Michel Foucault, philosophe et militant, Poitiers du 25 au 28 mars 2013

Actualisé le 4 mars 2013 à 19 h 41.

Spectacles, projections, conférences, tables rondes… autour de la pensée de Michel Foucault.

Le TAP a conjugué ses forces avec celles de l’Université de Poitiers pour concevoir un riche et grand moment sur l’actualité de la pensée de Michel Foucault, notamment sur les notions d’enfermement et de prison. Comment rendre compte de l’actualité de la pensée du philosophe pictavien, alors que la société française vit un moment de crise aigüe à ce sujet ? La pensée de Michel Foucault est-elle toujours d’actualité ?
Ainsi trouvera-t-on dans ce programme des conférences, des tables rondes, des moments d’échanges avec le public, mais aussi – et c’est plus rare – un spectacle théâtral,
une expérience musicale inédite, des films, des images télévisées, des publications et des «chantiers» de théâtre avec des étudiants. Une matinée sera aussi consacrée au rapport de Michel Foucault avec les arts.
Preuve de la vitalité de la pensée de Michel Foucault ? Certainement, mais aussi souhait d’ouvrir ses travaux au plus grand nombre, de les mettre à l’épreuve du réel, et de partager cette «fête de la pensée» avec bon nombre de personnalités et d’intellectuels ainsi qu’avec des parte- naires du monde culturel et éducatif.
Jérôme LECARDEUR, Directeur du TAP
Yves JEAN, Président de l’Université de Poitiers.

Organisé par le TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers et l’Université de Poitiers. Coordination des contenus scientifiques : Frédéric Chauvaud, Professeur d’histoire contemporaine, doyen de l’UFR Sciences Humaines et Arts, Michel Briand, Professeur de langue et littérature grecques, et Anne-Cécile Guilbard, Maître de conférences en littérature française, UFR lettres et langues.
En partenariat avec le Centre National de Documentation Pédagogique, l’Espace Mendès France, le Lieu Multiple et Jazz à Poitiers. Avec le concours de l’École Européenne Supérieure de l’Image, la Ville de Poitiers, l’Actualité Poitou-Charentes, la Belle Aventure et le Collectif F71.

Programme au format pdf (4,4Mo)

ENTRÉE LIBRE ET GRATUITE sauf :
> Retour en Normandie et Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère : tarif unique 3 euros
> Foucault 71 : de 3,50 à 26 euros
> Surveiller et écouter : tarif unique 3 euros

 

LUNDI 25 MARS

16h / Projection TAP Castille – durée : 1h53
RETOUR EN NORMANDIE
De Nicolas Philibert (France – 2007)
En 1975, alors jeune assistant, Nicolas Philibert participait à l’aventure exceptionnelle du film de René Allio, Moi, Pierre Rivière… Ce long métrage racontait l’histoire d’un fait divers survenu dans le bocage normand en 1835, selon lequel un jeune paysan de 20 ans avait égorgé à coups de serpe une partie de sa famille. Tourné non loin de l’endroit où le triple meurtre avait eu lieu, le film d’Allio allait devoir une grande part de sa singularité et de sa force au fait que la plupart des rôles avaient précisément été confiés à des paysans de la région. 30 ans ont passé. Aujourd’hui, Nicolas Philibert a décidé de les retrouver, aussi bien pour évoquer cette aventure partagée que pour les filmer dans leur présent.
«Retour en Normandie est une psychanalyse à ciel ouvert conjuguée à un discours sur la méthode, un manifeste artistique allié à une chronique documentaire, un journal intime qui ne trouverait ses mots que dans la rencontre et le partage avec ceux qui en sont ordinairement privés». Jacques Mandelbaum (Le Monde)

