Conférence de Yves Michaud, ancien professeur des universités, fondateur et directeur de « l’Université de tous les savoirs ».
Il y eut un âge d’or de l’ingénieur, qui a duré un peu plus d’un siècle, entre les années 1850 et les années 1970. Beaucoup de choses ont changé depuis. Les sciences ne sont plus celles de la liste encyclopédique et systématique du 19e siècle. Des branches d’activité ont changé du tout au tout : transports (« ponts et chaussées »), exploitation des matières premières (« mines »), construction.
D’autres se sont rajoutées : les sciences agronomiques, les biotechnologies, les sciences des systèmes complexes. Au lieu de sciences fondamentales commandant des applications dérivées, on trouve partout la technoscience où se mêlent inextricablement technologie et théorie.
Du côté des sociétés humaines aussi les choses ont changé.
1°) Il y a une perte de curiosité et d’admiration pour l’ingénieur, l’ingéniérie et ses réussites parce que nous sommes habitués aux succès techniques.
2°) Nous avons peur de tout, probablement parce que nous avons de plus en plus de contrôle sur tout.
3°) La facilité de la vie a engendré une sorte d’hédonisme de l’instantané : il faut que ça marche vite et que la satisfaction ne soit pas différée.
4°) Enfin, l’appât du gain, le désir de richesse, la convoitise, sont devenus le moteur de la plupart des comportements ou des comportements de la plupart.
Les projets technoscientifiques sont gigantesques, leur nombre est élevé et la demande autour du globe est immense. Cela crée une demande extrêmement forte en scientifiques, ingénieurs et techniciens de haut niveau qui sont partout ou presque dans la recherche et développement et aussi sur le terrain. Ce succès implique malheureusement une relative perte de prestige par banalisation du métier.
Que peut-on conjecturer pour l’avenir proche ?
Conférence des Mercredis de l’ENSIP, cycle organisé en partenariat avec Patrice Remaud, professeur agrégé de physique appliquée, docteur en histoire des sciences et des techniques, LAII-ENSI, École nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers.