Festival Raisons d’agir 2009 organisé par l’association Raisons d’Agir Poitiers, L’Associo, La Famille digitale et les Yeux d’Izo, en partenariat avec l’association Pour Politis, le cinéma Le Dietrich, l’espace Mendès France, avec le soutien financier de l’université de Poitiers, de la ville de Poitiers et de la région Poitou-Charentes.
Après trois éditions consacrées aux rapport des classes populaires au politique en 2006, au travail en 2007 et à mai 1968 en 2008, le festival abordera cette année la question des espérances politiques et des expériences « utopiques », question moins travaillée en sciences sociales, et en ce sens plus novatrice, mais aussi pleinement d’actualité (si l’on prend par exemple comme indicateur ce qui se joue dans les formes actuelles de politisation de la jeunesse) et dont on peut penser qu’elle bénéficiera pleinement du croisement entre le regard des écrivains, celui des sociologues ou historiens et celui des documentaristes.
D’un point de vue tout à la fois scientifique et citoyen, nous souhaitons en premier lieu comprendre ce qui se joue, non dans une présumée invention ex nihilo d’une réalité autre, mais dans le cours même de l’histoire sociale et des biographies individuelles et collectives. Il s’agira en particulier de donner à voir et de mettre en débat la façon dont les expériences collectives modifient les façons de se représenter la société et son devenir, dans ces moments où l’intensification de la conflictualité sociale et la densification des relations de solidarité internes aux groupes sociaux entrainent une recomposition des affects et des visions du monde, dans ces périodes historiques où l’on est davantage porté à percevoir son propre avenir comme porteur d’une espérance nouvelle.
Nous souhaitons également nous intéresser aux moments de la vie et des parcours individuels où l’on est plus ou moins porté à imaginer d’autres modes d’organisation de la vie sociale, à considérer les transformations sociales sur un mode enchanté ou désenchanté.
Nous souhaitons enfin prendre en compte les rapports entre espaces et entre groupes sociaux. Car c’est bien souvent de relations nouvelles entre la production intellectuelle et l’expérience des groupes socialement dominés ou de la rencontre des avant-gardes artistiques, scientifiques et politiques, que naissent ou se réinventent des conceptions nouvelles des rapports sociaux.
La production utopique ou l’expérience communautaire d’utopies réalisées peuvent elles-mêmes être replacées dans une telle perspective, car tout porte à penser qu’elles procèdent historiquement des ruptures historiques et biographiques où se sont cristallisées les aspirations à un monde meilleur et qu’elles demeurent par la suite comme autant d’éléments de la mémoire individuelle et collective, susceptibles d’être réactivées et réappropriées en fonction des conjonctures sociales et des circonstances politiques.
Programme du festival Raisons d’agir 2009
« J’ai rêvé d’un autre monde » luttes, espérances, utopies
Projections, lectures, débats du 9 au 11 avril 2009, à Poitiers avec Annie Ernaux, écrivain, Gérard Mauger, sociologue et de nombreux chercheurs en sciences sociales et des documentaristes.
En croisant le regard des écrivains, des sociologues, des historiens et des documentaristes, nous souhaitons donner à voir et à comprendre les espérances politiques, de leur émergence à leur mise en pratiques, des obstacles qu’elles rencontrent à ce qu’elles livrent à la mémoire collective. L’ensemble du festival est résolument ouvert au grand public à l’échelle locale. Nous invitons également à participer à l’ensemble du festival les chercheurs, les réalisateurs ou un public d’amateurs extérieurs à la ville ou à la région.
Entrée libre et gratuite sauf la séance du vendredi 10 à 21h au cinéma Le Dietrich.
Jeudi 9 avril
de 18h à 23h à l’Espace Mendès-France
Des années 1960 à aujourd’hui: espoirs, désillusions, aspirations individuelles et collectives
18h – 19h30 Projections
- L’Idée de Berthold Bartosch – 25min – 1932 – 16mm sur DVD – Musique de Arthur Honegger.
