Conférence de Mechthild Fend, University College London, Department of History of Art.
La peau forme la partie extérieure et visible du corps. C’est ainsi que la représentation visuelle de la figure humaine implique dans la plupart des cas la reproduction de la peau. Rendre la peau d’une manière vraisemblable n’était pas la moindre tâche des artistes. Depuis la fin du Moyen Âge, la représentation de la peau était le principal moyen pour la simulation d’un corps animé. Avec des termes comme « carnations » ou « incarnat », la littérature d’art italienne et puis française conceptualisait la représentation artistique de l’extérieur du corps habituellement en tant que chair. Il y avait pourtant des artistes qui entendaient le tégument humain plus explicitement en tant que peau et surface. Un exemple éminent est Ingres. La conférence traitera des portraits et nus d’Ingres et explorera la signification des peaux lisses et immaculées ainsi que de l’accent que l’artiste met sur le contour, c’est-à-dire sur les limites du corps.
Les observations sur la peinture seront liées à une réflexion sur l’histoire du corps. Ce n’est qu’à l’époque de la Révolution Française qu’on commence à décrire la peau en tant que « limite » et à la concevoir comme « médium » communicative, comme intermédiaire qui traduit entre intérieur et extérieur. Il y a ici un lien important entre la peau et le tableau dans leur qualité de médium. Dans la peinture d’Ingres, il y a un tel rapport entre le tableau et la peau peinte. Dans ces portraits la peau manque la qualité communicative, elle est au contraire muette. Mais c’est exactement pour cela que la surface du corps est associée avec la surface du tableau et atteint un aspect « metapictura ».