17e édition du festival Raisons d’agir, du 5 au 8 avril 2023, Poitiers
Lycéen·ne·s, étudiant·e·s et militant·e·s associatifs, sociologues, historien·ne·s, philosophes ou géographes : tous engagé·e·s dans le partage de savoirs et d’expériences, pour agir sur le monde.
Caissières et aides à domicile surexploitées, jeunes femmes mariées de force et jeunes hommes persécutés pour leur orientation sexuelle, personnes transgenres objets de toutes les passions et de tous les dégoûts et, encore et toujours, femmes martyrisées par ceux qu’on n’ose appeler leurs compagnons, trop souvent jusqu’à la mort. La question du genre est d’abord un enjeu humain.
Mais nous vivons aujourd’hui un extraordinaire moment de mobilisation et d’émancipation, un peu partout dans le monde, dans les actions contre les agressions sexuelles et sexistes, pour le droit de disposer de son corps et de construire sa propre identité de genre, par l’action collective, les podcasts, les revues ou les BD …
Cette question s’imbrique dans toutes les autres questions au travail dans nos sociétés. Le sort qui est fait aux travailleuses en dit beaucoup sur la façon dont l’économie néo-libérale a imposé de nouvelles formes de précarité. A l’échelle internationale, le genre est devenu un instrument des luttes politiques et des guerres entre états. Et les ONG qui agissent en faveur des progrès humains doivent trouver leur juste place, pour contribuer à l’émancipation de toutes et tous sans reconstituer une forme de domination culturelle.
L’édition 2023 du festival Raisons d’agir abordera ces questions dans toutes leurs dimensions : économique, culturelle, éducative, écologique et politique. Différentes sciences humaines et sociales apporteront leurs éclairages. Des récits d’expériences individuelles ou collectives, le théâtre, le cinéma et la musique contribueront aussi à exprimer et à donner à comprendre ces enjeux. Le festival sera ainsi un moment de partage de savoirs et de points de vue, d’éducation populaire et d’engagement.
MERCREDI 5 AVRIL
Espace Mendès France
18h. Le genre, l’écologie et les classes sociales
Conférence – débat avec Sandrine Rousseau, économiste et députée de Paris, Céline Bessière, professeure à l’université Paris-Dauphine (Irisso-Cnrs) et Sybille Gollac, chargée de recherche au Cnrs (Cresppa).
Pour lutter contre la domination masculine, il faut en comprendre toutes les facettes. Organisation économique, famille, sexualité, éducation, langage mais aussi relations avec la nature : ce sont aujourd’hui toutes ces questions dont s’empare le féminisme. Un tour d’horizon avec la figure montante de l’écologie politique, qui a récemment contribué à Par-delà l’androcène, et les deux sociologues autrices d’un ouvrage devenu incontournable : Le genre du capital.
JEUDI 6 AVRIL
Espace Mendès France
9h30. Genre, cultures et intervention des ONG en Inde
Table-ronde avec Charles Armithan, directeur des programmes de Social Change And Development (Scad) ; Odette Furois et Hélène Shemwell, de l’association poitevine Education World 86 ; et la politiste Virginie Dutoya, chargée de recherche au Cnrs (Ceias) et spécialiste de la cause des femmes et du genre en Inde.
Une rencontre exceptionnelle autour des actions conduites par l’ONG indienne Scad, au Tamil Nadu, en faveur de l’éducation, de la santé et de l’environnement, avec les populations les plus démunies (Intouchables, Populations tribales, Gitans…), dans une perspective de lutte pour l’émancipation des femmes et des minorités.
11h15. Les jeunes et l’amour, des cités aux beaux quartiers
Conférence – débat avec Isabelle Clair, directrice de recherche au CNRS (Iris).
Comment se nouent les relations amoureuses à la fin de l’adolescence ? Quels sont aujourd’hui les rapports de genre chez les jeunes ? Quelle place pour les insultes, le sexisme et l’homophobie ? Une étude des transformations des vingt dernières années, à partir d’enquêtes dans des cités Hlm, en milieu rural et dans la bourgeoisie parisienne.
14h-15h30. Participation à la manifestation contre la loi sur les retraites – départ Porte de Paris
Pour celles et ceux qui ne souhaitent pas manifester, maintien du programme à Mendès France à 14h : projections de courts-métrages et de vidéos. Des premiers petits films qui ont pastiché les rapports hommes-femmes jusqu’aux vidéos ou aux courts-métrages récents qui témoignent de l’actualité des questions LGBT+. Quelques exemples pour comprendre, s’amuser ou sensibiliser.
