Ce festival multiforme, accessible à toutes et tous, s’attache à croiser les expériences individuelles et collectives, ainsi que les savoirs issus des sciences sociales, le regard des cinéastes et la sensibilité des artistes.
Co-organisé avec l’association Raisons d’agir avec le soutien de nombreux partenaires.
Téléchargez l’affiche et le programme.
Programme
susceptible de modifications, actualisé sur festivalraisonsagir.org
L’injonction à consommer est partout : elle s’incruste sur nos écrans, envahit notre vie privée, s’insinue jusque dans la sphère de la santé ou de l’éducation. Pourtant la volonté de rompre avec cet état de choses semble resurgir de toutes parts, dans les expériences d’autoproduction, les circuits courts ou les nouvelles pratiques de coopération, aussi bien que dans les débats de « Nuit debout » ou dans certains programmes électoraux. Il n’est que temps. Les menaces sur le climat et sur la biodiversité supposent de réviser au plus vite nos modes de production et de consommation. Les périls liés à la montée des idéologies réactionnaires invitent à repenser tout ce qui nous est commun.
Pour sa douzième édition, le Festival Raisons d’Agir s’intéressera donc à la consommation, à l’analyse que l’on peut faire du phénomène et aux expériences qui s’efforcent d’en redessiner les contours. Il s’agira d’interroger la fabrique, non seulement du consommateur mais, au-delà, de l’idée même de marchandise et de marchandisation de nos sociétés ; de réfléchir aux tensions, aux luttes qui traversent l’acte de consommation ; de questionner, aussi, des façons alternatives de consommer comme de produire.
Fidèle à sa formule, le festival associera le regard objectivant des chercheurs à celui, autrement subjectif, des artistes, des militants et des étudiants, afin de mener une réflexion collective sur les débats politiques contemporains et ainsi d’y prendre part. Il s’agira de croiser, sur ces questions difficiles, les expériences individuelles et collectives, les savoirs issus des sciences sociales, le regard des cinéastes et la sensibilité des artistes.
Le festival Raisons d’agir est organisé par l’association Raisons d’agir-Poitiers, en partenariat avec l’Espace Mendès France et le cinéma Le Dietrich, avec le soutien financier de la ville de Poitiers, de l’U.F.R Lettres et Langues et de l’U.F.R. Sciences Humaines et Arts de l’université de Poitiers.
Informations pratiques
Entrée gratuite à tous les évènements sauf pour la projection du jeudi soir,
au Cinéma Le Dietrich.
Mercredi 29 mars 2017
Luttes autour de l’extension de la consommation
à l’espace Mendès France
Journée co-organisée avec la CGT, la FSU et Solidaires, ouverte à la formation syndicale. Pour participer à cette journée, les salariés du public peuvent déposer une demande d’autorisation d’absence pour formation syndicale. Comme l’ensemble du festival, cette journée est ouverte à tous les publics. L’objectif est précisément de croiser les regards et les expériences, pour mieux appréhender les questions de société autour de la marchandisation et du consumérisme.
10 h – 12 h TAFTA, CETA etc. : les enjeux de la qualité des produits et des services
Conférence – débat de Julien Rivoire, responsable national de la FSU chargé des questions internationales. Animée par Bertrand Geay, politiste, et Patrick Lainé, ancien professeur, syndicaliste.
Depuis bientôt 30 ans, inlassablement, les mêmes solutions toutes faites reviennent à l’agenda. Pour « sortir de la crise », il faudrait développer les échanges, exporter davantage, libérer l’initiative privée. Les choix à faire en matière d’agriculture, d’industrie ou de services publics sont ici fortement dépendants les uns des autres. Est-ce que les besoins des populations et les intérêts des peuples ne devraient pas guider les politiques de coopération économique ? Où en sont les tractations entre l’Europe et les pays américains ? Comment intervenir sur ces enjeux ?
Enregistrement
14 h – 16 h 30 Politiques managériales et usagers-clients à l’hôpital, à l’école et dans le travail social
Table-ronde avec Gilles Métais, psychologue au Centre hospitalier Laborit (CGT), Daniel Desceliers, ancien formateur à l’IRTS de Poitiers (Solidaires), Pascal Canaud, professeur de lycée (FSU). Animée par Pascal Boissel, psychiatre, et Hélène Stevens, sociologue.
