Conférence de Roger Robert, professeur d’anatomie, neurochirurgien des hôpitaux (en retraite).
Charles Darwin, au cœur de l’Angleterre victorienne, avait, contre le dogme chrétien, bouleversé le monde par sa théorie de l’Évolution. L’origine des espèces publié en 1859 n’évoquait cependant guère la condition humaine ; il a fallu attendre 1871 et « la filiation de l’homme et la sélection liée au sexe » pour comprendre la place à part que nous occupons. Si le premier ouvrage fut un best seller, hélas dévoyé à des fins racistes, eugéniques, le deuxième ne fut guère lu et pourtant tout y est et surtout la remise en question dans l’espèce humaine de la redoutable lutte intraspécifique stipulant le triomphe des plus forts. La sélection à visage humain s’intéresse aux instincts sociaux, à l’entraide, au sauvetage des plus faibles. C’est l’effet réversif de l’évolution. La civilisation fait que la sélection naturelle travaille à son propre déclin ; c’est un processus dialectique du biologique au social. Alors après ? Que nous propose le transhumanisme ? Une amélioration sélective orientée et inégalitaire ou alors une répartition plus équitable de potentiels auxquels seuls les plus favorisés ont aujourd’hui l’accès ? Toute la question est sans doute là mais, au plan moral et donc philosophique, ne faut-il pas craindre un retour vers un système qui risque d’être l’inversion du principe fondamental du schéma évolutif : la négation de toute finalité ?