18h à 23h / Projections TAP salle de projection – durée : 1h30 (en boucle)
MICHEL FOUCAULT : LE PHILOSOPHE À LA TÉLÉVISION
Archives du Centre National de Documentation Pédagogique
Michel Foucault, réputé philosophe le plus cité au monde, est à redécouvrir à partir des archives du CNDP. Dans ces émissions, il se trouve entouré de ce que la «French Theory» compte de meilleur : avec Paul Ricoeur, Jean Hyppolite, Georges Canguilhem, Alain Badiou et Dina Dreyfus dans Philosophie et Vérité, et en tête à tête avec Alain Badiou dans Philosophie et psychologie. Deux documents rares alors réalisés pour le CNDP par Jean Fléchet.
Philosophie et Vérité (1965) réalisateur : Jean Fléchet, auteurs : Dina Dreyfus, Alain Badiou ; durée : 54 min. 59 s. Production : IPN (Institut Pédagogique National). Série : L’enseignement de la philosophie. Jean Hyppolite, Georges Canguilhem, Paul Ricoeur, Michel Foucault, Alain Badiou et Dina Dreyfus parlent de Philosophie et Vérité. Philosophie et psychologie (1965) réalisateur : Jean Fléchet, auteurs : Dina Dreyfus, Alain Badiou ; durée : 30 min. 15 s. Production : IPN (Institut Pédagogique National). Série : L’enseignement de la philosophie. Entretien entre Alain Badiou, professeur au Lycée de Reims et Michel Foucault, professeur à la Faculté de Lettres et Sciences Humaines de Clermont-Ferrand.

18h30 / Conférence TAP auditorium – durée : 1h
LE REGARD ET LA PAROLE
Pour forcer les murailles des pouvoirs institutionnels depuis les années 1970 : observer, analyser, montrer, prendre et donner la parole Antoine Lazarus
Après 1968, des luttes et dispositifs contestataires et militants inventent leurs pratiques, en enquêtant pour dénoncer et interpeller sans cesse les pouvoirs installés dont ceux de l’état. Il devra admettre, concevoir et installer des réponses institutionnelles de droit commun qui prennent le relais des ardeurs, organisations et pratiques militantes. Les luttes seront obligées soit à se réinventer soit à se fondre dans un partenariat normalisé. Ainsi naissent le GIP, le GMP et l’OIP ouvrant la voie à la création en 2007 de la fonction de Contrôleur général des lieux de privation de liberté.
Aujourd’hui, que serait-il encore interdit, impossible, d’observer et de dénoncer afin de donner un sens transgressif au regard et aux dires, ce qui donnait un sens implicite d’espoir, de solidarités et de progrès aux «luttes contre» ? Quelles positions avoir, quels objectifs faut-il assigner à des luttes qui en proposant des améliorations des droits et des services admissibles dans les critères réformistes ordinaires de la modernité ne participeraient pas seulement au renforcement des institutions de contrainte à maintenir leurs pouvoirs ?
Antoine Lazarus, Professeur émérite de santé publique et de médecine sociale de l’Université Paris 13, a connu, milité et travaillé avec Michel Foucault. Médecin des prisons dans les années 1970, il est alors impliqué dans les premières équipes de chercheurs en sciences humaines appliquées au champ de la santé et de la médecine. En 1973-74, enchaînant la période du GIP (Groupe d’informations Prisons), il crée le GMP (Groupe Multiprofessionnel des Prisons) qui, jusqu’à aujourd’hui, reste un lieu ouvert d’échanges, d’informations, de réflexions, de prises de positions sur les questions de la prison, de la peine, de la fascination qu’elle exerce. En 1991, il participe à la fondation de l’Observatoire international des prisons, dont il devient Président de la section française en 2012. L’OIP est un des acteurs de la défense des droits des personnes détenues, de leurs familles et pour la fin de l’emprisonnement comme modèle ordinaire de la sanction pénale.

