Le festival Filmer le travail est un événement unique en France créé en 2009 qui croise les regards dans le champ du cinéma et des sciences humaines et sociales sur le travail.
Pendant dix jours, des rencontres inédites sont proposées entre des professionnels de l’image, des artistes, des chercheurs, des acteurs du monde du travail et le public autour d’une programmation qui mêle cinéma, littérature, musique, conférences et grands débats de société.
Consultez le site du festival.
Voici les grandes lignes du programme de cette 9e édition, du 2 au 11 février 2018 :
Le rapport humains/machines sera un des temps forts thématiques de cette 9e édition avec :
– une conférence inaugurale de Dominique Méda, professeure de sociologie à l’Université de Paris Dauphine « Quel travail pour demain ? » suivie de la projection d’un documentaire en partenariat avec la BNF et d’une table-ronde « Anticiper les évolutions », en présence de Dominique Méda ; Vincent Bonnin, maître de conférences en Droit, Université de Poitiers ; France Joubert, syndicaliste CFDT et Président du Centre européen de ressources des groupements d’employeurs.
– une journée d’étude sur le thème « ce que le numérique fait au travail »
En partenariat avec l’OIT et le laboratoire GRESCO. Cette journée portera sur le développement des technologies et équipements numériques dans l’ensemble des secteurs économiques et des activités professionnelles et sur ses conséquences : les nouvelles situations de travail, l’impact sur le management et sur les conditions de travail. Projection d’archives audiovisuelles en partenariat avec l’Ina. En présence de chercheur.e.s et d’intervenant.e.s.
– une projection/débat sur la robotisation avec Alice Cares de Sander Burger (2014), un film sélectionné dans quelques festivals internationaux sur un « carebot », un robot conçu pour prendre soin des personnes âgées.
– une conférence/projection/débat « Santé au travail » en partenariat avec l’INRS sur les troubles musculo-squelettiques avec une conférence de Nicolas Hatzfeld, professeur d’histoire à l’Université d’Evry, sur l’histoire des TMS, suivie de la projection d’un film produit par l’INRS et d’une table ronde sur les TMS aujourd’hui en présence de Nicolas Hatzfeld, de Jean-Jacques Atain-Kouadio, ergonome à l’NRS, et de Mireille Chevalier, médecin du travail. Suivie d’une visite de l’exposition d’affiches de l’INRS « La santé et la sécurité au travail s’affichent ».
– une performance musicale signée Bernard Lubat en collaboration avec l’IRCAM et l’EHESS confrontant l’artiste aux technologies numériques : Jazz augmenté. Dans ce spectacle, Bernard Lubat interagit avec deux ordinateurs qui captent son jeu et génèrent des phrases créant une sorte de double informatique ou de fantôme qui dialogue avec le musicien en suivant le rythme de son improvisation. En partenariat avec le Lieu multiple et le Confort moderne.
Jazz augmenté de Bernard Lubat
En écho à cette thématique centrale, nous lancerons cette 9ème édition avec le magistral et nécessaire Taste of cement, récemment sorti dans les salles et encore inédit à Poitiers, du réalisateur syrien Ziad Kalthoum. Audace et poésie formelle font de ce film qui documente la vie de Syriens exilés à Beyrouth, travaillant dans le bâtiment et subissant l’exploitation de ceux qui les emploient, une oeuvre précieuse qui dit la force de l’art pour traduire en images et en sons un monde de machines, destinées au travail ou à la guerre. En présence de Mélanie Simon-Franza, distributrice du film ; Ziad Majed, chercheur et politologue libano-français ; Cyril Roussel, géographe et chercheur au CNRS, laboratoire Migrinter, spécialiste du Moyen-Orient.
Taste of cement de Ziad Kalthoum
Comme chaque année, Filmer le travail est un lieu de diffusion et de découverte des productions cinématographiques récentes sur le travail :
– au coeur du festival : la compétition internationale : 20 films documentaires récents, courts et longs métrages, répartis sur 11 séances thématiques. Des films venus des quatre coins du monde : d’Inde, d’Argentine, de Chine, du Nicaragua. Des films inédits dans les salles, peu ou pas diffusés en France (3 premières françaises cette année), à découvrir en présence de leurs réalisateurs.trices et d’intervenant.e.s.
Mallé en son exil de Denis Gheerbrant
– le concours de pocket films Filme ton travail !, ouvert aux non-professionnels, qui valorise les oeuvres courtes et très personnelles.
– l’appel à films documentaires lancé avec France 3 Nouvelle Aquitaine pour dynamiser la production de films récents sur le travail.
Le Japon sera à l’honneur de cette 9ème édition avec plusieurs temps forts :
– une dizaine de séances de films des années 1930 aux années 2010 pour explorer la manière dont quelques cinéastes japonais majeurs se sont intéressés à la question du travail et en ont rendu compte à travers une écriture cinématographique particulière. Cette sélection est programmée avec Federico Rossin, historien du cinéma, qui présentera chacune des séances. À côté de films de Ozu, Oshima, Mizoguchi, Naruse, nous présenterons quelques films rares et peu montrés en salles de cinéma. Cette sélection mêlera films documentaires et fictions.
