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Pourquoi Diderot paraît-il aujourd’hui si moderne à la plupart de ses lecteurs ?

mardi 15 octobre 2013

Conférence de Pierre Chartier, professeur honoraire de littérature du XVIIIe siècle à l’université Paris Diderot et président de la Société Diderot. Lauréat du Prix d’Académie 2013 pour Vies de Diderot, éditions Hermann.
Denis Diderot est né à Langres il y a trois cents ans. Alors que de longues décennies après sa mort il continuait d’être violemment récusé, sinon insulté (pensons à la réception du film que Rivette a tiré en 1967 de La Religieuse), pourquoi Diderot est-il aujourd’hui le philosophe des Lumières le plus apprécié de nos contemporains ? Pour quelles raisons nombre de ses œuvres, adaptées à la scène, sont-elles jouées avec succès ? Comment se fait-il que des politiques, des savants, des spécialistes de la littérature, des arts et des techniques trouvent force et inspiration dans ses écrits comme dans son action ?
À l’évidence, ce retournement impressionnant de l’opinion concerne à la fois ce qu’il fut et ce que nous sommes, ce que furent au XVIIIe siècle et ce que sont devenues aujourd’hui les Lumières.
Nous rappellerons le parcours de Diderot, élève surdoué des jésuites, en rupture avec son père, trouvant sa voie à Paris, emprisonné à Vincennes, directeur de l’Encyclopédie, auteur de Jacques le fataliste, du Paradoxe sur le comédien et du Neveu de Rameau, chefs-d’œuvre qui n’ont pu être publiés de son vivant.
On est frappé par l’ampleur extraordinaire de ses centres d’intérêt, de ses compétences et de ses talents. À cela se joint la plume d’un grand écrivain, un ton d’une extrême liberté, multipliant les registres, les appels, les ouvertures, les vues paradoxales. Mais cette vivacité si gaie ne saurait cacher le sérieux de ses investigations, la solidité de ses hypothèses de travail, la cohérence d’une pensée qui choisit, appuyée sur le nouvel esprit des sciences, d’approfondir au profit de l’intérêt général un matérialisme anti-systématique militant contre l’intolérance. Peut-être comprend-on mieux pourquoi notre modernité, ambitieuse, critique et inquiète, parfois déboussolée, peut voir en Diderot mieux qu’un précurseur, un esprit proche, presque un ami.
Il sera temps alors de proposer une interprétation plus personnelle et, comme Diderot nous en donne l’exemple, de tenter de répondre sans dogmatisme aux questions que souhaitera poser le public.

Conférence Des amphis des lettres au présent, en partenariat avec l’UFR Lettres et langues de l’université de Poitiers, sous la direction scientifique de Stéphane Bikialo, maître de conférences en Langue et littérature françaises et de Anne-Cécile Guilbard, maître de conférences en Littérature française et esthétique, université de Poitiers.

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