Écrire des photos

jeudi 13 février 2014

Conférence de Anne-Marie Garat, écrivaine.
Enregistrement

« On parle « d’épreuve photographique » ; il s’agit aussi de mettre l’image à « l’épreuve » des mots, de la mettre en demeure de « prouver » son existence. Que ces photographies aient une existence matérielle ou non, j’ai besoin de les faire ainsi exister, de les rendre visibles au lecteur. La littérature est un art de la représentation, on l’oublie trop. Le visible du romanesque, c’est la description – encore que la description elle-même ne s’arrête pas au simple exercice de décrire ; ce n’est pas seulement au moment où on décrit qu’il y a mise en présence, convocation des objets, des lumières, des corps… La photographie met particulièrement au défi de rendre visible un invisible d’objet, dont la nature même est d’être visuelle. Sont-elles plus présentes, ces photographies absentes, que j’invente, que des images qu’on a vues, c’est-à-dire saisies un moment, perçues puis oubliées et qui ont inscrit au fond de nous une modalité du visible ? »
(in Entretien avec D. Méaux, Études romanesque n°10, Minard, 2006)
Anne-Marie Garat est l’auteure de nombreux romans publiés aux éditions Actes Sud, Chambre noire, L’Amour de loin, La Rotonde, Photos de famille qui s’inspirent directement de la photographie, de son dispositif comme de ses images. Elle est aussi l’un des auteurs de l’excellent manuel d’analyse de l’image La Petite fabrique de l’image publié par Magnard.

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