Conférence de Odile Fillod, ingénieure diplômée de l’École centrale Paris, chercheuse indépendante en sociologie des sciences et de la vulgarisation scientifique.
L’idée selon laquelle les sciences biomédicales attestent de l’existence de facteurs biologiques endogènes de sexuation du psychisme humain est régulièrement exprimée. Plus précisément, il serait établi que le fait de posséder des ovaires ou des testicules, le fait d’avoir un cerveau fait de cellules de caryotype XX ou XY, ou encore le fait d’avoir vécu ou non une grossesse, induisent des différences cérébrales responsables de différences moyennes entre femmes et hommes sur le plan cognitif ou comportemental. Dans quelle mesure les allégations de ce type reflètent-elles l’état des connaissances sur ce sujet ? Quelles sont les distorsions typiquement opérées dans la présentation des données de la recherche soutenant ces allégations ? Comment expliquer la récurrence, la nature et l’ampleur de ces distorsions ? Au-delà de l’analyse de la fabrication d’une forme particulière de discours de naturalisation du genre, cette conférence sera l’occasion d’attirer l’attention sur des défauts plus généraux des processus de communication scientifique, et de mettre en évidence les limites intrinsèques de certaines approches disciplinaires et méthodologies de recherche.