Table ronde du Pôle Info Santé avec Michel Carretier, professeur chef du service de chirurgie viscérale au CHU de Poitiers.
1) LE DEPISTAGE
Il vise à détecter plus tôt un cancer ou un état précancéreux afin de le traiter à un stade moins avancé et donc d’offrir de meilleures chances de guérison.
2) Le dépistage organisé : une stratégie en deux temps
– 1er temps : recherche de sang dans les selles par le test Hemoccult 2
Le test présente les critères requis pour un dépistage organisé : simple, acceptable, peu onéreux, sans danger.
En pratique, le test consiste à prélever, sur trois selles consécutives, un petit fragment de la taille d’une lentille ou d’un grain de riz qu’il faut déposer sur une plaquette. Cette plaquette est ensuite envoyée à un centre de lecture qui transmet alors les résultats à la personne et à son médecin.
En cas de test négatif (97% des cas), la personne est invitée à renouveler le test deux ans plus tard. Elle est également sensibilisée aux signes d’alerte qui doivent la conduire à consulter son médecin traitant sans attendre ce délai de 2 ans.
– 2ème temps éventuel : dans le cas où le test est positif, le médecin généraliste prescrit une coloscopie pour rechercher la présence de lésions dans le côlon ou le rectum.
La coloscopie est actuellement l’examen de référence pour mettre en évidence d’éventuelles anomalies du côlon ou du rectum. Elle permet en outre de retirer les polypes
Le test s’adresse aux personnes ne présentant pas de facteurs de risque personnels ou familiaux. Dans cette population à risque moyen, le test est positif dans 2 à 3% des cas.
3) LA CAMPAGNE DE DÉPISTAGE DU CANCER COLO-RECTAL DANS LE DEPARTEMENT DE LA VIENNE
La campagne de dépistage organisé du cancer colorectal a débutée en octobre 2008 dans le département de la Vienne. Elle est gérée par l’association DOCVIE qui a déjà en charge le dépistage organisé du cancer du sein.
DOCVIE adresse un courrier aux personnes éligibles (50 à 74 ans) les invitant à aller voir leur médecin traitant pour retirer le test (ces invitations seront étalées sur deux ans).
Le médecin remet le test suite à l’invitation DOCVIE, il peut aussi les donner de sa propre initiative.
Il fournit les explications nécessaires sur sa finalité, son mode d’utilisation, et explique la conduite à tenir en cas de positivité.
Il signale à la structure de gestion les personnes ne relevant pas du dépistage (celles qui doivent être suivies à titre individuel car elles présentent des facteurs de risque) ou le refusant.
Les lectures des tests sont centralisées dans un seul centre (un laboratoire d’analyses médicales) auquel le patient envoie le test qu’il a fait à son domicile.
Le centre de lecture analyse le test puis envoie les résultats de la lecture au médecin traitant et au patient.
En cas de test positif le patient est invité à retourner voir son médecin traitant, qui doit l’adresser au gastroentérologue pour une coloscopie.
En cas de test négatif il sera réinvité 2 ans plus tard.
La population cible (femmes et hommes de 50 à 74 ans) représente 112 000 personnes dans le département, à inviter sur deux ans, et le taux de participation doit être au minimum de 50% (soit 28 000 tests par an) pour que la campagne entraîne une baisse significative de la mortalité.
En cas de test positif on découvre dans 10 % des cas un cancer et dans 30% des cas un polype.
Le dépistage organisé du cancer colorectal s’inscrit dans le cadre d’une campagne nationale maintenant généralisé à toute la France, et coordonné par le Ministère de la Santé, l’Institut National du Cancer et l’Assurance Maladie.
Débat avec les intervenants: