15e édition du Festival Raisons d’agir – Agir contre les inégalités

jusqu'au vendredi 3 avril 2020

Tous publics.

En accès libre jusqu’au vendredi 3 avril 2020

Nous nous réjouissions de vous retrouver prochainement à Poitiers pour le festival Raisons d’agir, avec plein d’invités passionnants, des croisements de publics et de générations, des sessions aux formats diversifiés.

En raison de l’épidémie de coronavirus, il nous est malheureusement impossible de tenir ce festival aux dates prévues. Nous vous  informerons dès que l’on aura un peu de visibilité  sur les prochains mois, pour une possible reprogrammation.

Pour le collectif de préparation du festival,
Bertrand Geay

Les mobilisations des « gilets jaunes » et celles pour la défense des retraites, les actions collectives pour les droits des femmes, pour l’accueil des migrants ou contre le changement climatique l’ont une nouvelle fois montré au cours des derniers mois : la question des inégalités reste d’une brûlante actualité, tout particulièrement au sein de la société française.

Les inégalités économiques s’accroissent, y compris chez les jeunes, et la réussite de l’indispensable transition énergétique est désormais largement conditionnée par la capacité des politiques publiques à combiner politiques sociales et politiques environnementales. La perpétuation des inégalités de réussite scolaire et la distance qui s’est creusée entre toute une partie de la population et les représentations politiques traditionnelles sont également au cœur des rapports sociaux d’aujourd’hui. Si les inégalités de genre se sont à certains égards réduites, la mise au jour des agressions sexuelles dont sont victimes les femmes et la persistance de « plafonds de verre », aussi bien dans les carrières professionnelles que dans l’accès aux fonctions politiques, ont donné aux revendications féministes une vigueur nouvelle.

La relégation des quartiers populaires et les discriminations à base ethnoculturelle contribuent au développement des sentiments d’injustice et au possible repli d’une partie des populations concernées. La diffusion des théories xénophobes, alors même que les conditions d’accueil des populations migrantes se sont plutôt dégradées, a notamment pour effet d’invisibiliser ce type d’enjeux, alors que l’urgence serait à leur meilleure prise en compte, y compris pour lutter contre le racisme et la xénophobie.

Le festival est ouvert à tous et à toutes. Entrée gratuite
Pour plus d’informations : contact@festivalraisonsagir.org

Le festival Raisons d’agir est organisé par l’association Raisons d’agir Poitiers, en partenariat avec l’Espace Mendès France, les départements de sociologie des universités de Poitiers et de Limoges, le groupe de recherches sociologiques sur les sociétés contemporaines (GRESCO) de l’université de Poitiers et de l’université de Limoges. et l’association de professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) de Poitiers, avec le soutien financier de l’UFR sciences humaines et arts de l’université de Poitiers et de la Ville de Poitiers.

Programme

Mercredi 1er avril

Lieu : Auditorium du musée Sainte-Croix, Poitiers

20 h 30 Fin du monde et fin du mois, comment agir ?
Avec Benoît Coquard, sociologue et chercheur à l’INRAE, et François Ruffin, journaliste et député de la Somme. Soirée animée par Gwendal Roblin, doctorant (GRESCO, universités de Poitiers).

Spécialiste des classes populaires et des mondes ruraux, Benoît Coquard fait partie de ces sociologues qui aiment le travail discret, méticuleux, attentif aux manières de penser et aux manières de vivre de ses « enquêtés ». Dans son livre Ceux qui restent, il montre comment on vit dans les campagnes en déclin, après le départ de ceux qui ont pris la route de l’exode urbain, après la fermeture de l’usine et la disparition du bistrot. Il donne à comprendre ce qui se joue dans la colère contre les élites et les ressorts d’un mouvement comme celui des Gilets jaunes.

Fondateur et rédacteur en chef de Fakir, le « journal fâché avec tout le monde ou presque », reporter, documentariste et député de la Somme, François Ruffin est peut-être d’abord un porteur de paroles populaires, de la lutte des Whirpool à la défense des petits clubs de foot, de sa proposition de loi sur les maladies professionnelles au film sur les Gilets jaunes coréalisé avec Gilles Perret, J’veux du soleil. Mais il est aussi un passeur entre le monde intellectuel et le monde militant. Dans son dernier livre, Il est où, le bonheur, il s’attaque à l’illusion d’un consensus social autour de la crise écologique. Ceux qui contribuent le plus à la catastrophe en cours, ce sont d’abord les puissants, les actionnaires, ceux qui préparent déjà leur exil vers les zones tempérées de demain. Loin de s’y substituer, la crise écologique aiguise la lutte des classes, la renforce.

Jeudi 2 avril,

Lieu : Faculté de droit de l’université de Poitiers, 43 place Charles de Gaulle, amphi Hardouin, Poitiers

14 h — 16h Dans le quartier et dans la classe
Avec Choukri Ben Ayed, professeur à l’université de Limoges (GRESCO) et Najat Bentiri, docteure (association PACTE34). Session animée par Noé Fouilland, doctorant (CITERES, CNRS – université de Tours).

Pour agir contre les inégalités face à l’éducation, il faut comprendre les parcours, les cultures et les rapports aux savoirs des jeunes. Et aussi savoir mobiliser, dans et hors la classe, par l’action pédagogique et l’action citoyenne. En passant par le quartier du Petit Bard, à Montpellier, par la région parisienne ou par Marseille, on croise dans cette session la sociologie et la psychologie, l’enquête sociologique et l’expérimentation sociale.

16 h — 18 h Femmes et filles des classes populaires
Avec Isabelle Clair, chercheuse à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS, CNRS, EHESS, université Paris 13, INSERM), Sophie Orange, maître de conférences à l’université de Nantes (CENS) et Fanny Renard, maître de conférences à l’université de Poitiers (GRESCO). Session animée par Guillaume Teillet, doctorant (GRESCO, université de Poitiers).

Les rapports de classe et de genre se cumulent ou plutôt s’articulent. Et ils s’inscrivent dans la matérialité des manières de travailler, des habitats et des parcours biographiques. Quand on enquête au plus près des femmes concernées, ces réalités apparaissent avec toutes leurs nuances. On découvre une réalité faite de domination, de résistance et d’invention, que ce soit dans les manières d’aborder le travail, la famille ou la sexualité.

Lieu : Le Local, 16 rue Saint-Pierre Le Puellier, Poitiers

20 h 15 — 22 h 45 Jeu coopératif sur les inégalités Nord-Sud
Soirée animée par des jeunes des Éclaireuses Éclaireurs de France (EEDF).

La planète n’a jamais produit autant de richesses mais le monde reste profondément inégal. Certains pays ont « émergé » mais partout l’écart entre les plus riches et les plus pauvres se creuse de plus en plus. La course à la production et à la consommation traverse les continents mais sans améliorer le sort de ceux qui en auraient le plus besoin. Comment en sortir ? A l’aide d’un jeu coopératif, les participants approcheront collectivement les enjeux de la solidarité internationale.

Vendredi 3 avril

Lieu : Espace Mendès France, salle Confluence

10 h — 12 h La ville et le pouvoir des habitants
Avec Marie Bouchand, animatrice au Centre socioculturel des Trois Cités (Poitiers) et des étudiants du master Problèmes Sociaux et Enquête Sociologique de l’université de Limoges, du master Méthodes d’analyse du social de l’université de Poitiers et du DUT carrières sociales de l’université de Tours. Session animée par Tom Beurois, doctorant (CITERES, CNRS – université de Tours).

Pour les habitants des quartiers populaires des grandes agglomérations, c’est souvent la double peine : aux conditions de vie précaires s’ajoutent le regard stigmatisant porté sur leur mode vie et, parfois, des modes d’intervention institutionnelle qui les dépossèdent de leur pouvoir d’agir. Travailler avec les populations, à partir de leurs formes de vie concrètes, des besoins qu’elles expriment et des savoirs dont elles disposent, c’est l’un des moyens pour résister à ces mécanismes de domination et commencer à les subvertir.

13 h 30 — 15 h Désirs d’émancipation
Avec Aymeric Le Corre, formateur IDE et étudiant en M2, et un groupe d’élèves du lycée André Theuriet de Civray. Session animée par Anissa Toubi, doctorante (GRESCO, université de Poitiers).

Que deviennent les élèves lorsqu’ils ont quitté le lycée ? Comment se dessinent des trajectoires de mobilité sociale, contre les mécanismes de la reproduction sociale et de la reproduction de genre, toujours aussi puissants ? Comment se construisent les désirs d’émancipation et les vocations professionnelles ? Et comment des femmes de milieux populaires, ici les aides-soignantes, parviennent à vaincre l’improbable en réussissant à gravir l’échelle sociale ? Un échange autour de matériaux d’enquête et d’une vidéo.

15 h — 16 h La photo et le dessin contre l’injustice
Avec Brice Le Gall, doctorant (CESSP, université Paris 1, CNRS, EHESS), l’association LOGOS de Limoges et des étudiants de 2e année du DUT Carrières sociales de l’université de Tours. Session animée par Hélène Stevens, maîtresse de conférences à l’université de Poitiers (GRESCO).

La photographie, la BD ou la caricature sont aussi des manières de décrypter et d’intervenir. Qu’il s’agisse de montrer le dénuement des uns ou la violence des autres. Que l’on capte les moments ordinaires de la vie quotidienne ou les séquences de révolte, la fraternité militante, les attitudes face à la répression policière. Au cours de cette session, il s’agira d’abord de découvrir des images puis de revenir sur la manière dont elles ont été produites.

16 h — 17 h Divisions des classes populaires et renouveau des luttes sociales
Avec Pierre Odin, post-doctorant (CNRS). Session animée par Etienne Douat, maître de conférences à l’université de Poitiers (GRESCO).

D’un côté, des ouvriers précaires, des mères seules et des petits artisans, qui se reconnaissent dans les gilets jaunes. De l’autre, des ouvriers et des techniciens qui défendent les droits issus de plus d’un siècle de luttes syndicales. Mais la division est-elle si nette ? Et qu’en est-il des rapports entre classes populaires et classes moyennes ? Quelle place ont pris les jeunes dans les mobilisations qui se sont développées jusqu’à ces dernières semaines ?

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