L’organisation de compétitions de jeux vidéo est un phénomène en plein essor. Les participants peuvent s’affronter sur internet, mais il arrive aussi qu’ils se rencontrent physiquement et relient leurs ordinateurs en réseau. Supporters et visiteurs sont alors nombreux à assister à ces matchs d’un nouveau genre. Pour exemple, la Paris Games week, organisée en octobre 2016, a réuni 310 000 visiteurs. L’objet particulier de ce sport d’un nouveau genre amène certains à exclure catégoriquement tout rapprochement avec le sport traditionnel. Force est pourtant de constater que des points communs existent. L’e-sport s’est développé sur un modèle sportif. Il s’ensuit une véritable professionnalisation de l’activité.

L’ampleur du phénomène a conduit le législateur à reconnaître la pratique du jeu vidéo en compétition et à accorder un statut officiel aux joueurs professionnels. Le colloque organisé à l’Université de Poitiers a pour ambition de saisir cette activité singulière. Agnès Pimbert et Morgane Reverchon Billot, Maître de conférences à l’Université de Poitiers nous parlent de ce colloque.

Quels sont les objectifs de ce colloque ?

Nous avons pour objectif de rassembler largement les différents publics intéressés par l’e-sport (chercheurs, professionnels du secteur, étudiants). La recherche se nourrissant de la pratique, nous souhaitons favoriser les échanges entre les acteurs de l’e-sport et les universitaires. Ceux qui sont sur le terrain pourront en effet témoigner des difficultés et problèmes qu’ils rencontrent, à charge pour les chercheurs d’y réfléchir et de proposer des solutions.

Pourquoi le choix de ce thème ?

Plusieurs raisons justifient que nous consacrions un colloque à l’e-sport. C’est d’abord l’actualité juridique du sujet qui explique ce choix. La Loi pour une République numérique du 7 octobre 2016 consacre deux de ses articles à l’e-sport et les textes qui en permettent l’application – les décrets d’application – datent du 9 mai 2017. De nouveaux textes sont toujours un terrain d’étude fascinant pour le juriste.
C’est ensuite la dynamique dans laquelle s’inscrit la ville de Poitiers qui nous a incité à en faire un objet d’étude universitaire. L’agglomération souhaite promouvoir l’e-sport et l’association poitevine Futurolan organise la Gamers Assembly, événement majeur pour les gamers. Il était donc logique que les chercheurs poitevins s’en saisissent.
C’est enfin le développement prodigieux de l’e-sport dans notre société qui a motivé la recherche ; la science ne saurait rester hermétique à un tel phénomène.

Que cherche-t-on à comprendre lors de ce colloque ?

La première demi-journée du colloque – ouverte gratuitement au grand public – aura pour finalité d’appréhender l’objet d’étude particulier qu’est l’e-sport. Pour ce faire, les présidents des associations France eSports et Futurolan interviendront, des économistes et des gestionnaires expliqueront la manière dont leur science saisit cet objet, un chercheur espagnol nous entretiendra de l’e-sport en Espagne, puis des juristes s’affronteront, lors d’une joute oratoire, sur la qualification juridique de l’e-sport – est-ce un sport ? Est-ce un jeu ? -.

La seconde journée sera davantage spécialisée puisqu’elle aura pour ambition de déterminer le régime juridique de l’e-sport – c’est-à-dire l’ensemble des règles de droit qui s’appliquent à l’e-sport -. Elle permettra de comprendre quelles sont les règles qui s’appliquent aux différents acteurs de l’e-sport (organisateurs, joueurs professionnels, mineurs ou encore étrangers), quelles sont les sanctions encourues en cas de triche ou de dopage, mais également d’examiner la question du financement de l’e-sport.

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