Oyster Factory de Kazuhiro Soda
– une leçon de cinéma donnée par Federico Rossin sur un des plus grands documentaristes japonais, Shinsuke Ogawa, à qui le festival Cinéma du réel et le Jeu de Paume (Paris) consacreront une rétrospective en mars-avril 2018.
– une soirée à Carré bleu autour d’une comédie japonaise (Tampopo) précédée d’une dégustation de soupe japonaise. En partenariat avec la Centre d’animation des couronneries.
– une diffusion sur le site internet de Filmer le travail du journal de bord de Pauline Abascal, designeure textile en résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto de janvier à mars 2018. Nous suivrons son périple pendant toute la durée du festival à travers des textes, visuels, diaporamas, vidéos, interviews, etc. Une approche très personnelle de l’industrie textile japonaise.
Pendant toute la durée du festival, sur le site internet du festival : www.filmerletravail.org
Un hommage sera rendu au cinéaste Hervé Le Roux. Nous projetterons en version numérique restaurée son magnifique film Reprise, qui revient sur le court-métrage La Reprise du travail aux usines Wonder tourné en 1968 par deux étudiants de cinéma et dans lequel apparaît une jeune ouvrière qui refuse de retourner travailler à l’usine. Hervé Le Roux enquête et tente de retrouver cette jeune femme en rencontrant d’anciens ouvriers, militants et syndicalistes dont il recueille la parole et la mémoire. En présence d’Alain Bergala, cinéaste, critique aux Cahiers du cinéma, enseignant à La fémis et proche de Hervé Le Roux.
Reprise de Hervé Le Roux
Nous reviendrons sur l’expérience de mai 1968 à travers une rencontre / projection sur la mobilisation politique des cinéastes en 1968, à l’occasion de la parution de l’ouvrage de Catherine Roudé, chercheuse en histoire du cinéma et enseignante en cinéma à l’université de Poitiers, « Le cinéma militant à l’heure des collectifs : Slon et Iskra dans la France de l’après-1968 ». En présence d’Inger Servolin, productrice, fondatrice et administratrice de Slon et d’Iskra.
En partenariat avec le festival Bruits de langue, nous accueillerons Maylis de Kérangal, autrice de plusieurs romans et d’un recueil de nouvelles, qui viendra nous parler de son travail d’écrivaine et de la manière dont elle aborde, utilise et fictionnalise la matière documentaire puisée dans le réel pour aborder le monde du travail. La rencontre s’articulera autour de films ou d’extraits présentés au festival Filmer le travail en lien avec son oeuvre, et notamment Naissance d’un pont, Réparer les vivants, À ce stade de la nuit, Un chemin de tables.
Nous nous intéresserons aussi au métier de monteur, assez méconnu et pourtant fondamental dans la construction d’un film, et à la relation de travail qui lie un réalisateur et un monteur. Des séances de films et une table-ronde portée par ATIS (association des auteurs-réalisateurs de Nouvelle-Aquitaine) seront organisées en présence de différent.e.s intervenant.e.s. Nous accueillerons à cette occasion Yann Dedet, monteur des films de François Truffaut, Maurice Pialat, Claire Denis, Philippe Garrel pour évoquer sa relation de travail avec Joachim Lafosse et Jean-François Stévenin, en leur présence.
Tenir la distance de Katharina Wartena
La fabrique des images du travail accueillera cette année Daniela de Felice qui viendra présenter le film qu’elle réalise actuellement, Mille fois recommencer, sur le travail d’apprentis sculpteurs venus du monde entier se former à l’Académie des Beaux Arts de Carrare. Une rencontre organisée en partenariat avec la SCAM et animée par Lise Roure, responsable de l’aide à la création et des dotations Brouillon d’un rêve.
Mais aussi une programmation jeune public, avec notamment :
– un ciné-concert autour du film de Jacques Tati Jour de fête par Diallèle. Un spectacle ouvert à tous et conseillé à partir de 5 ans. La représentation sera suivie d’une rencontre avec les musiciens sur leur travail de composition et de création musicale. En partenariat avec la Centre d’animation des couronneries.
– une projection/rencontre ouverte à tous autour du film Le garçon et le monde de Alê Abreu, film d’animation brésilien d’une grande liberté visuelle. En présence de Pascal Vimenet, réalisateur, enseignant et spécialiste du cinéma d’animation. Séance Ecole et cinéma / En partenariat avec Les Petits devant, les grands derrière.
Le garçon et le monde de Alê Abreu
– le prix des lycéens et des apprentis (sur réservation).
Enfin, le Prix des détenus du Centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne, initiative créée en 2017 que nous sommes très heureux de renouveler cette année. En partenariat avec le SPIP86.