Conférence de Brigitte Zanda, astrophysicienne et cosmochimiste, maîtresse de conférences au Muséum national d’histoire naturel, Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie de Paris.
Les savants des Lumières doutent que des pierres puissent tomber du ciel. Ce n’est qu’à l’aube du XIXe siècle que l’origine des météorites commence à être comprise et que débute leur étude scientifique. Celle-ci commence avec la découverte de fer sous forme métallique dans plusieurs pierres réputées tombées du ciel, ce qui démontre la parenté de ces roches et les démarque de toutes les roches connues à la surface de la Terre. En effet, dans ces dernières, le fer est toujours associé à de l’oxygène et cela ne fait que trois à quatre mille ans que les hommes ont mis au point les procédés permettant de fabriquer du fer métallique à partir des minerais. Le métal qui était présent dans les roches qui se sont accumulées pour former la Terre, comme il l’est aujourd’hui dans les météorites, a « coulé » au centre de la planète pour y former son noyau lorsque celle ci a fondu et s’est séparée en couches de densité différente. Les autres planètes et une partie des petits corps du Système solaire ont eu la même évolution interne. On dit de ces corps planétaires qu’ils sont « différenciés ». Les météorites qui proviennent de corps différenciés fragmentés ont des compositions très variées : fer et nickel pour celles qui proviennent de leurs noyaux, roches ressemblant aux roches volcaniques terrestres pour celles qui proviennent de leurs croûtes superficielles. De telles météorites nous renseignent sur la géologie et l’évolution interne des corps planétaires différenciés. À l’opposé, les météorites « primitives » proviennent de petits corps n’ayant pas fondu et ne s’étant pas différenciés. Celles qui ont le moins évolué sur leur astéroïde parent préservent la mémoire des tous premiers instants de la genèse du Système solaire. Fragments de corps planétaires variés (astéroïdes primitifs ou différenciés, mais aussi Lune et Mars), les météorites sont donc à la fois des sondes de l’espace et des machines à remonter le temps.
Dans le cadre des Amphis du savoir, en partenariat avec l’UFR de Sciences fondamentales et appliquées de l’université de Poitiers.
Voir la conférence :
Bibliographie
. Météorites 1/ Des météorites différenciées aux planètes Les Cahiers du Règne Minéral, n°1 – Éditions du Piat
. Les Météorites 2/ Des météorites primitives au Système solaire Les Cahiers du Règne Minéral, n°3 – Éditions du Piat
. Les météorites 3/ Météorites d’Hier, Science de Demain Les Cahiers du Règne Minéral, n°4 – Éditions du Piat
Pour les 3 ouvrages : https://www.minerauxetfossiles.com/categorie-produit/les-livres/les-cahiers-de-lrm/
. Impacts ! sous la direction de Sylvain Bouley, Éditions Belin
. Les météorites, de Matthieu Gounelle, Que-sais-je ? (PUF)
. Météorites : à la recherche de nos origines, de Matthieu Gounelle, Champs Science (Flammarion)
. Les météorites et leurs secrets, d’Emmanuel Jacquet, Éditions Ellipses
. Terre de Météorites, de Patrick De Wever et Emmanuel Jacquet, EDP Sciences
. The History of Meteoritics and Key Meteorite Collections : Fireballs, Falls and Finds, sous la direction de G.J.H. McCall, A.J. Bowden et R. I. Howarth, Geological Society Special Publication
. Cosmic Debris : Meteorites in History, de John J. Burke, University of California Press
. Meteorites and their Parent Planets, de Harry Y McSween, Cambridge University Press (un peu ancien, 2008, mais de bonnes bases)