Conférence de Pascale Rabault-Feuerhahn, chercheur au CNRS, UMR 8547 (CNRS/Ecole Normale Supérieure) Pays germaniques : transferts culturels.
Les études sanskrites ont la réputation d’activité hautement spécialisée, dédiée à l’étude scrupuleuse et minutieuse des textes composés dans cette langue de l’Inde ancienne. Une plongée dans les racines de cette discipline, qui se développe en Europe entre la fin du XVIIIe et la fin du XIXe siècle, montre que cette réputation est méritée mais incomplète. Ouvrant aux savants les portes d’un univers historique, linguistique et culturel, largement ignoré jusqu’alors, les études sanskrites sont vécues par leurs premiers représentants comme une véritable aventure intellectuelle. Cela est particulièrement vrai en Allemagne, où les sanskritistes appréhendent d’emblée leur domaine d’études comme un accès soudain et inespéré aux origines du monde indo-européen (« indo-germanique »). Dans cette course à la remontée dans le temps, l’enquête philologique glisse sur le terrain anthropologique, quitte à s’emparer de questions – rapport langue/peuple, histoire de l’esprit humain – destinées à toujours lui échapper.
Cycle de conférences « Jalons pour une histoire des sciences de l’homme » organisé en partenariat avec les trois écoles doctorales de l’université de Poitiers : Lettres, arts, pensée et histoire : civilisation et littérature de l’Antiquité à nos jours ; Sociétés et organisations ; Cognition, comportement, langage(s).