Conférence de Nicole Edelman, maître de conférences (HDR) en histoire contemporaine à l’université Paris X-Nanterre.
Enregistrement :
L’hystérique est aujourd’hui une figure à la fois fort connue et protéiforme : proche de la nymphomane, de la femme au bord de la crise de nerf ou de l’évanouissement. Et si le terme peut bien souvent se transformer en injure, en revanche il évoque rarement une maladie sérieuse et moins encore une maladie masculine. Ces incertitudes se retrouvent dans l’histoire de l’hystérique qui a toujours été un défi pour la pensée médicale. Au XIXe, l’hystérique oscille entre possession et vapeurs, entre "mal de mère" et mal du diable, entre simple "bovarysme" et folie, entre maladie nerveuse et maladie psychique. Elle devient un objet et un sujet d’étude pour les neurologues et les psychiatres qui s’opposent par ailleurs dans de violents débats. Je retracerai ainsi les métamorphoses de cette figure qui se transforme à la fois avec les découvertes médicales et avec les évolutions sociales et culturelles, qui met au jour les difficiles constructions de modèles masculins et féminins, des frontières entre normal et pathologique et qui questionne sans cesse l’unité du sujet.