binaire. Par contre le sexe bio­logique se présente comme un continuum, avec sur ses extrêmes les « sexes biologiques » clairement définis et, au milieu, une large gamme de situations intermédiaires — des individus « intersexe ». De tels individus remettent en cause nos certitudes sur la stabilité des catégories « homme » et « femme ». Mon intervention va tracer l’histoire des interventions médicales ayant pour but de corriger l’anomalie de l’intersexe et de produire des êtres humains dont le corps ne remet pas en cause la bipolarité du féminin et du masculin. Elle va suivre les débats sur les liens supposés entre intersexualité et homosexualité puis expose la transition du traitement de l’intersexualité à celui de la transsexualité. Elle va se pencher enfin sur le rôle des nouvelles techniques de la médecine dans la séparation entre le « sexe » et le « genre », et sur l’histoire mouvementé des intervention médicales visant a corriger les organes sexuels des enfants intersexe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toutes les dates

20 novembre 2007
20 h 30 -> 22 h 30
21 novembre 2007
9 h 15 -> 17 h 00
20 h 30 -> 22 h 30
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *