Castoriadis, un Titan de la pensée

mardi 2 février 2016

Conférence de François Dosse, professeur des universités, université Paris XII-Créteil et Institut d’études politiques de Paris.

Enregistrement

Cornelius Castoriadis (1922-1997) a été l’une des plus grandes figures intellectuelles et politiques du XXème siècle. Jeune résistant grec révolutionnaire menacé de mort par les staliniens, il arrive en France à l’âge de 23 ans, alors que l’engouement pour l’URSS est à son zénith. Il contribue alors à créer, avec Claude Lefort, l’une des branches les plus vivaces de la gauche radicale, Socialisme ou Barbarie, qui deviendra ensuite une revue mythique et l’une des grandes influences de Mai 68, notamment par sa critique de gauche des régimes
dits « communistes ». Économiste, philosophe, psychanalyste, militant politique, Castoriadis est
l’auteur d’une oeuvre essentielle pour quiconque s’intéresse à la question de l’institution hors du cadre de l’État, notamment avec ce qu’on peut considérer comme l’un des maîtres ouvrages du XXème siècle, L’Institution imaginaire de la société (1975). Il n’a en effet cessé, en croisant l’analyse historienne et l’approche psychanalytique, de s’attacher à penser la conquête de l’autonomie comme condition de l’approfondissement démocratique.
Retracer la biographie de Castoriadis permet enfin de lever le voile sur cette figure hors norme et trop méconnue, qui est restée marginale jusqu’au bout, malgré son élection comme directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales au début des années 1980. Celui en qui Pierre Vidal-Naquet voyait un « génie », et Edgar Morin un « Titan de l’esprit », est pourtant très certainement appelé, en ces temps de grandes turbulences des souverainetés établies, à devenir l’un des penseurs-clés du XXIème siècle.

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