Organisé par Fimer le travail
18h30 / Pratiques d’orientation et désinflation des aspirations scolaires
Conférence de Séverine Chauvel, maître de conférences à l’université de Paris-Est Créteil.
Depuis le milieu des années 1980 en France, la poursuite d’études longues pose la question de l’intériorisation d’un destin probable chez les enfants issus des milieux populaires. En outre, le renouveau théorique auquel contribuent les travaux sur les effets de contexte et sur le phénomène de ségrégation scolaire éclairent de façon renouvelée la question des dominations sociales à l’école. Ils montrent que les destins scolaires sont sensiblement variables selon l’établissement fréquenté et les parcours singulièrement liés aux configurations de l’offre locale.
Cette intervention propose de saisir la manière dont les élèves modifient leurs aspirations au fur et à mesure de leur confrontation aux dispositifs locaux d’orientation. À partir d’une enquête ethnographique menée entre 2006 et 2008 au sein de deux collèges d’une commune de l’ancienne « banlieue rouge » et auprès des familles et de leurs enfants, je souhaite montrer les effets des pratiques d’orientation en acte sur la construction des aspirations scolaires. Les pratiques d’orientation sont sources de tensions entre acteurs scolaires notamment parce que l’orientation des élèves constitue un enjeu majeur dans un contexte de concurrence entre établissements, organisée par l’institution plus que par les stratégies familiales, et qu’elle constitue un des vecteurs d’une culture de l’évaluation. Ces tensions entraînent en effet une certaine prudence de la part des élèves et de leurs parents qui mène, dans ces collèges particulièrement défavorisés, à des formes de désinflation des aspirations scolaires. Face aux injonctions – parfois contradictoires – liées à l’allongement de la scolarité, les logiques parentales relèvent de formes de mobilisation ou de résistance qui dépendent, outre du sexe de l’élève, des différents capitaux dont disposent les familles, et tracent des frontières entre différents groupes selon leur appartenance sociale et leur parcours migratoire.
20h30 / Les désorientés, deux ans au cœur d’une classe de BEP
De Philippe Troyon – Documentaire – France – 50 min – 2010 – Striana production
Vingt filles et… un garçon : tous sont élèves d’une classe BEP Sanitaire et social à Drancy, en Seine-Saint-Denis. Pour la plupart, arrivés là par hasard, à l’issue d’une orientation plus subie que choisie. Le réalisateur Philippe Troyon les a suivis durant deux ans, de la classe à la vie civile.