Conférence de Nicolas Bancel, professeur, directeur du Groupe de recherche Grissul, directeur-adjoint de l’Institut des sciences du sport, université de Lausanne, faculté des Sciences sociales et politiques, ISSUL.
Entre le milieu du XVIIIe et le début du XIXe siècle, s’élaborent les premières conceptions scientifiques sur la race et, au cours du XIXe siècle, l’idée raciale se diffuse tant dans les cénacles scientifiques que dans des dispositifs culturels, tels les spectacles ethniques. Cette communication propose d’explorer d’une part la généalogie du concept moderne de race, en adoptant une perspective internationale qui éclaire les échanges scientifiques intenses noués en Europe au cours du XVIIIe siècle ; puis de comprendre comment ce concept – différemment décliné – se propage mondialement dans les milieux de l’anthropologie raciale, en particulier aux Etats-Unis et au Japon. Nous postulons que ce processus engage une véritable révolution épistémologique dans les manières de représenter le corps humain, celui-ci étant objectivé et racialisé à l’aide de plusieurs technologies anthropométriques. Nous nous intéresserons ensuite aux liens avérés entre les différentes écoles d’anthropologie physique (raciale) européennes et américaines et la vogue des spectacles ethniques qui permettent au concept de race de se diffuser sous une forme nouvelle.
Dans le cadre du cycle « Les amphis des lettres au présent », organisé en partenariat avec l’UFR Lettres et langues de l’université de Poitiers, sous la direction scientifique de Stéphane Bikialo, maître de conférences en langue et littérature françaises et Martin Rass, maître de conférences en civilisation et histoire des idées allemandes, université de Poitiers.