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Biométrie, traçage, surveillance : sommes-nous déjà sous l’œil de Big Brother ?

mercredi 3 février 2010

accès libre et gratuit

Conférence de Michel Weinfeld, directeur de recherche au CNRS.

Cette conférence s’insère dans le cycle Les amphis du savoir organisé en partenariat avec la Faculté des sciences fondamentales et appliquées de l’université de Poitiers.

Le romancier anglais George Orwell a publié en 1949 un roman intitulé «1984». Il y décrit une société totalitaire, surveillée constamment par un personnage tyrannique mythique, Big Brother,  qui utilise des techniques d’espionnage individuelles et collectives, la délation et le chantage, la répression et la violence physique, pour asseoir et conserver son emprise sur la société.

À notre époque, les techniques disponibles, qui sont la plupart du temps issues de recherches scientifiques approfondies, et celles qui sont en développement, permettent de surveiller en détail chacune et chacun. Internet, la téléphonie mobile, les cartes de crédit, les puces radiofréquence, le GPS, permettent de localiser les individus et de connaître une bonne partie de leurs allées et venues et de leur comportement. Les dispositifs d’identification rassemblés dans ce qu’on appelle, un peu à tort, la «biométrie»: empreintes diverses, images de télésurveillance, rétine, ADN, voix, odeur, toutes les caractéristiques physiques et désormais des caractéristiques physiologiques sont utilisables (et utilisées) pour que telle ou telle personne soit reconnue, que ce soit volontaire de sa part, ou à son insu. Autrement dit, en évoquant le terme un peu grossier de «flicage», nous ne nous rendons pas toujours compte que nous évoluons au sein d’une société du renseignement, et cela de plus en plus.

Ce qui différencie notre société de celle que décrit Orwell, ce sont les lois, élaborées en principe de façon démocratique, et ce sont elles qui sont censées nous protéger contre les abus et l’inquisition. La «Police de la Pensée» est difficilement concevable chez nous, mais sommes-nous certains qu’il n’en existe pas des variétés ailleurs dans le monde? Et sommes-nous certains que dans notre pays, dans ce qu’on appelle le monde occidental, les tentations n’existent pas d’en créer ne serait-ce que des ébauches? L’actualité donne malheureusement du poids à cette interrogation légitime. Sous prétexte de sécurité, de lutte contre le terrorisme (qui sont des problèmes bien réels), est-il possible de résister à des procédures et des lois qui pourraient bien être ou devenir scélérates?

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