D’un côté, la montée du management, de l’évaluation et de la rationalité comptable. De l’autre, des usagers transformés en clients, dépouillés de leur capacité à intervenir collectivement sur la qualité des services rendus. Comprendre les logiques qui s’imposent dans l’action quotidienne des personnels de la santé, du médico-social ou de l’enseignement, c’est se donner les moyens d’analyser la pression qui s’exerce sur chacun et d’élaborer des stratégies de résistance collective à ce nouvel ordre des services publics.
Enregistrement
17 h – 18 h L’enjeu politique du « luxe ». Peut-on être consommateur et bon citoyen ?
Conférence de Anne Jollet, maîtresse de conférences en histoire moderne à l’Université de Poitiers.
La question du luxe est vive dans les débats du XVIIIe siècle. Tous les penseurs de Voltaire à Diderot, et bien sûr Rousseau, s’en sont saisis. Associé à la prospérité, il peut signifier le raffinement, l’adoucissement des mœurs comme la dissipation nuisible, la consommation somptuaire, dilapidatrice des fortunes et menaçante pour les bonnes mœurs. Les révolutionnaires américains l’ont placé du côté des sociétés monarchiques, favorisant l’ostentation inutile et immorale de l’inégalité des conditions. Dans la France de 1789, les cahiers de doléances appellent à taxer le luxe. La condamnation du luxe comme consommation superflue est de plus en plus vive au fur et à mesure que les conflits sociaux transforment la révolution. Il devient l’expression d’un égoïsme, associé au monde ancien, et contraire aux devoirs civiques d’égalité et de fraternité que la république requiert des bons citoyens. En quoi cette critique rejoint-elle nos préoccupations actuelles ?
20 h 30 – 23 h Capitalisme, gaspillage consumériste et érosion du commun
Conférence-débat avec Geneviève Azam, économiste, membre du conseil scientifique d’ATTAC. Présentée par Gilles Caire, économiste à l’université de Poitiers.
Les biens comme l’eau, la nature ou la culture, dont nous sommes co-bénéficiaires, font l’objet de stratégies d’appropriation sans cesse renouvelées par les grandes entreprises transnationales. Au nord comme au sud, l’intérêt des peuples est de résister à cette entreprise de domination par l’économie néo-libérale et d’engager une transition vers une économie écologique et coopérative. Contre l’imaginaire de l’expansion infinie, il s’agit d’imaginer de nouvelles manières de vivre et de produire, répondant aux besoins du plus grand nombre.
Enregistrement
Jeudi 30 mars 2017
Ce que consommer veut dire
Amphi Bourdieu, Hôtel Fumé, faculté de Sciences Humaines et Arts, en partenariat avec l’Associo
10 h – 12 h Agriculture et circuits courts : un contre-modèle généralisable ?
Conférence-débat avec Laurence Rouher de l’association de formation et d’information pour le développement d’initiatives rurales (AFIPAR) et Roger Demiot, agriculteur, confédération paysanne. Animée par Benoît Leroux, maître de conférences en sociologie (GRESCO).
Les circuits courts mettent en lien un ou plusieurs producteurs avec des consommateurs, le plus souvent en privilégiant la proximité géographique. Ils visent à se rapprocher du coût réel, créer des emplois locaux, limiter l’utilisation d’intrants et de pesticides, réduire les temps de paiement pour les paysans, utiliser moins d’emballages, etc. Ce modèle en plein essor représente un enjeu économique énorme et peut être interrogé comme alternative de production et de consommation à l’agrobusiness et aux grandes surfaces.
Enregistrement
12 h – Déjeuner-buffet
14 h – 17 h – Consommation et styles de vie
Table-ronde avec Natacha Coquery, professeur en histoire moderne (LARHRA – Université Lumière – Lyon2), Anne Bory et Blandine Mortain, maîtresses de conférences en sociologie (collectif Rosa Bonheur, Clersé, Lille 1) et Jean-Baptiste Comby, maître de conférences en sociologie à l’Institut Français de Presse (Université Paris-2). Présentée par Laurent Le Moulec et Hélène Stevens, sociologues à l’Université de Poitiers.
Les pratiques de consommation ne dépendent pas seulement de nécessités ou de possibilités économiques. Elles sont largement déterminées par des styles de vie, des obligations et des aspirations sociales qui donnent lieu à des usages différenciés. Cette table-ronde propose une analyse des rapports sociaux qui se jouent dans les actes de consommation en y inscrivant le temps de l’histoire, du XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui.
Enregistrement
17 h 15 – 18 h 45 De la critique de la consommation à la critique de la marchandise
Conférence de Anselm Jappe, philosophe, auteur de Les Aventures de la marchandise, Pour une nouvelle critique de la valeur (Denoël) et de Guy Debord (Denoël).
