Théâtre sans glyphosate
« Tu aurais pu mettre ton intelligence dans des causes plus nobles, tu aurais pu faire de la recherche, tu aurais pu écrire des bouquins, tu aurais pu éclairer le monde, mais tout ça ne t’aurait pas donné tout ce pouvoir. Tu veux conduire. Tu veux conduire le monde par procuration. Tu aimes être le cerveau pervers de la machine qui tourne. Ce n’est pas que l’argent, c’est la soif de puissance. Tu veux être dans la loge des plus grands. »
Alexandra Badea nous fait entendre la pensée intérieure d’un homme – prêt à tout pour satisfaire son ambition personnelle. Si nous ne connaissons pas son prénom, nous savons qu’il occupe aujourd’hui un poste clé dans la société européenne : lobbyiste. Après avoir été assistant parlementaire auprès d’une députée « commission environnement santé publique et sécurité alimentaire », cet énarque change de camp et réussit à intégrer l’un des plus gros lobbies de ce marché juteux, ayant fait en sorte de bloquer une loi qui ne leur était pas favorable. Notre homme n’aura plus le choix de faire machine arrière. Il fait désormais partie intégrante d’un système qu’il doit servir de son mieux pour les intérêts de son entreprise, quitte à mettre en danger la vie d’autrui, sa propre santé mentale et sa vie familiale. En partant d’un fait réel de notre société – les lobbies et leur poids dans les décisions prises au Parlement Européen – cette auteure nous propose une expérience théâtrale forte : dix séquences s’enchaînent dans lesquelles la voix intérieure de cet homme nous prend à parti, sous la forme du pronom « tu ».
Dans la continuité du travail engagé avec l’ensemble artistique de la Cie du Veilleur depuis 2008, je souhaite développer un dispositif immersif qui placera les spectateurs au cœur de l’intrigue. Ils seront invités à s’installer dans un dispositif bi-frontal dont la scénographie les plongera dans le luxe et l’anonymat d’un grand hôtel international. Équipé d’un casque audio, chaque spectateur empruntera le point de vue du lobbyiste : il se retrouvera à sa place, embarqué dans un voyage immobile à travers différents espaces sonores.
Europe connexion nous invite à réfléchir sur nos engagements de vie les plus intimes : pourquoi et comment avons-nous choisi le métier que nous exerçons plutôt qu’un autre ?
Jusqu’où sommes-nous prêt à aller pour réussir ?
Quels sont les éléments de la réussite ?
À quels sacrifices pouvons-nous consentir ?
À l’heure où scientifiques, intellectuels et politiques tirent la sonnette d’alarme pour endiguer les effets irréversibles d’un capitalisme sauvage pour la survie de notre espèce sur terre, le théâtre demeure un lieu idéal pour mesurer la portée de nos actions personnelles sur la collectivité.
Avec comme objectif partagé, le titre de l’œuvre de Naomi Klein : Tout peut changer.
Matthieu Roy, mars 2016.
Europe connexion : Cie du Veilleur – Tréteaux de France
Texte Alexandra Badea
Mise en scène Matthieu Roy
Traductrice, interprète et dramaturge Ling-chih Chow
Scénographie Gaspard Pinta
Réalisation sonore Mathilde Billaud assistée de Damien Pécourt
Lumières Manuel Desfeux
Costumes Noémie Edel assistée d’Anae Barthélémy
Assistante à la mise en scène Victoria Duhamel
Recherche et développement Alban Guillemot
Dessins techniques Antoine Terrasse
Régie générale et régie lumières Eric Corlay
Régie son David Geffard
Transports camion et montage Daniel Péraud
Avec Brice Carrois, Hélène Chevallier, Yilin Yang, Wei-Lien Wang et Chih-Wei Tseng
L’Arche est agent et éditeur du texte représenté
Coproduction et résidences
Théâtre ouvert – Centre national des dramaturgies contemporaines, Théâtre du Nord – Cdn Lille Tourcoing Nord-Pas-de-Calais, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines – scène nationale, Théâtre Jean Lurçat – scène nationale d’Aubusson, Théâtre de Thouars – scène conventionnée Avec le soutien de Taipei arts festival, l’institut français, de la région nouvelle aquitaine, du bureau français à Taïwan, du centre culturel de Taïwan à paris, de l’université de Poitiers / maison des étudiants, service culturel de l’université, de la DRAC Nouvelle-Aquitaine et du Dicream.
Matthieu Roy
Diplômé de l’école Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg (TNS), Matthieu Roy fonde la Cie du Veilleur à Poitiers en 2007. Associé à la Comédie de Reims et à la Maison du Comédien Maria Casares, il créé L’amour conjugal d’après le roman d’Alberto Moravia et Histoire d’amour (derniers chapitres) de Jean-Luc Lagarce.
Dès 2009, il engage un compagnonnage avec l’auteur français Christophe Pellet dont il crée La conférence (2010), Qui a peur du loup ? (2011) et Un doux reniement (2012). En 2011, il commande une pièce à Mariette Navarro – Prodiges® – créée au Théâtre de Thouars en 2012. En 2013, Matthieu Roy engage le projet artistique Visage(s) de notre jeunesse : un triptyque autour des figures de l’adolescence. Le premier opus Même les chevaliers tombent dans l’oubli, commande d’écriture du Conseil général de la Seine-Saint-Denis à l’auteur togolais Gustave Akakpo, a été créé au printemps 2013. En 2014, le deuxième opus Martyr de Marius von Mayenburg, est créé. Enfin, en 2015, il créé Days of nothing de Fabrice Melquiot – dernier volet du triptyque. Par ailleurs, Matthieu Roy a mis en scène le conteur Yannick Jaulin dans Comment vider la mer avec une cuillère créé en 2015. L’Opéra de Rouen et l’Ensemble Inter-contemporain à Paris lui commandent la mise en espace de Pinocchio, spectacle musical composé par Lucia Ronchetti, créé en 2017 à l’Opéra de Rouen. En 2016, à l’invitation du Taipei Art Festival, il crée Europe connexion d’Alexandra Badea. Son dernier spectacle, Un Pays dans le ciel (2017), est une commande de Matthieu Roy et du Théâtre de la Poudrerie à Aiat Fayez, suite à une résidence de l’auteur à l’OFPRA – Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides. Aujourd’hui, La Cie du Veilleur est une compagnie à rayonnement national et international et Matthieu Roy est artiste associé à la Scène nationale d’Aubusson et au Théâtre de Saint-Quentin- en-Yvelines, scène nationale.Depuis janvier 2017, il co-dirige avec Johanna Silberstein La Maison Maria Casarès où il développe un site polyculturel ouvert au rythme des saisons.
Saison 2017-2018
Lun. 26 et Mar 27 février – SAINTES Gallia Théâtre
Jeu. 1er et ven. 2 mars – BRESSUIRE Scènes de territoiresDu mar. 6 au jeu 8 mars – POITIERS Espace Mendès France
Mer. 14 et jeu. 15 mars – RUNGIS Théâtre
Du mer. 21 au ven. 23 mars – MULHOUSE La Filature, Scène nationale
Du mar. 27 au ven. 30 mars – BORDEAUX TNBA
Du mar. 3 au ven. 6 avril – BORDEAUX TNBA
Du mer. 11 au ven.13 avril – BAYONNE Scène nationale
Du mar. 17 au jeu.19 avril – EVREUX Le Tangram Scène nationale
Lun 23 & mar. 24 avril – LA ROCHELLE La Coursive
Jeu. 26 & ven. 27 avril – LONS Scène du jura, Scène nationale
Article Mouvement du 3 janvier 2017 : mouvement.net
Article théâtre Actu du 11 janvier 2017 : theatreactu.com
Dans la presse :
« Chambre d’hôtel de grande chaîne internationale ou canapé de lounge, la triste comédie qui s’y joue entend amplifier les sourdes menées d’affairistes mus par d’indicibles visées qu’Europe Connexion met en lumière sur un plateau d’argent. » Libération, 3 février 2017 « Pour écouter les pensées du jeune requin, la trouvaille du metteur en scène, Matthieu Roy, consiste à nous faire suivre le spectacle durant 1h10 avec des écouteurs. Le résultat est aussi intense que ce décor luxueux de suite de palace est glacial. » Le Canard Enchaîné, 1 février 2017
