Le « théâtre médiéval » – art et technique – couvre trois siècles de jeux, mystères, farces, miracles, soties et moralités, qui ont enchanté les villes et les campagnes à la fin du Moyen Âge, dans les auberges, aux carrefours des routes, sur les places publiques aux jours de fête ou de marché, et dans les toutes premières salles de théâtre.
En plus des formes monumentales des mystères qui duraient plusieurs jours, on représente aussi des pièces plus courtes, souvent jouées par les premières troupes professionnelles, héritières des jongleurs et jongleresses, à la fois acteurs, mimes, transformistes, chanteurs et instrumentistes.
Ces trois siècles de production théâtrale (XIIIe-XVe s.) nous ont laissé de véritables chefs-d’œuvre aussi bien pour la pratique dramaturgique que pour la richesse de la langue et la variété des styles, depuis le Jeu d’Adam à Maître Pathelin, de Robin et Marion à la Passion d’Arnoul Gréban.
Journée d’études coordonnée par Pierre-Marie Joris, maître de conférences en littérature médiévale, CESCM et UFR Lettres et langues, université de Poitiers et organisée en partenariat avec le Centre d’études supérieures de civilisation médiévale (CESCM) – UMR 7302, atelier interdisciplinaire du master « Mondes médiévaux ».
Programme
9h45. Accueil et présentation de la journée par Mariannig Hall, directrice de l’Espace Mendès France ; Cécile Voyer, directrice du CESCM et Pierre-Marie Joris, CESCM
10h. Retrouver le théâtre médiéval
Par Darwin Smith, université Paris I Panthéon-Sorbonne – CNRS
Dans l’intervalle de mille ans qui sépare le théâtre antique de celui de la Renaissance, on ne connait que les trois derniers siècles : on appelle cela « théâtre médiéval ». Que savons-nous des formes de ce théâtre, de ses acteurs et actrices, de ses représentations, des conditions pratiques et techniques de jeu ?
11h. Questions
11h15. L’héritage du théâtre antique
Par Frédéric Duval, École nationale des chartes et Élisa Guadagnini, Cnr-Istituto di Linguistica Computazionale “Antonio Zampolli”
D’après l’historiographie, rien n’a subsisté du théâtre antique, redécouvert seulement à la Renaissance. On sait désormais que les médiévaux ont conceptualisé l’héritage du théâtre antique : l’étude de la documentation vernaculaire, en français et en italien, permet de dépasser l’historiographie de la rupture entre les mondes théâtraux de l’Antiquité et de la Renaissance.
12h15. Questions
12h30. Pause
14h. La langue du théâtre médiéval
Par Gabriella Parussa, Sorbonne-université
Le théâtre médiéval en langue française nous offre un échantillon de langue aux registres très variés. Peu présents dans les grands corpus de langue médiévale, les textes dramatiques, par leur attention à la diversité des langues en fonction des classes sociales et des métiers, représente l’une des premières techniques d’enregistrement de l’oral par l’écrit.
15h. Questions
15h15. La Passion d’Arnoul Gréban et Notre-Dame de Paris
Par Véronique Dominguez-Guillaume, université de Picardie et Darwin Smith, université Paris I Panthéon-Sorbonne – CNRS
La clôture du chœur de Notre-Dame de Paris et l’ensemble de la cathédrale ont servi de matrice théologique, narrative et stylistique à l’écriture du plus célèbre mystère du Moyen Âge, la Passion d’Arnoul Gréban, organiste et maître du chœur, qui déroule en 35000 vers sur 4 journées l’histoire du monde et de Jésus-Christ.
16h15. Pause
16h30. De la Passion d’Arnoul Gréban à Maître Pierre Pathelin
Par Darwin Smith, université Paris I Panthéon-Sorbonne – CNRS
Le développement des formes monumentales des mystères et moralités va de pair avec la multiplication des formes brèves du théâtre comique.
Maître Pierre Pathelin, première comédie avant Molière, fait exploser le cadre de la farce par une intrigue complexe et une mécanique dramatique horlogère, dont l’immense succès a laissé des traces dans la langue d’aujourd’hui : C’est lui tout craché ! Revenons à nos moutons !
17h30. Questions et conclusion de la journée