Conférence de Brigitte Maire, maître d’enseignement et de recherche (faculté des lettres et faculté de biologie et de médecine, université de Lausanne).
La médecine antique repose sur un trépied formé de la pharmacologie, de la chirurgie et de la diététique sur laquelle nous centrerons plus particulièrement notre propos. Ses préceptes révèlent en effet une conception du corps intéressante à bien des égards. Ainsi, les médecins anciens s’intéressent-ils au corps avant qu’une maladie ne se soit déclarée en axant leur pratique sur la prévention qui motive bon nombre de leurs prescriptions diététiques. Ces conseils sont par ailleurs personnalisés et adaptés à chaque patient (âge, sexe, activités, environnement). Le médecin antique défend en effet une pratique individualisée de l’art médical dont l’action est d’autant plus efficace que le médecin est proche de son patient (medicus amicus). Après avoir succombé aux miracles technologiques, la médecine contemporaine tente de se recentrer sur l’individu dont elle aspire désormais à soigner en premier lieu la santé, si l’on en croit les nombreuses campagnes de prévention (par exemple, cancer, maladies cardiovasculaires). Elle (dé)montre par là toute l’actualité de la médecine antique qui n’a eu de cesse de placer l’individu au centre de sa réflexion et de sa pratique, et d’en faire un acteur de la Nature autant qu’un utilisateur avisé (alicament).
Organisée en partenariat avec le laboratoire Hellénisation et romanisation dans le monde antique (HeRMA), EA 3811, université de Poitiers.