L’idée est un film de découpages animés, d’un genre assez curieux qui, sans avoir la souplesse des dessins animés, rendait un son dur, approprié à son thème social. L’Idée, merveilleuse femme nue, sortait du cerveau d’un homme et s’en allait de par le monde, suivie bientôt par les opprimés à qui elle démontrait, par sa seule beauté, la laideur de la vie que quelques «maîtres» leur avait forgée. » – Ado Kyrou. Visible en ligne - La 6e face du Pentagone de Chris Marker et François Reichenbach – 28min – 1967 – 16mm sur DVD.
Tournant dans la radicalisation de la lutte aux États-Unis, la Marche sur le Pentagone du 21 octobre 1967 est filmée depuis la préparation dans les locaux de Greenwich Village jusqu’aux affrontements, et la nuit dans les cellules des commissariats de Washington. Tout, ici, garantit un point de vue, depuis la manière dont sont filmés les militaires (gros plans sur les bottes, les regards vides, les mains crispées sur les fusils) jusqu’au commentaire où l’humour n’est pas exclu. « J’ai changé » dit à la fin du film un manifestant qui, comme l’indique le commentaire « est passé de l’attitude politique au geste politique ». Bernard Cohn - 69%, court-métrage issu de la série 100jours, d’Isabelle Taveneau et Odile Magniez – 6min – 2007. Tourné pendant la manifestation du 8 mars (Journée Internationale des Femmes) à Poitiers, visible en ligne.
Buffet
21h – 23h Soirée conviviale d’échanges et de réflexions
Enregistrement du dialogue
Lecture de Annie Ernaux, écrivain, extraits de son dernier ouvrage : Les Années, 2008, Collection blanche, Gallimard.
Dialogue avec Gérard Mauger, sociologue, directeur de recherche au CNRS
Tout au long de son œuvre, Annie Ernaux n’a cessé de revenir sur son enfance dans un café-épicerie de Normandie, sur l’expérience de l’ascension sociale et sur les moments les plus importants de sa vie personnelle : adolescence, mariage, avortement, maladie ou mort des proches. Dans Les Années, elle reprend le fil de cette entreprise proustienne, en saisissant le temps qui passe, par une sorte d’autobiographie sociale et politique, des années d’après-guerre à aujourd’hui. Avec elle, c’est une génération qui se raconte à l’imparfait, dans un style à la fois dépouillé et poétique. Ses ouvrages, et celui-ci tout particulièrement, n’ont cessé d’être en correspondance avec la sociologie, lorsque celle-ci s’efforce de restituer les rapports entre le singulier et le collectif, l’expérience de la domination et les conditions de possibilité de la résistance à la domination.
Vendredi 10 avril
de 9h30 à 18h à l’Espace Mendès-France
Journée d’étude Les espérances politiques
En s’intéressant successivement aux conditions historiques et aux conditions sociales de la production des espérances politiques, on s’interrogera sur la façon dont les expériences collectives modifient les façons de se représenter la société, dans ces moments où la conflictualité sociale et la solidarité au sein des groupes sociaux entrainent une recomposition des affects et des visions du monde, lorsque l’on est davantage porté à percevoir son propre avenir et celui de la société tout entière comme porteurs d’espoir. Une attention particulière sera accordée aux moments de la vie et des parcours individuels où l’on est plus ou moins porté à imaginer d’autres modes d’organisation de la vie sociale. Seront également pris en compte les rapports entre groupes sociaux. Car c’est bien souvent de relations nouvelles entre la production intellectuelle et l’expérience des groupes socialement dominés ou de la rencontre des avant-gardes artistiques, scientifiques et politiques, que naissent ou se réinventent des conceptions nouvelles des rapports sociaux.
9h30 – 11h Espérances et utopies au XIXe siècle
- D’un espoir à l’autre. De l’espoir de l’égalité des droits à celui de l’égalité des jouissances 1789-1793 par Anne Jollet, maître de conférences en histoire moderne à l’université de Poitiers.
- Expérimentations et changement social chez les premiers socialistes par Nathalie Brémand, docteure en histoire, directrice de rédaction de la Bibliothèque virtuelle sur les premiers socialismes de l’université de Poitiers.
