Conférence de Roger Gil, professeur émérite de neurologie, Responsable de l’Espace éthique du CHU de Poitiers.
La bioéthique peut être définie comme l’éthique des sciences de la vie et de la santé. Elle regroupe donc l’éthique de la pratique des soins et l’éthique de la recherche médicale. Mais pourquoi avoir préféré le mot « éthique » au mot « morale » ?
Qu’est-ce qui distingue ou rassemble la loi, la morale, l’éthique ? Ce n’est qu’au cours de la décennie 1970-1980 que le mot de bioéthique a été forgé. Quelles sont les racines historiques de la prise de conscience qui a fait surgir l’éthique dans le champ de société ? L’une de ces racines est le procès de Nuremberg qui a révélé que des professionnels de santé avaient participé aux crimes contre l’humanité perpétrés par le régime nazi. L’autre tient aux progrès inédits des sciences et techniques de la santé à partir de la fin de la guerre 1939-1945 : en quelques dizaines d’années la médecine a fait plus de progrès qu’au cours des trois mille ans précédents. Et c’est ainsi que les repères moraux traditionnels ont été bouleversés.
L’éthique est donc apparue comme un nécessaire exercice de discernement de conflit de valeurs qui pose à chacun la question de savoir comment faire pour bien faire. La bioéthique, parce qu’elle est l’éthique de la vie, interroge les situations les plus fragiles de la vie : le début de la vie, la maladie, la vie finissante. Elle doit cheminer au creux de chaque conscience, comme une éthique citoyenne, chez des hommes et des femmes, qui par l’attention qu’ils portent à la vulnérabilité, tentent de faire croître sans cesse en l’homme son humanité.