Conférence de Philippe Artières, historien, chargé de recherche au CNRS (Lahic-UMR 2558).
Au cours des dernières décennies du dix-neuvième siècle, un intérêt inédit est porté par toute une série d’observateurs sociaux, à commencer par les médecins, aux tatouages inscrits sur le corps des jeunes gens. Ces écrits et ces dessins à mi-chemin de l’intime et du public font l’objet de nombreuses lectures qui mobilisent aussi bien l’anthropologie du lointain que la psychologie. Les tatouages, ces « cicatrices parlantes » sont constitués en autobiographie de l’homme anormal ; ainsi la peau est construite en support de récits de vie. De l’atelier à la prison, de la mère à la femme aimée ou trompée, elle cacherait et montrerait les secrets des existences coupables.