Aventures et mésaventures des savants français au Pérou au XVIIIe siècle

mercredi 26 janvier 2011

accès libre et gratuit

Conférence de Arkan Simaan, historien des sciences et agrégé de physique à la retraite.

En 1735, Louis Godin, Charles Marie de La Condamine et Pierre Bouguer, accompagnés d’autres savants et techniciens, partirent vers Quito, alors colonie espagnole de la Vice-royauté du Pérou : ils devaient y mesurer le méridien pour décider si la Terre était aplatie aux pôles ou allongée selon son axe. Cette question dite de la « Figure de la Terre », d’apparence si technique, divisait alors profondément le monde scientifique des deux côtés de la Manche. Les cartésiens de l’Académie royale des sciences accusaient violemment les newtoniens de la Royal Society de réintroduire en science les « explications magiques » que les cartésiens avaient eu tant de mal à extirper. En effet, les newtoniens justifiaient l’aplatissement de la Terre aux pôles par la force d’attraction universelle qui agissait « mystérieusement » à distance dans le vide.

En 1740, les savants au Pérou, après cinq années d’épreuves et d’isolement, apprirent, en plein labeur, que leur étude était désormais sans objet : une autre expédition, dirigée par Pierre Louis Moreau de Maupertuis, partie en 1738 en Laponie, venait en effet de rentrer à Paris et de clore le débat au profit des newtoniens. Déprimés, ils décidèrent malgré tout de rester au Pérou pour finir leur travail maintenant inutile.

Cette expédition connut un lourd bilan humain : prévue pour quatre ans, elle en dura en réalité une dizaine pour la plupart des savants ; une partie y perdit la vie, ceux qui rentrèrent gardèrent des séquelles physiques graves.

Cycle 2011 « Les Amphis du savoir »

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