Climat : « La mobilisation passe par l’éducation »

Publié dimanche 29 novembre 2015.

Interview de Didier Moreau, par Alain Defaye, rédacteur en chef de de La Nouvelle République et de Centre-Presse.

Source Centre-Presse et La Nouvelle-République du 29/11/2015

Pas de débat sur le climat sans réflexion sur les mutations de nos sociétés, pour Didier Moreau, directeur de l’espace Mendès-France de Poitiers.
Didier Moreau: « On est un élément de la biodiversité. C'est ce changement de regard sur la nature que Mendès essaie de promouvoir. »

Didier Moreau: « On est un élément de la biodiversité. C’est ce changement de regard sur la nature que Mendès essaie de promouvoir. »
(Photo Patrick Lavaud)

L’espace Mendès-France de Poitiers n’en est pas à son premier succès. Mais celui que rencontre son exposition « Le climat change, et nous? » dépasse tous les précédents. Dupliquée à une douzaine d’exemplaires, elle tourne dans toute la région Poitou-Charentes et bien au-delà: à Valparaiso, au Chili, à Brasilia, au Québec, à Lafayette, en Louisiane, au Maroc où se déroulera la COP 22… Une version numérique est par ailleurs diffusée par le réseau pédagogique Canopé (ex-Centre national de documentation pédagogique) pour les établissements scolaires.

« On ne l’a pas vendue. Ça veut dire qu’il y a un besoin », estime Didier Moreau, directeur de l’espace Mendès-France. Besoin de comprendre? Besoin de réfléchir? Besoin de débattre? C’est de tout cela qu’il est question et c’est aussi pour cela que Didier Moreau interviendra au grand pavillon du Bourget, le 4 décembre, lors de la COP 21: « Que le climat change à cause des hommes ou parce que c’est un cycle, c’est un fait. Cela questionne notre mode de vie et notre rapport à l’énergie, en particulier à l’énergie fossile. Il y a eu la Renaissance. Historiquement, on est dans la transition énergétique, avec ce que cela implique comme changements dans nos comportements, nos habitudes de consommation, nos modes de production ».

« Il n’y a pas de fait scientifique sans effet sur la société »

Car la mission d’un centre de culture scientifique comme Mendès-France ne se résume pas à expliquer les sciences, explique Didier Moreau: « Comme il n’y pas de sciences sans scientifiques, il n’y a pas de fait scientifique sans effet sur la société. La rationalité scientifique est essentielle mais elle n’est pas suffisante. La question, c’est comment s’emparer de ces sujets et comment les mettre en perspective dans nos vies personnelles, nos vies professionnelles, de parents d’élèves, de consommateurs… »
Une démarche d’autant plus indispensable lorsqu’il est question de climat, poursuit Didier Moreau: « On est systématiquement dans l’instantanéité des choses, sauf qu’avec le climat, il y a une question d’inertie. Qu’en est-il de la véritable problématisation de la société? »
Productions agroalimentaires, politiques de santé publique, équilibres sociaux… Le changement climatique est porteur de nombreuses questions, souligne Didier Moreau: « Les terroirs vont évoluer, il faut que l’homme évolue aussi. On est un élément de la biodiversité. C’est ce changement de regard sur la nature qu’une maison comme Mendès essaie de promouvoir. »
Nouveau? Pas tant que cela pour une structure qui se nourrit du travail en réseau avec les universitaires et de la pensée de la complexité développée par Edgar Morin. Un ami de la maison qui fut au coeur des réflexions amorcées sur le climat, à Poitiers: « Nous, on a commencé dès 2009, avec une exposition qui s’appelait « Les temps changent », sur l’histoire des climats. On organisé environ 45 débats et conférences autour de ce thème depuis 2010. »
Fil conducteur de ces rencontres comme de toute la démarche de l’espace Mendès-France: « La science n’apporte pas de réponses. Elle permet de se questionner autrement. Les solutions de multiples, collectives, hybrides ».

 

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