- Animation : David Hamelin
Enregistrement
11h30 – 13h Périodes de rupture et production des espérances politiques au XXe siècle
CETTE SESSION A ÉTÉ ANNULÉE EN RAISON DE L’ABSENCE DES CONFÉRENCIERS
- Entre rêve et programme : l’avenir sous la plume des syndicalistes au tournant des 19e et 20e siècles par Michel Pigenet, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 et membre du Centre d’histoire sociale du XXe siècle.
- Mémoires contrastées des espérances du Front populaire par Jacques Girault, professeur émérite d’histoire à l’université de Paris 13.
- Animation : Romuald Bodin
14h30 – 16h La jeunesse, ses révoltes, ses aspirations politiques
- Les conditions d’accès à la parole politique chez les jeunes des classes populaires par Gérard Mauger, directeur de recherche au CNRS.
- Politisation étudiante et espérances démocratiques par Bertrand Geay, professeur à l’université de Picardie, Romuald Bodin et Jérôme Camus, docteurs en sociologie, Nicolas Lefol, doctorant.
- Animation : Hélène Stevens.
Enregistrement
16h30-18h La contre-culture comme production utopique : le cas des jeunes libertaires
- Socialisation et pratiques politiques au sein du mouvement libertaire par Simon Luck, ATER en science politique à l’université de Tours.
- La contre-culture punk par Pierig Humeau, ATER en sociologie à l’Université de Poitiers.
- Animation : Laurent Willemez
Enregistrement
Vendredi 10 avril
à 21h Projection-débat au Dietrich
Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 de Alain Tanner film France, Suisse – 1976 – 110′ avec Jean-Luc Bideau, Myriam Mézières, Rufus, Myriam Boyer, Miou-Miou.
A Genève, les destins de huit personnes : intellectuels, maraîchère, écologiste, caissière, enseignant, etc… Une suite de hasards et de circonstances met en présence les huit personnages. La naissance de Jonas, le fils de Mathieu et Mathilde, cristallise l’amitié du petit groupe. Lui, peut-être, ne connaîtra pas ce monde où tout se dégrade et se disloque. Pour l’heure, chacun, avec ses propres moyens, s’emploie à lui préparer autre chose.
Projection suivi d’un débat animé par Benoît Perraud, Samuel Bouron, Pascal Boissel et Sophie Orange
Tarif unique : 4€.
Samedi 11 avril
de 15h à 17h30 : Projections-débats à l’Espace Mendès-France
Autour des luttes, aspirations politiques et utopies d’aujourd’hui
- La Bio-Utopie de Nathalie Maufras et David Sorin – 40min – 2009
Ce film documentaire explore les voies contrastées qu’emprunte l’agriculture biologique vers une démarche d’autonomie jusqu’à la rupture radicale avec le modèle dominant, dans une quête permanente de l’utopie originelle qu’elle porte encore en elle. - Nécessaire(s) Territoire(s) de Benoit Perraud – 21min – 2006
À travers des rencontres à Limoges et à La Rochelle, des images et des sons glanés ici ou là, une recherche de ce qu’est et ce que peut être le squat, les alternatives, et par là même, l’utopie. - 100jours : 27% de Benoit Perraud, 65% d’Adèle Mees-Baumann et 100% de Zoé Liénard – 3x6min – 2007.
Trois courts métrages de la série documentaire 100jours, films réalisés et diffusés les 100 jours précédents les élections présidentielles. Chacun de ces films traite à sa manière le politique et sa représentation. - Animation : Arnaud Mège, Benoît Perraud, Bernard Guilloteau, David Sorin, Nathalie Maufras et Isabelle Taveneau.
Informations pratiques
- Contacts :
- Bertrand Geay, bertrand.geay (AT) u-picardie.fr
- Thierry Pasquier, thierry.pasquier (AT) emf.ccsti.eu – 05 49 50 33 00
- Accès : entrée libre et gratuite à toutes les manifestations sauf la séance du vendredi 10 à 21h (Jonas)au cinéma Le Dietrich au tarif unique de 4€.
- Espace Mendès France
renseignements : 05 49 50 33 08
1 place de la Cathédrale, 86000 Poitiers (accès) - Cinéma Le Dietrich
renseignements : 05 49 58 21 63
Boulevard Chasseigne, 86000 Poitiers (accès)