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Dialectiques du langage, de l’image et de la notation symbolique dans les livres « à figures  » que sont traités de perspective  : l’exemple du De Prospectiva pingendi de Piero della Francesca (ca. 1470-1480). 

jeudi 3 décembre 2009

Conférence de Jean-Pierre Le Goff, professeur de mathématiques à l’IUFM et à l’IREM de Basse-Normandie (UCBN).
Le traité de perspective du peintre Piero della Francesca, De Prospectiva pingendi, n’est pas seulement le premier traité de perspective linéaire d’exposé démonstratif et géométrique, c’est aussi le premier traité de perspective générale puisqu’il inclut tous les modes de projection, fondateurs dans le champ théorique d’une géométrie des transformations, bien que l’on considère souvent la scientia perspectiva comme une mathématique de nature « pratique » et qu’elle se donne ici à lire dans une langue vernaculaire. C’est encore le premier traité de géométrie dans lequel le lettrage des figures fait l’objet d’innovations majeures : il suit un ordre raisonné autre que la chronologie du discours qu’elles illustrent et l’auteur y fait usage de « tictoli », sortes d’apostrophes d’un usage inédit, permettant la mise en relation d’objets interdépendants d’une même construction ; c’est en effet l’une des premières œuvres mathématiques à produire des figures composées d’un nombre de points beaucoup plus important que le nombre des lettres dont dispose le littérateur occidental dans ses alphabets, ce qui le conduit à user du nombre pour lettrer ses figures. On tentera de montrer ainsi que l’une des tâches de l’historien de la mathématique est de s’interroger sur le rôle et la place épistémologiques de la figure et de son appareil littéral symbolique et sur les rapports dialectiques que les figures entretiennent avec le texte dans la littérature qui constitue son objet d’étude principal.

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