Conférence de Véronique Dasen,professeure d’archéologie classique, université de Fribourg
https://www.unifr.ch/scant/archeologie/enseignants.html
Cette conférence porte sur la dimension antique du langage corporel, telle que nous la révèlent deux traités transmis sous le nom de Mélampous, l’hiérogrammate (« Sur les tressaillements involontaires du corps » ; « Sur les marques naturelles du corps »). La croyance aux correspondances cachées entre les mouvements du corps, les marques naturelles et l’ordre cosmique a occupé une place importante dans la société antique. Le langage corporel appartient à ces savoirs partagés qui s’inscrivent dans la très longue durée. Son origine se perd en Grèce ancienne, qui l’a sans doute hérité du monde assyro-babylonien. Pour les Anciens, le corps peut produire des signes qui sont l’expression de la volonté divine. Leur valeur est prémonitoire : ils annoncent des événements, heureux ou malheureux, qui concernent le destin individuel.
L’étude de ce savoir, longtemps tenu pour une décadence de la « physiognomonie scientifique », nécessite une démarche pluridisciplinaire, au carrefour de l’histoire de la médecine, de l’art et des religions. Elle participe au développement du nouveau champ d’étude que représente l’histoire du corps. Elle offre notamment une nouvelle clé de lecture des anomalies cutanées des portraits d’époque ptolémaïque et romaine. Au-delà de la construction d’une identité familiale ou dynastique, ces marques pourraient se rapporter aux croyances véhiculées par les traités de Mélampous aux sources de la doctrine métoposcopiquequi va connaître un engouement extraordinaire dès la Renaissance.
Dans le cadre du séminaire 2010-2011 d’histoire des sciences et des techniques dans l’antiquité.