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Moines, sciences et techniques au Moyen Âge

jeudi 10 janvier 2019

Tous publics. Accès libre.

Journée d’études sous la direction de Cécile Treffort, professeure en histoire médiévale, CESCM-CNRS, université de Poitiers ; Pascale Brudy et Manon Durier, ingérieures de recherche en histoire médiévale, CESCM-CNRS, université de Poitiers.

Par la copie de manuscrits et la constitution de vastes bibliothèques, les moines du Moyen Âge ont, en plus de leur activité spirituelle et religieuse, contribué à préserver une partie de la connaissance antique, de la grammaire à la musique en passant par l’astronomie ou les mathématiques. Plus encore, avant l’éclosion des universités, s’est perpétuée dans les écoles monastiques une tradition d’enseignement et de réflexion d’où sont nés certains savoirs nouveaux tandis que dans le cadre de leur activité temporelle, les communautés religieuses ont permis, soutenu, stimulé le développement de techniques très élaborées dans le domaine de la construction, de l’hydraulique, de la métallurgie, de la production viticole ou salicole par exemple. Cette journée d’études explore, à partir de dossiers thématiques et d’exemples régionaux, quelques facettes de ce monde encore méconnu de savoirs et de savoir-faire dont nous sommes en partie héritiers.

Dans le cadre du programme Aquitania Monastica, soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine.

Programme

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9h30. Mot d’accueil par Didier Moreau, directeur de l’Espace Mendès France et Martin Aurell, professeur d’histoire médiévale et directeur du Centre d’études supérieures en civilisation médiévale (CESCM), université de Poitiers.
Introduction par Cécile Treffort, professeure en histoire médiévale au CESCM.

10h. Alain Dierkens, professeur d’histoire à l’Université libre de Bruxelles.
Monastères, art et artisanat : quelques exemples du Haut Moyen Âge en guise d’introduction
On connaît relativement bien l’organisation des scriptoria monastiques du haut Moyen Âge et on sait que la réalisation d’un codex manuscrit fait appel à des techniques et à des compétences très différentes, parfois complexes, relevant de domaines que nous qualifierions aujourd’hui, selon les cas, de semi-industriels, d’artisanaux ou d’artistiques. On se concentrera ici sur la production, en contexte monastique, de textiles : tissage, tapisserie, broderie. On évoquera aussi les arts du métal et l’orfèvrerie et on s’interrogera sur l’éventuelle polyvalence des auteurs de ces oeuvres, qu’il s’agisse de moines, de moniales ou de spécialistes extérieurs. Ces réflexions d’ordre méthodologique seront appuyées par quelques études de cas, en particulier par la Vita carolingienne d’Harlinde et Relinde, deux soeurs qui, dans le second quart du VIIIe siècle, furent successivement abbesses de la petite abbaye mosane d’Aldeneik et à l’activité desquelles étaient attribués des manuscrits enluminés et des textiles brodés.

11h. Cécile Treffort, professeure d’histoire médiévale, CESCM, université de Poitiers.
La transmission livresque des savoirs : le témoignage des bibliothèques monastiques
« Un cloître sans bibliothèque est comme une forteresse sans arsenal » : si cet adage médiéval se réfère en premier lieu aux armes de la foi, donc aux livres sacrés et aux œuvres religieuses, les abbayes médiévales ont représenté, jusqu’au XIIe siècle, les principaux lieux de culture savante. Parmi, et au-delà de la série canonique des sept arts libéraux, la distinction contemporaine entre disciplines « littéraires » et « scientifiques » est brouillée par la perspective encyclopédique de la science médiévale et par la nouvelle coloration, spirituelle ou pragmatique, donnée à l’héritage antique. Après un tour d’horizon général des oeuvres présentes dans les bibliothèques monastiques, l’intervention étudiera comment, à partir des savoirs astronomiques et géographiques de l’Antiquité, s’articulent un ensemble d’œuvres médiévales qui, de l’agronomie à la cosmographie en passant par le comput ecclésiastique, ont permis aux religieux d’appréhender le temps et l’espace du monde créé, et de s’y inscrire pleinement.