15h45. Ateliers
L’enjeu éducatif
Avec Guillaume Cuny, doctorant au Centre Pierre Naville (Paris-Saclay), Nelly Millet, doctorante au laboratoire Fred (Limoges) et Sophie Richardot, maîtresse de conférences à l’université de Picardie (Curapp-Cnrs).
L’école est-elle éduquée au genre ? Une approche des questions féministes et LGBT+ à l’école à partir d’enquêtes sur les jeunes filles qui s’orientent vers les soins à la personne, sur l’éducation à la sexualité et sur les stratégies éducatives des familles homoparentales.
La défense des droits
Avec Arlette Gautier, professeure émérite à l’université de Brest (Labers), Guillaume Marsallon, délégué national de la Cimade en région Centre-Ouest et Adeline Moussion-Estève, doctorante à la Birkbeck University, Londres.
Où en sont les droits issus des luttes des femmes et des minorités sexuelles et de genre dans le monde ? Comment se renouvellent les répertoires de politisation, notamment vis-à-vis des violences sexuelles ? Et comment ces questions traversent-elles toutes nos luttes, comme celles pour l’accueil des migrant·e·s ?
Le Local, Maison de quartier du centre-ville
18h30. Bar, snack et prestation-surprise
Moment de détente, dans le cadre des jeudis du bar du Local. Boissons locales et snacks maison à petits prix. Toujours en compagnie de Coloc drag ! Entrée libre.
20h30. Théâtre La motivation
Avec Aurélia Tastet, de la Compagnie Le dénouement qu’on voudrait.
Entrée : 5 €. Tarifs réduits. Et possibilité jusqu’au 31 mars de réserver sur le site du festival un billet unique utilisable pour les deux soirées des 6 et 7 avril pour un prix total de 5 €. Billetterie en ligne.
Alice travaille. Ce matin, elle doit revêtir la mascotte de son entreprise : un lapin blanc. Mais en revêtant l’adorable costume, quelque chose en elle se froisse… elle passe de l’autre côté du marché du travail. Au pays du travail rému-narré, elle analyse et ré-enchante les finalités du travail moderne, et au vu de l’état actuel du marché, elle prend le parti d’en rire.
VENDREDI 7 AVRIL
Espace Mendès France
10h. Féminismes matérialistes et écoféminismes
Table-ronde avec les étudiant·e·s de master de philosophie de 2e année de l’université de Poitiers et Alexis Cukier, maître de conférences à l’université de Poitiers (Mapp).
Un tour d’horizon des courants et des périodes du féminisme, du XIXe siècle à aujourd’hui, avec trois moments-clés : la parution du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir en 1949, le féminisme matérialiste des années 1960-1970 et l’écoféminisme et les théories de la reproduction sociale des années 2010.
11h45. Projections de courts-métrages et de vidéos
Des premiers petits films qui ont pastiché les rapports hommes-femmes jusqu’aux vidéos ou aux courts-métrages récents qui témoignent de l’actualité des questions LGBT+. Quelques exemples pour comprendre, s’amuser ou sensibiliser.
14h. Fragments d’histoires des genres et des classes à travers l’œuvre de Giulia Andreani
Conférence avec Julie Anne Schowing, diplômée de l’École européenne supérieure de l’image et étudiante en master d’histoire de l’art à l’université Paris 1.
Qu’il s’agisse d’ouvrières, de cheminotes ou de pompières, les œuvres de Giulia Andreani sont très souvent empreintes de dimensions genrées et sociales. Ou comment le travail artistique permet d’appréhender l’histoire des rapports de domination.
14h30. Des femmes qui tiennent la campagne
Conférence-débat avec Sophie Orange, maître de conférences à l’université de Nantes (Cens-Cnrs) et Fanny Renard, maître de conférences à l’université de Poitiers (Gresco).
Face au retrait de l’État social et à la fermeture des commerces de proximité, elles continuent de tenir la campagne. Assistantes maternelles, auxiliaires de vie scolaire, enseignantes, aides à domicile, coiffeuses ou esthéticiennes, elles contribuent au dynamisme des villages tout en résistant aux dominations sociales et masculines.
16h. Réunion ouverte à toutes les personnes intéressées sur l’association Raisons d’agir et ses projets (Espace Mendès-France)
Confort Moderne
20h. Concert Héro Echo, rap, et Kuzu, punk hardcore
Concert. Entrée : 5 €. Tarifs réduits. Et possibilité jusqu’au 31 mars de réserver sur le site du festival un billet unique utilisable pour les deux soirées des 6 et 7 avril pour un prix total de 5 €. Billetterie en ligne.
Les textes d’Héro Echo parlent de vie personnelle, d’amour et de santé mentale, mais aussi de révolution et de féminisme. Son titre Amazones, écrit pour dénoncer la misogynie de certains rappeurs, est devenu un véritable hymne anti-patriarcal, qui lui a valu une campagne de harcèlement de la fachosphère et des masculinistes. Elle y répond deux ans plus tard, avec Imbaisable.
Le groupe Kuzu s’est formé à Poitiers l’hiver dernier avec la volonté d’envoyer un hardcore énervé et toujours politique. Sensibilité libertaire, féministe et queer-friendly. Premier EP éponyme paru en octobre 2022.
SAMEDI 8 AVRIL
Place Notre-Dame
10h30. Le genre en ville
Promenades – ateliers avec Cassini, l’association des étudiant·es géographes de l’université de Poitiers.
Selon un itinéraire savamment élaboré dans le centre-ville de Poitiers, les jeunes géographes nous emmènent dans un moment de cartographie sensible. Par l’observation, le dessin ou l’écriture, ce parcours nous propose de mettre en commun nos perceptions de l’espace en fonction du genre.
Départ et arrivée face à l’église Notre-Dame.
12h. Buffet
Bio et local à prix libre
Espace Mendès France
14h. Les parcours d’émancipation
Table-ronde avec Faustine Himène, étudiante en master 2 de sociologie à l’université de Poitiers, Léa Ikkache, entrepreneure éducation et développement durable, et Romain Philit, étudiant en année préparatoire au doctorat à l’Ehess (Cmh-Cnrs).
Comment échapper au sexisme ordinaire de l’Université ou des écoles d’ingénieurs ? Comment construire une orientation sexuelle minoritaire dans un monde hétérosexuel ? Et comment se traduisent à l’échelle individuelle, y compris dans la sexualité, les nouvelles normes féministes et égalitaristes ?
15h45. Féminisme, féminismes : quels communs ?
Table-ronde avec Fabienne Messica, sociologue, journaliste et membre du comité national de la LDH, Fanny Alexandre, militante féministe, et Marie-Laure Noël, secrétaire départementale de Sud-Santé-Sociaux.
Si la défense de l’égalité des droits, la lutte contre les discriminations ou contre les violences faites aux femmes sont des batailles cruciales, on se demande parfois ce qui les relie aujourd’hui. La multiplicité des adjectifs accolés au féminisme (inter-sectionnel, universaliste ou écologique) ne peut-elle laisser la place à un certain universalisme qui accueille la diversité des conditions et des luttes des femmes ? Comment ces combats se jouent-ils en pratique et comment peuvent-ils dialoguer, des luttes pour l’émancipation de genre au combat syndical ?
Informations pratiques
Festival gratuit pour toutes les conférences, tables-rondes, ateliers, courts-métrages. Billetterie pour la soirée théâtre du 6 avril et la soirée concert du 7 avril (voir sur le site web).
ESPACE MENDÈS FRANCE
1 place de la Cathédrale, Poitiers — 05 49 50 33 08 emf.fr
LE LOCAL
16 rue Saint Pierre-Le-Puellier, Poitiers — 05 49 62 84 83 lelocal.asso.fr
CONFORT MODERNE
185 rue du Faubourg du Pont Neuf, Poitiers — 05 49 46 08 08 confort-moderne.fr
Le festival Raisons d’agir est soutenu par la Ville de Poitiers, la région Nouvelle-Aquitaine, l’université de Poitiers, le CVEC, le CROUS, Le Local, Le Confort Moderne et l’Espace mendès France. Il remercie également l’APSES, l’Associo, Cassini, Logos, Education World 86, la LDH, le Centre LGBTI du Poitou, le Planning familial, Greenpeace, Alternatiba, ATTAC, la Cimade, les Amis du monde Diplomatique, Eclaireuses Eclaireurs de France, le département de sociologie de Poitiers et les laboratoires GRESCO et MAPP.
Crédits photos et illustration — visuel du festival : Clément Bouladoux ; édito : Brice Le Gall ; programme : La Découverte, Greenbox, Education World 86 , Bénédicte Roscot, Julie Coustarot,
Sophie Orange – libraire Chez Josette (Charleville Mézières), Hero Echo, Kuzu, Editions Rue de Seine.