Très intéressante interview publiée dans la Nouvelle-République de ce vendredi.
L’expert Hervé Le Treut, à Poitiers ce jeudi pour le Forum citoyen climat organisé par l’espace Mendès-France, tire la sonnette d’alarme sur les conséquences du réchauffement climatique.
Qu’est-ce que le changement climatique ?
« Il faut distinguer deux choses : les variations naturelles du climat d’une année sur l’autre et les émissions de gaz à effet de serre qui se concentrent très longtemps dans l’atmosphère et provoquent un réchauffement progressif. »
Quelles sont ses conséquences ?
« Elles touchent la planète entière. Les régions polaires et continentales sont les plus atteintes. En Arctique, le réchauffement fait fondre la banquise, qui s’est beaucoup réduite à la fin de l’été. Le Groenland commence également à fondre, comme les glaciers des montagnes. La France, entre la période industrielle et maintenant, a enregistré un degré supplémentaire. »
Ce réchauffement entraîne aussi une élévation du niveau de la mer.
« Le niveau moyen remonte de 3,5 mm par an. Mais l’élévation pourrait atteindre 50 cm à un mètre à l’horizon 2100. Chez nous, une partie importante du littoral pourrait être affectée avec des risques de submersion. »
Vous dites qu’il aura un impact sur le vivant.
« Le végétal et l’animal ont souvent une physiologie ciblée par rapport aux conditions de température. On voit apparaître des signes clairs : les dates des vendanges ont changé, le degré d’alcool du vin augmente… Le réchauffement des océans induit un déplacement des poissons tropicaux vers le nord. »
Et à plus long terme ?
« On devrait gagner 4 à 5 degrés au début du siècle prochain. On risque de connaître les mêmes épisodes de canicule qu’en 2003 de manière répétée et il faut s’attendre aussi à des records en matière de pluviométrie. Des régions du monde souffriront plus que nous. Avec des océans plus chauds, des cyclones très puissants sont prévisibles et mettront en péril des millions de personnes dans les deltas. »
Comment s’adapter ?
« Par la réduction des émissions de gaz à effet de serre mais ça ne suffira pas car on a déjà engagé le processus de manière importante. Il ne faut plus construire dans les régions inondables, ne pas trop investir dans des activités dépendantes du climat mais avoir une agriculture robuste… La mobilisation, elle doit se faire à l’échelle locale et régionale en modifiant déjà le système des transports en commun. »
(1) « Approches régionales du changement climatique : une nécessité pour s’adapter, une opportunité de mobilisation, l’exemple de l’Aquitaine » ce matin à 10 h 30 à l’Espace Mendes-France, 1 rue de la Cathédrale, à Poitiers. Conférence suivie d’un débat. Programme complet du Forum citoyen climat sur www.emf.fr.