12h. Repas

13h30. Geneviève Xhayet, historienne des sciences et techniques, directrice-adjointe du Centre d’histoire des sciences et des techniques, université de Liège.

Connaissances et pratique de la médecine en milieu monastique
Présente dans les préceptes de la règle bénédictine (via les bonnes œuvres ou les recommandations relatives aux fratres infirmi), une activité médicale se développe dans les monastères occidentaux dès le Haut Moyen Âge. Avec un substrat intellectuel pour partie hérité de l’Antiquité, et pour partie construit, cette activité apparaît tout à la fois médicale, pharmaceutique et chirurgicale. Son importance dans l’historiographie de la discipline est considérable. La médecine monastique est reconnue comme la première phase de l’histoire de la médecine médiévale, avec pour bornes chronologiques les ca VIIe et XIIe siècles. Ce dernier terme correspond au moment où l’École de Salerne évince la médecine monastique tandis que les autorités ecclésiastiques restreignent ses conditions d’exercice par les religieux réguliers. De tels coups de boutoir n’empêchent toutefois pas la poursuite jusqu’au XVIIIe siècle d’une activité médicale dans les abbayes, avec une réorientation, principalement vers la pharmacie. Cette histoire sera au cœur de notre exposé. L’accent sera mis sur la pratique et les savoirs médicaux dans les monastères carolingiens, dont celui de Saint-Gall qui jouit, comme on le sait, d’une documentation particulièrement riche.

14h30. Jean-Luc Sarrazin, professeur émérite en histoire médiévale, université de Nantes.

L’hydraulique monastique en Marais poitevin (XIe- XIIIe siècle)
Appréhendée dans sa globalité, l’hydraulique monastique concerne d’abord l’enceinte claustrale de chaque monastère. Les aménagements et les dispositifs auxquels ont donné lieu l’adduction, la distribution et l’évacuation de l’eau sont étudiés, pour l’essentiel, par la recherche archéologique. La conférence envisagera la maîtrise de l’eau mais à l’extérieur des monastères, sur les rivières et les terres composant le temporel des établissements dans le cadre du Marais poitevin entre le XIe et le XIIIe siècle. Jusque vers la fin du XIIe siècle, l’hydraulique monastique se limite, dans le bassin de la Sèvre niortaise, à l’exploitation des eaux courantes. Au tournant du XIIe et du XIIIe siècle, se produit une profonde mutation : les abbayes cisterciennes se lancent dans de grandes opérations de drainage. Les autres établissements monastiques s’inscrivent dans cette dynamique. Des équipements de régulation hydraulique sont installés aux endroits stratégiques. Ainsi naît le premier Marais poitevin.

15h30. Pause
16h. Olivier Bruand, enseignant-chercheur en histoire médiévale, université Clermont Auvergne.

Les moines et les salines du littoral poitevin aux Xe et XIe siècles
À partir du Xe siècle, les salines se développent sur les côtes charentaises et un gros travail d’aménagement des marais salants se met progressivement en place. Les nouvelles salines attirent rapidement l’attention des établissements monastiques qui veulent en faire des éléments marquants de leur temporel. Des monastères régionaux comme Saint-Maixent ou Saint-Jean d’Angély ne tardent pas à investir dans l’or blanc et par leurs relations de confraternité, ils encouragent également des établissements plus lointains à s’y intéresser, comme les frères de la communauté d’Ebreuil. Il ne faut pourtant pas faire des moines des entrepreneurs systématiques car bien souvent, ils ne créent pas les salines mais les rachètent ou les rattachent à leur seigneurie foncière dans l’optique d’en toucher le profit plus que de se lancer dans une nouvelle activité dont ils sont loin d’être les acteurs dominants.

17h. Conclusions de la journée par Cécile Treffort.

Enregistrement

Enregistrement

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