Conférence de Jean-Christophe Valière, professeur, Institut Pprime UPR 3346 – CNRS, université de Poitiers, ISAE-ENSMA.
Dans les grands espaces, la réverbération crée une atmosphère envoûtante, idéale pour les chants simples et lents.
Mais dès qu’on y joue des musiques plus complexes ou rapides, les sons s’emmêlent, la musique perd sa clarté.
Un défi ancien
Dès l’Antiquité, un architecte comme Vitruve (Ier siècle av. J.-C.) ou au Moyen Âge Alberti (XVe siècle) soulignaient déjà que la réverbération entremêle les voix et les chants. Les archives des monastères, comme celles de l’abbaye de Montivilliers au XVIIe siècle, confirment ces difficultés, notamment pour les religieuses dont les chants se perdaient dans les voûtes.
Entre 1620 et 1650, l’abbaye de Montivilliers a ainsi été rénovée pour améliorer l’acoustique. Les bâtisseurs ont abaissé les voûtes, installé des pots acoustiques (des pots en terre cuite) dans les murs, ou accroché des rideaux.
Une quête empirique
Cette conférence retrace l’évolution des connaissances en acoustique, des Anciens jusqu’au XIXe siècle, à l’aube des travaux de Wallace Sabine, fondateur du domaine de l’acoustique architecturale. À travers des sources écrites, des fouilles archéologiques et des analyses acoustiques, nous montrerons comment, bien avant les théories scientifiques, les bâtisseurs ont cherché – par essais et erreurs – à perfectionner la perception des voix et des chants dans ces lieux chargés d’histoire.