« Le ton est donné de la nouvelle pièce d’Alexandra Badea, Europe connexion, créée par Matthieu Roy en octobre 2016 au Taipei Arts Festival, avec des comédiens français et taïwanais, dans un dispositif qui met au jour une plongée terrifiante dans l’Europe technocratique. » L’Humanité, 30 janvier 2017 « Le titre s’impose comme dans le film de Jacques Becker avec Simone Signoret, Casque d’Or. Rien à voir cependant avec une comédienne blonde comme les blés. Il n’y en a pas. Simplement, le port du casque est obligatoire et donne une saveur singulière à la pièce d’Alexandra Badea. » Le Figaro, 18 janvier 2017
« Certes inscrit dans une réalité tout à fait contemporaine, quotidienne même, la fiction à l’oeuvre dans ce théâtre-là n’est ni documentaire ni journalistique. Plus que les rouages mécaniques d’un système bien huilé, c’est la chair à vif, mâchée, broyée, qui est ici exposée. » Hervé Pons, Les Inrocks
« Dans sa forme, Europe Connexion est novatrice. La pièce est jouée en quadri frontale. La scène au centre représente l’intérieur d’un grand hôtel international. Là où le lobbyiste, ancien assistant parlementaire va mener une campagne pour favoriser l’émergence d’un laboratoire en trafiquant à son avantage les données d’une étude sur les pesticides. Le public est disposé dans quatre gradins, très proches des comédiens. Il est immergé dans la pensée du lobbyiste grâce à un casque qui lui permet de suivre l’action. Le français et le mandarin se chevauchent. Les deux langues sont mixées en direct avec de la musique et un environnement sonore très travaillé. » Sceneweb.fr
« Voilà un dispositif technique très élaboré : chaque spectateur porte un casque qui lui permet d’entendre des personnages absents de la scène ou encore la voix intérieure du personnage principal. De plus, le spectacle est franco-taiwanais et des comédiens taiwanais y parlent leur langue dont nous entendons la traduction. C’est sophistiqué, astucieux et juste. Dans le texte d’Alexandra Badea, un homme commence comme attaché parlementaire, mais, très ambitieux, devient lobbyiste en s’approchant des industries agroalimentaires internationales. Il se pose parfois des questions, quand certains produits qu’il promeut font des morts. Il est tout près du burn-out, mais sa femme ne cesse de lui répéter : « c’est pour nous que tu fais ça », et il continue à son poste européen très important… Une belle mise en scène de Matthieu Roy, rigoureuse et finement chorégraphiée. » Télérama
« Europe Connexion est un spectacle nécessaire, ouvrant les yeux sur une part occultée de notre réalité mondiale, dont nous sommes pourtant les premiers sacrifiés. » Théâtre Actu
« Alexandra Badea : la poursuite d’une œuvre exemplaire (…) Depuis la publication en 2009 de ses premiers textes par l’Arche, Alexandra Badea témoigne d’une grande continuité dans une écriture politique, rigoureuse et inventive. Elle le prouve une nouvelle fois avec Europe connexion, mis en scène à Théâtre ouvert par Matthieu Roy, dans un spectacle franco-taïwanais. » Monique Le Roux, En attendant Nadeau
« Première de la pièce de théâtre d’Alexandra Badea, à Théâtre Ouvert, en présence de Robin Renucci, coproducteur du spectacle. Le titre s’impose comme dans le film de Jacques Becker avec Simone Signoret, Casque d’Or. Rien à voir cependant avec une comédienne blonde comme les blés. Il n’y en a pas. Simplement, le port du casque est obligatoire et donne une saveur singulière à la pièce d’Alexandra Badea, Europe Connexion, mise en scène par Matthieu Roy, de la Compagnie du Veilleur. L’expérience se joue à Théâtre Ouvert. » Le Figaro
« Quand le théâtre dénonce les lobbies de l’industrie agroalimentaire. Une pièce d’Alexandra Badea, mise en scène par Matthieu Roy, décrit les manœuvres d’industriels pour faire pression sur les élus européens. Glaçant ! » B. Eschapasse, Le Point