21h / Spectacle TAP théâtre – durée : 1h30
FOUCAULT 71
Mise en scène, interprétation et scénographie par le Collectif F71 : Sabrina Baldassarra/Lucie Valon, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas
En 1971, Michel Foucault met l’intelligence joyeuse de sa pensée au service de trois affaires politiques. Son engagement a fait l’objet de nombreux témoi- gnages (interviews, tracts…) qui constituent la matière théâtrale de Foucault 71. Les auteurs-interprètes, cinq jeunes femmes, se sont inspirées de cette parole publique pour nous guider à travers une pensée très orale, facilement abordable, sur les dérives de la société et les formes de luttes adéquates. À partir d’émissions de radio, d’articles, de dessins, nous découvrons le travail de Michel Foucault sur les prisons, nous entrons dans sa réflexion sur le pouvoir de contrôler et de punir, nous sommes les témoins de l’engagement des intellectuels et du bouillonnement militant de la rue. Les cinq comédiennes délurées s’approprient sans complexes la pensée lumineuse de Michel Foucault et lui redonnent toute son actualité.

21h / Projection TAP Castille – durée : 2h05
MOI, PIERRE RIVIÈRE, AYANT ÉGORGÉ MA MÈRE, MA sOEUR ET MON FRÈRE
Film de René Allio (France – 1976)
Le 3 juin 1835, Pierre Rivière, un jeune paysan normand de vingt ans, égorge à coups
de serpe sa mère, sa sœur Victoire et son jeune frère Jules. Il prend la fuite et erre plusieurs semaines dans les bois avant de se faire arrêter. À peine emprisonné, le meurtrier, que la plupart des témoins décriront comme un garçon au comportement étrange, voire sous les traits d’un idiot, entreprend la rédaction d’un épais mémoire, texte d’une stupéfiante beauté, véritable autobiographie dans laquelle il expose les raisons qui l’on conduit à son geste : délivrer son père des «peines et afflictions» que lui faisait subir son épouse depuis le premier jour de leur mariage… Criminel monstrueux ou « pauvre » fou ? Le débat opposera longtemps magistrats et psychiatres.
«Quelque part entre la chronique rurale, la reconstitution historique et l’approche psychia- trique, Moi, Pierre Rivière ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère est une éclatante réussite, preuve d’un savoir-faire, mêlant précision du cadre et de la direction d’acteurs, qui n’est pas sans rappeler les plus grands chefs-d’œuvre de Robert Bresson.» Clément Graminiès (Critikat)

La projection du mardi 26 mars à16h sera suivie d’un débat animé par Myriam Tsikounas

MARDI 26 MARS

10h à 23h / Projections TAP salle de projection durée : 1h30 (en boucle)
MICHEL FOUCAULT : LE PHILOSOPHE À LA TÉLÉVISION
Archives du Centre National de Documentation Pédagogique
(voir lundi 25)

10h30 / Table ronde TAP auditorium – durée : 1h30
FOUCAULT, LE DROIT DE PUNIR ET LE SYSTÈME PÉNAL
Jean-Paul Jean et Michel Porret – Modérateur : Frédéric Chauvaud
Les techniques punitives, la discipline du corps, la surveillance, le panoptique sont autant d’aspects que Foucault a abordé dans des écrits nombreux et divers. De quelle manière a-t-on pensé le droit de punir ? Comment s’est mise en place une «rationalité punitive» qui, avec des nuances, s’est imposée en Europe ? Au XXIe siècle est-on passé à un autre régime punitif ? Comment lire la pénalisation de la société qui se heurte aux difficultés de mise à exécution des peines prononcées et se caractérise par une véritable inflation carcérale ?
Jean-Paul Jean, avocat général à la Cour de Cassation, a été Professeur associé à l’Université de Poitiers, ancien directeur de la mission de recherche droit et justice. Il préside le groupe des experts du Conseil de l’Europe qui publie tous les deux ans le rapport sur les Sytèmes judiciaires européens. Il est l’auteur notamment de Le système pénal et co-auteur de Un droit pénal post-moderne.
Michel Porret, Professeur d’histoire moderne à l’Université de Genève. Ses travaux portent sur l’histoire des Lumières, de la médecine et du droit de punir sous l’Ancien Régime. Il vient de publier avec son équipe (Damoclès), La Chaîne du pénal, Crimes et Châtiment dans la République de Genève sous l’Ancien Régime, il a codirigé le volume Les sphères du pénal avec Michel Foucault (2007).
Frédéric Chauvaud, Professeur d’histoire contemporaine, doyen de l’UFR SHA de l’Université de Poitiers, responsable de l’équipe « Sociétés conflic- tuelles» du Criham. Il a publié ou dirigé une trentaine d’ouvrages dont la Chair des prétoires (2012) et Le droit de punir du siècle des Lumières à nos jours (2012).