Lorsque Guy Debord a publié en 1967 La Société du spectacle, il ne voulait pas seulement critiquer les médias et la représentation du monde qu’ils offrent, mais aussi ce monde lui-même : la société capitaliste et son stade contemporain, la société de consommation. Il est facile aujourd’hui de pointer du doigt les dérives des médias. Cependant, cette critique du « spectacle » exprimée par Debord vise toute société capitaliste, basée sur la marchandise, le travail et l’argent, les hiérarchies sociales et le règne des experts. C’est cet aspect de la théorie de Debord qui trouve sa source chez Marx qu’il s’agit de reprendre ici.
Enregistrement
Cinéma Le Dietrich
21 h La Société du Spectacle
Projection du film de Guy Debord (1973) suivie d’un débat avec Anselm Jappe, philosophe, spécialiste de la pensée de Guy Debord.
A partir de documents d’actualité et de films publicitaires, Guy Debord démonte la mécanique de la société de consommation, appliquant en cela les principes subversifs du situationnisme.
Plein tarif : 5,5 € – tous tarifs réduits : 4 € – bourses spectacles : 3 €
Vendredi 31 mars 2017
En finir avec le tout consommation
à l’espace Mendès France
10 h – 12 h La solidarité contre le consumérisme
Table-ronde avec Gilles Caire, maître de conférences à l’université de Poitiers (CRIEF) et Alain Peyrotte, militant mutualiste et syndicaliste CGT. Présentée par Bertrand Geay, politiste.
La Sécurité Sociale, les coopératives de consommateurs et les comités d’entreprise ont été créés pour contribuer à émanciper les salariés des rapports marchands. Les idéaux originels ont bien souvent été trahis même si subsistent des lieux de résistance à la marchandisation et au consumérisme. Face au pouvoir des experts et des comptables, l’implication citoyenne et la solidarité restent des idées neuves.
Enregistrement
14 h – 15 h Lectures de Debord
Lectures par des étudiants Licence de Lettres, coordonnées par Véronique Rauline, maîtresse de conférences à l’université de Nanterre.
Projet collectif élaboré par un groupe d’étudiant.e.s de Lettres dans le cadre de leur enseignement en analyse des discours. Consacré cette année aux réflexions de Guy Debord sur la « société du spectacle », ce « moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale », le cours a associé lectures guidées et recherche de formes pour restituer l’expérience de ce texte et faire résonner sa critique de la transformation de l’individu en consommateur, sinon en marchandise.
Enregistrement
15 h 30 – 18 h Quelles Alternatives ? Consommer et distribuer dans les marges du système
Table ronde avec Louise Ollier, accompagnatrice de démarches coopératives, membre de La Gibbeuse, Julie Reynard, co-gérante de la SCOP Le Plan B, et Arnaud Mège, sociologue, auteur d’une thèse sur le mouvement décroissant, Gresco. Animée par Sofian Beldjerd, sociologue.
AMAP, boutiques équitables, bars et galeries solidaires, mais aussi hackerspaces (ateliers communautaires d’appropriation de la technologie), autant de formes relativement récentes qui, dans les marges du système, visent à expérimenter d’autres manières de distribuer, de s’approvisionner et de consommer. Quelles positions les promoteurs et promotrices de telles alternatives adoptent-ils-elles à l’égard des réussites et des échecs de leurs prédécesseurs (auto-constructeurs, coopérateurs, communards auto-gestionnaires, squatters libertaires, etc.)? Comment s’accommodent-ils-elles de l’omniprésence contemporaine des standards de l’économie dominante ? A quelles conditions leurs activités solidaires, reposant prioritairement sur une circulation de richesses, sont-elles susceptibles de favoriser de nouveaux élans critiques et militants ?
Enregistrement
Plan B
21 h Soirée de clôture du festival
Spectacle de Yves Cusset « Manuel d’engagement politique à l’usage des mammifères doués de raison et autres hominidés un peu moins doués »
Un examen humoristique et désenchanté sur les catégories politiques actuelles qui, au-delà de la différence droite-gauche, dresse un véritable tableau sans concession de la société contemporaine. Yves Cusset s’aventure avec une ironie délicieuse sur le terrain glissant de la politique, en jouant avec les mots et les concepts, et en gardant intacte sa capacité joyeuse d’étonnement philosophique.
Concerts proposés par le Collecticat