Michel Brunet : « Plus la biodiversité est grande, plus la richesse est grande »

Intervention de Michel Brunet lors du lancement de L’Actualité Nouvelle-Aquitaine le 25 janvier 2017.

Michel Brunet

Bonsoir à toutes et à tous,

Comme c’est facile de parler après Edgar Morin !… Vous imaginez.

Comme d’habitude, Didier Moreau m’a laissé la meilleure place. Néanmoins, il a dit que j’étais là depuis très longtemps, alors juste une remarque, …, je suis arrivé à Poitiers dans les années 65, et oui ça ne date pas d’hier, et dans les années 65, Poitiers était une ville de tradition, de naturalisme, de collections, de cabinets de collections et les collections à cette époque là étaient essentiellement sous les combles de la mairie. Les jours de marché à Notre-Dame, les gens allaient plus ou moins se servir, ils allaient prendre un oiseau, des pièces, ils allaient prendre diverses choses. Et c’est ainsi qu’ on a commencé à penser à une structure de médiation scientifique, et j’y repensai parce qu’il fallait bien que je commence par quelque chose pour mettre en perspective mon propos. Je me disais que dans le fond le cheminement a été complexe… Mendès France n’est pas quelque chose qui pourrait être qualifié de créationniste, car le cheminement n’a pas été linéaire. Vous savez les gens du dessein intelligent à l’heure actuelle, qui sont des crypto-créationnistes, c’est un mot nouveau cher Edgar, crypto-créationniste, mais ça n’est pas encore de la pensée complexe je te l’accorde. Il y a eu un cheminement difficile, difficile, parce que les crypto-créationnistes vous disent «  Hé nous on croit à l’évolution ! », mais on savait que quand la vie est apparue, à l’autre bout il y avait le Sapiens, profonde erreur, on ne savait rien de tout ça ! L’évolution est un phénomène contraint et complètement imprédictible. Mendès France a évolué un peu dans ces conditions là. Didier, je te dirais une chose, certes avec d’autres, mais tu as conduit cet établissement à ce qu’il est maintenant, et je crois que c’est pas si mal quand on revient sur le chemin parcouru, quand on voit ce qu’il se passe dans les territoires de la République, ça n’est pas si mal, et c’est même bien. Je pense que, outre le fait que nous ayons une université qui soit parmi les plus anciennes de France, on a aussi un centre de culture scientifique, qui est aussi maintenant parmi les plus anciens de France, donc il y a de quoi être plus mal, vous en conviendrez tous, c’est un atout dans notre écosystème urbain et régional. D’ailleurs, il a été dit, je ne sais pas qui a dit ça sournoisement, que j’allais souvent à Paris et que j’y étais parti, pour autant mais je reviens souvent à Poitiers, parce que je m’y sens bien : je n’ai jamais renié Poitiers. Si je suis ce que je suis, je le suis grâce à Poitiers et ça montre que Poitiers, …, on peut tout y faire, y compris développer un centre important de médiation scientifique, visité, reconnu et utile.

Autre volet que je voudrais aborder, différent celui-là, l’éloge de la diversité. C’est important, la biodiversité c’est important : plus la biodiversité est grande, plus la richesse est grande. Et à Poitiers en ce moment, vous aurez, quand la revue L’Actualité sera distribuée, vous aurez la diversité et la fraternité. La fraternité est déjà dans Poitiers sur les supports de communication en ce début d’année 2017 : fraternité, diversité, deux jolis mots qui méritent beaucoup de réflexion. Il n’y a pas très longtemps, j’ai écrit un livre dont le titre est « Nous sommes tous des africains ». C’est simplement notre histoire, racontée d’une manière scientifique, on est né un jour en Afrique nous, les humains ou les pré-humains, il y a au moins 7 millions d’années. Il faisait bon en Afrique, il faisait chaud, plus chaud qu’à Poitiers aujourd’hui. On s’est beaucoup plu en Afrique, beaucoup, la preuve c’est qu’on y est resté 5 millions d’années, vous réalisez ?… Millions d’années !!! Au moins 5 millions d’années. Et puis un jour, on a quitté l’Afrique, pour des tas de raisons, dont l’une est sûrement le fait qu’il a fallut qu’on agrandisse notre territoire, parce que ce qu’on appelle le cerveau, cet ordinateur portable, central et personnel, qui sert à des tas de choses, a besoin d’un apport calorique important, donc il faut augmenter son territoire, il faut augmenter le territoire pour se nourrir et on est passé ailleurs, on s’est déployé en Europe et en Asie. Mais alors, imaginez, j’ai sorti ce bouquin au moment où il y avait beaucoup de migrants, il y en a toujours beaucoup, qui étaient accueillis en Europe de manière « merveilleuse », avec des fils de fer barbelé, j’en passe et des meilleurs, je ne citerai que cela. Je crois que ça devrait nous faire réfléchir tout ça. En plus, quand nous sommes arrivés en Europe, on était noir, on avait la peau noire, que ça nous plaise ou que ça nous plaise pas, c’était comme ça ! Et ça c’est facile, facile à vérifier, vous faîtes une coupe dans la peau et puis avec une toute petite bino (cf : binoculaire) vous voyez ça aisément. Très facile à vérifier, mais vous vous rendez compte !, vous vous rendez compte comment on s’est conduit après, vous imaginez ?… Mais ça fait peur. Vous vous rendez compte cette différence de couleur de peau, simplement due, non pas à la quantité d’un pigment, parce que les cellules particulières qui produisent le pigment, il y en a autant dans une peau brune que dans une peau blanche. C’est la répartition qui est différente, seulement la répartition ! Dans un cas c’est réparti équitablement, partout, dans l’autre cas c’est réparti en petits paquets. Vous vous rendez compte !!!… Toutes les larmes, tout le sang, que cela a fait couler. On devrait essayer de s’arrêter sur le bord de notre chemin une fois de temps en temps et réfléchir plus souvent. Et je crois que, pour commencer cette réflexion, quand vous quitterez Mendès ce soir vous serez bien armés, la diversité et la fraternité, sont les deux mots qui vont permettre de nous guider vers un chemin, qui sera sûrement meilleur que celui qu’on a emprunté jusqu’à maintenant. Je m’arrêterai là. Bonne soirée à tous.

 

 

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