14h / Conférence TAP auditorium – durée : 1h30
FOUCAULT, LA PRISON ET L’HISTOIRE
Michelle Perrot
À quel moment est née la prison moderne ? Comment peut peut-on étudier le système carcéral ? De quelle façon est-on passé de l’éclat des supplices aux «peines obscures», c’est-à-dire à la prison. En 1975, dans son grand livre Surveiller et punir, Michel Foucault étudiait cette évolution majeure, signe de notre modernité et «révolutionnait» ainsi la manière de faire de l’histoire. Michelle Perrot retrace la façon dont le dialogue a pu se nouer, les échanges entre le philosophe et les historiens, la portée de ces débats qui permettent aujourd’hui encore de penser et de comprendre l’enferment dans les sociétés les plus contemporaines.
Michelle Perrot, Professeure émérite, Université Paris VII. Elle a contribué au dialogue entre Michel Foucault et les historiens. On lui doit en particulier, Jeremy Bentham, Le Panoptique, entretien avec Michel Foucault (1977), L’impossible Prison (1980), Les Ombres de l’Histoire (2001). Son avant- dernier livre, Histoire des chambres a obtenu le Prix Fémina Essai en 2009.

16h / Projection-débat TAP Castille – durée : 2h05 + débat
MOI, PIERRE RIVIÈRE…
Film de René Allio
Débat animé par Myriam Tsikounas (Résumé du film : voir lundi 25 )
Myriam Tsikounas, Professeure en histoire, sciences de l’information et de la communication, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directrice du laboratoire Isor. Elle a codirigé l’Historien, le juge et l’assassin (2012) et Michel Foucault, Surveiller et punir, la prison vingt ans après (1996).

16h / Présentation de projet TAP bar auditorium – durée : 1h
LE «DISPOSITIF PANOPTIQUE» COMME OBJET DE CRÉATION ARTISTIQUE
Atelier EIDI animé par Michelle Héon, Sylvie Marchand, Emmanuelle Baud, Jean-François Joyeux, Christian Laroche, artistes enseignants de l’École Européenne Supérieure de l’Image avec des étudiants de l’EESI. À partir de textes de Michel Foucault, l’atelier Installation et dispositifs interactifs de l’EESI propose à ses étudiants d’ausculter les «dispo- sitifs panoptiques» contemporains dans la ville et sur les réseaux. À partir de l’analyse de cette réalité urbaine et sociétale, ils créeront des projets artistiques selon des approches variées.

18h30 / Sortie d’atelier TAP plateau B – durée : 30 min.
LE CORPS UTOPIQUE
Résultat d’atelier animé par le Collectif F71, avec des étudiants en master «dramaturgie et assistanat à la mise en scène» de l’Université de Poitiers, des élèves du Conservatoire théâtre de Poitiers et des étudiants du département SUAPS de l’Université de Poitiers «En tous cas, il y a une chose certaine, c’est que le corps humain est l’acteur principal de toutes les utopies.»
De l’Histoire de la folie à l’Histoire de la sexualité, du corps des condamnés aux corps disciplinés des détenus, le corps est central dans l’œuvre de Foucault.
Dans Le Corps Utopique, conférence radiophonique donnée en 1966, Foucault arpente le corps comme un territoire. Espace a priori limité, personnel, imposé à chacun mais terri- toire que nous partageons en commun. Traversé de fantasmes et outil de tous les possibles, le corps est à la fois sujet et objet des utopies de l’homme. Qu’est-ce qu’un corps collectif ? Comment penser à plusieurs ? Les textes de Foucault font souvent appel à l’archive ou à la littérature. Nous verrons comment Maupassant ou Homère sont aussi des compagnons de route, des «corps étrangers», ouvrant à l’intérieur du texte des brèches à l’imaginaire, si nécessaire aux utopies.

19h15 à 19h45 Sortie d’atelier TAP – durée : 8 min. (en boucle)
PARCOURS SURVEILLER ET PUNIR
Promenade à Bicêtre
Réalisé par les étudiants de l’UFR de Lettres et langues et du Conservatoire de Poitiers, accompagnés par Bertrand Farge, comédien et Anne-Cécile Guilbard, Professeure à l’Université de Poitiers.
Ce parcours déambulatoire Surveiller et punir conduit le spectateur à travers paroles et écrits de Michel Foucault et Samuel Beckett au sujet de l’enfermement. Dans les méandres du TAP, les étudiants transforment discours et répliques en paroles qui se répètent, se répondent, se heurtent.

20h30 / Projection TAP Castille – durée : 1h53
RETOUR EN NORMANDIE
De Nicolas Philibert (voir lundi 25)

20h30 / Spectacle TAP théâtre – durée : 1h30
FOUCAULT 71
par le Collectif F71 (voir lundi 25)

MERCREDI 27 MARS

10h à 23h / Projections TAP salle de projection durée : 1h30 (en boucle)
MICHEL FOUCAULT : LE PHILOsOPHE À LA TÉLÉVISION
(voir lundi 25)

10h30 / Conférence TAP auditorium – durée : 1h30
ENFERMEMENT ET IDENTITÉ : LA QUESTION DES INDÉSIRABLES
Discussion présentée et animée par Patrick Savidan, Professeur de philosophie à l’Université de Poitiers et directeur de la revue Raison publique Intervenant : Guillaume Le Blanc.
Comment une société se rapporte-t-elle à ses indésirables ? Cette question qui engage en même temps l’idée que l’on peut se faire du rôle du critique social, sera abordée depuis un réexamen du geste de l’enfermement tel que l’a pensé Michel Foucault. Contre l’interprétation si fréquente qui consiste à souligner l’intégration paradoxale de l’exclu, nous nous intéresserons au fait que nos sociétés contemporaines fabriquent de l’exclusion depuis des lieux refermés sur eux-mêmes, l’asile et la prison, fonctionnant en miroir et appelant d’autres lieux de relégation (centres de rétention). Discutant l’hypothèse disciplinaire chez Michel Foucault et la place paradoxale de l’indésirable, nous interrogerons les conditions de possi- bilité d’une critique sociale portant sur l’exclusion et l’enfermement.
Guillaume Le Blanc, philosophe, écrivain, actuellement Professeur de philosophie à l’Université Michel-de-Montaigne à Bordeaux. Parmi ses récentes publications, signalons La pensée Foucault (Ellipses, 2006), Vies ordinaires, vies précaires (Éditions du Seuil, 2007), L’invisibilité sociale (PUF, 2009), Canguilhem et la vie humaine (PUF, 2010), Dedans, dehors : la condition d’étranger (Éditions du Seuil, 2010), Que faire de notre vulnéra- bilité ? (Bayard, 2011), Courir : Méditation physique (Flammarion, 2012). À paraître : Les indésirables.

14h / Conférence TAP auditorium – durée : 1h30
HISTOIRE D’UNE IMPASSE PHILOSOPHIQUE ET POLITIQUE : FOUCAULT ET LE PROBLÈME DU «DEHORS»
Organisée par Bernard Mabille, Professeur de philosophie et directeur du groupe de recherche «Métaphysiques Allemandes et Philosophie Pratique» de l’Université de Poitiers – Intervenante : Judith Revel
Foucault commence à penser selon un modèle spatial les rapports de pouvoir (l’insistance sur l’enfermement, sur la visibilité, sur le panoptique) et les perspectives de résistance (le «dehors» chez Foucault, et à la même époque les «lignes de fuite» à la Deleuze, les «marges» à la Derrida). Assez rapidement Foucault tente d’échapper à cette métaphorisation spatiale, déplace le problème pouvoirs/résistances du côté de l’histoire, d’une part, et la subjectivation entendue tout à la fois comme rapport à soi et aux autres, et comme production de modes de vie, de l’autre. Du même coup, le paradigme du grand enfermement est totalement reformulé dans les années 1970. Radicalement changées, les formulations foucaldiennes ne sont pas moins politiques, ni moins historiques que dans l’Histoire de la folie, mais davantage axées sur l’idée d’un «travail» de la liberté de l’intérieur même des mailles du pouvoir, ou de l’intérieur des déterminations historiques.
Judith Revel, Maître de conférences à l’Université de Paris 1 Panthéon- Sorbonne, membre du Laboratoire Philosophies Contemporaines (PhiCo- EXeCO, EA 3562), chercheuse associée au CIEPFC de l’ENS Ulm, et membre du conseil scientifique du Centre Michel Foucault. Elle a collaboré au Cahier de l’Herne Foucault (paru en 2011) et publié Michel Foucault, une pensée du discontinu (Mille et une nuits/Fayard, 2010).

16h / Table ronde TAP auditorium – durée : 1h30
PENSER L’ENFERMEMENT
Organisée par Vincent Gérard, directeur du département de philoso- phie et Maître de conférences à l’Université de Poitiers et Simon Lemoine, Professeur de philosophie et chercheur postdoctoral.
Foucault montre que nombre de lieux quenous fréquentons, l’école, la caserne, l’hôpital, l’atelier, l’usine…, utilisent des techniques de contrôle qui sont fondamentalement les mêmes. Ces techniques sont particulièrement visibles lorsque l’on étudie la prison et sa naissance. Ainsi, penser l’enfermement, c’est faire apparaître non pas seulement ce que peut être la figure des prisonniers, façonnée au groupe de recherche «Métaphysique Allemande et Philosophie Pratique » de l’Université de Poitiers par la prison, mais également ce que peut être la figure de tout individu contemporain, façonnée par des dispositifs qui ressemblent beaucoup, donc, à la prison. Certes, hors de la prison, nous ne sommes pas physiquement contraints, mais les forces croisées qui assujettissent les prisonniers depuis la fin du XVIIIe siècle (discours, visibilité, aménagements), sont encore fondamentalement les mêmes que celles qui nous assujettis- sent aujourd’hui dans les dispositifs communs.

18h / Sortie d’atelier TAP plateau B – durée : 30 min.
LE CORPS UTOPIQUE
(voir mardi 26 )

18h45 à 19h15 / Sortie d’atelier TAP – durée : 8 min. (en boucle)
PARCOURS SURVEILLER ET PUNIR
(voir mardi 26 )

19h30 / Spectacle TAP théâtre – durée : 1h30
FOUCAULT 71
par le Collectif F71 (voir lundi 25)

21h30 / Concert TAP auditorium – durée : 45 min.
SURVEILLER ET ÉCOUTER
Jerome Noetinger (France) : Revox, dispositif électroacoustique
Le Lieu Multiple et Jazz à Poitiers ont invité Jerome Noetinger à créer spécifiquement pour cet événement une pièce électroacoustique qu’il diffusera dans l’auditorium du TAP. Installé aux commandes de son dispositif au centre du public, un peu à la manière d’un maton dans son panoptique, il dirige au doigt et à l’œil son Revox à la recherche d’un savant équilibre entre contrôle et pouvoir sur ses outils sonores et la liberté d’exécution, le caractère aléatoire de toute démarche improvisée. Mais loin de s’enfermer ici dans une vision trop cérébrale de la chose, c’est avant tout de musique dont il s’agira…

 JEUDI 28 MARS

10h30 / Table ronde TAP auditorium – durée : 1h30
FOUCAULT OU LA LITTÉRATURE ET LES ARTS EN ACTION
Stéphane Bikialo, Michel Briand, Anne-Cécile Guilbard, enseignants- chercheurs à l’Université de Poitiers et Véronique Rauline, Université de Paris Ouest Nanterre
En quoi la pensée de Michel Foucault est-elle vivante,dans le domaine des études littéraires et esthétiques ? Quelles influences exerce-t-elle ? Quelles résistances rencontre- t-elle ? Quelques points-clefs : l’auteur, le dispositif, le regard, l’ordre du discours, la réception américaine de Foucault…

12h30 / Conférence illustrée TAP foyer auditorium – durée : 1h
FOUCAULT ET LA PEINTURE
Bernard Matignon, Professeur de philosophie au Lycée du Bois d’Amour «L’intérêt de Michel Foucault pour la peinture est constant, depuis le publication d’un premier article sur Velasquez en 1965, jusqu’à sa mort, survenue alors qu’il a encore le projet d’un livre sur Manet. Comment Foucault aborde-t-il la peinture ? “Vacances de l’esprit” ou lien étroit avec les ques- tions, centrales pour Foucault, du pouvoir, de la vérité, du dis- cours ?»

14h30 / Table ronde TAP auditorium – durée : 1h30
ENFERMER LA JEUNESSE
Véronique Blanchard, Jean-Jacques Yvorel, Bertrand Geay – Modérateur : Frédéric Chauvaud
Au XIXe siècle la jeunesse est l’objet de mesures inédites. L’époque invente les colonies agricoles et pénitentiaires ou seront enfermés des enfants et des adolescents venant d’horizons différents. La plus connue de ces «prisons» est Mettray, évoquée par Michel Foucault. À la Belle Époque, la société prend peur de sa jeunesse. Plus tard, dans les années 1930, tandis que se développe une campagne contre les «bagnes d’enfants», Jean Genet fait le récit de son expérience. Des années 1830 jusqu’à nos jours la «jeunesse irrégulière» est ainsi destinée à être conduite dans des structures fermées.
Véronique Blanchard, formatrice chercheuse à l’ENEPJJ, responsable du Centre d’exposition «Enfants en justice» (Savigny-sur-orge), a publié en collaboration avec Jean-Jacques Yvorel Jeunes, jeunesses et sexualité, XIXe-XXIe siècles (2010).
Jean-Jacques Yvorel, chargé d’études à l’ENPJJ, co-directeur de la Revue d’histoire de l’enfance irrégulière, a co-dirigé Les âmes mal nées. Jeunesse et délinquance urbaine en France et en Europe (XIXe-XXIe siècles) (2008) et avec Véronique Blanchard Jeunes, jeunesses et sexualité, XIXe-XXIe siècles (2010).
Bertrand Geay, sociologue, Professeur de Sciences de l’éducation à l’Université de Picardie, co-directeur de Savoirs, domination et sujet. Les usages contemporains de l’œuvre de Michel Foucault (2008).
Frédéric Chauvaud, Professeur d’histoire contemporaine, doyen de l’UFR SHA de l’Université de Poitiers, responsable de l’équipe «Sociétés conflictuelles» du Criham. Il a publié ou dirigé une trentaine d’ouvrages dont la Chair des prétoires (2012) et Le droit de punir du siècle des Lumières à nos jours (2012).

17h UFR Sciences Humaines et Arts, 8, rue René Descartes
INAUGURATION DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE MICHEL FOUCAULT
Par Myriam Marcil, en présence de Daniel Defert, Philippe Artières et Yves Jean, Président de l’Université de Poitiers
Michel Foucault, philosophe né en 1926 à Poitiers, est l’inventeur de concepts comme le «bio-pouvoir», et l’auteur de livres majeurs : L’Histoire de la folie à l’âge classique (1961), Surveiller et punir (1975), Histoire de la sexualité (1976-1984)… Son œuvre a eu un énorme retentissement auprès de disciplines voisines, dont l’histoire, la sociologie, la psychanalyse, et le droit.
Au programme : exposition Dans les coulisses de Pierre Rivière (voir lundi 25 )) et lecture d’extraits de textes par le collectif F71 sur les résonances et l’actualité de la pensée de Michel Foucault. « Quand les gens suivent Foucault, quand ils sont passionnés par lui, c’est parce qu’ils ont quelque chose à faire avec lui, dans leur propre travail, dans leur existence autonome. Ce n’est pas seulement une question de compréhension ou d’accord intellectuel, mais d’intensité, de résonance d’accord musical.» Gilles Deleuze – Pourparlers
Myriam Marcil, Conservatrice en chef des bibliothèques, directrice du Service commun de la documentation (SCD) de l’Université de Poitiers. Après une formation en anglais et en linguistique, Myriam Marcil a obtenu le diplôme de Conservateur des bibliothèques délivré par l’Enssib. Elle a été affectée à l’Université de Poitiers en 2002 et dirige le SCD depuis 2008.
Daniel Defert, Président fondateur de AIDES qu’il a créé après la mort de son compagnon Michel Foucault.
Philippe Artières, historien chargé de recherches au CNRS, il est par ailleurs Président du Centre Michel Foucault où il a édité un volume d’archives sur le Groupe Information Prisons (GIP) : Archives d’une lutte, Paris, IMEC, 2003.

19h / Conférence TAP auditorium – durée : 1h
FOUCAULT, INTERPRÈTE D’ŒDIPE
Par René de Ceccaty – Présenté par Gilles Menegaldo, Université de Poitiers
René de Ceccaty, romancier, auteur drama- tique, traducteur, fait apparaître Foucault dans La sentinelle du rêve (publié en 1988). Il pro- pose une conférence sur l’Œdipe Roi de Sophocle qui constituait une référence cen- trale du cours au Collège de France de Michel Foucault intitulé le Gouvernement des vivants (1980), qui permettra d’élar- gir la réflexion à la question du crime, de l’aveu, de la vérité de soi, aussi en relation avec le cinéma de Pasolini.

20h / Rencontre TAP auditorium – durée : 1h
MATHIEU LINDON
Présenté par Anne-Cécile Guilbard, Université de Poitiers
Mathieu Lindon, romancier, chroniqueur littéraire, journaliste à Libération, a publié 18 ouvrages, dont le dernier, Ce qu’aimer veut dire, a pour personnage principal Michel Foucault et a obtenu le Prix Médicis 2011.

Expositions

Exposition / de 8h30 à 19h30 – du 25 mars au 12 avril 2013 Bibliothèque Universitaire Michel Foucault (Sciences Humaines et Arts)
DANS LES COULISSES DE PIERRE RIVIÈRE
En accompagnement des projections au TAP Castille du film Moi, Pierre Rivière…, cette exposition présente documents et objets utilisés pour l’écriture et le tournage du film de René Allio. Parmi ces ar- chives, provenant de la collection Annette Guillaumin : le scénario tapuscrit, le livre Moi, Pierre Rivière de Michel Foucault, annoté par René Allio, affiche, cartes postales et photographies, objets du tournage…
Inauguration de la bibliothèque Michel Foucault jeudi 28 mars

Exposition / de 8h30 à 19h30 – du 25 mars ’au 27 mars Bibliothèque Universitaire Droit et Lettres
L’ENFERMEMENT
Exposition proposée par le Genepi (Groupement Étudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées), dans le cadre de Campus en festival
Exposition de photos issues d’un safari ouvert aux étudiants de l’Université de Poitiers. Il était demandé aux participants d’arpenter la ville afin d’y repérer des choses insoupçonnées sur le thème de l’enfermement.

 

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