Cette synthèse est issue des comptes rendus des cercles réflexifs et de la séance plénière de samedi matin de l’université d’été Au-delà du développement III. Les plénières seront visibles dans une quinzaine de jours sur UPTV, la chaine internet de l’université de Poitiers et un travail de recension de l’ensemble des débats va être très rapidement entrepris pour aboutir à une publication.
Exergue :
Un principe général a guidé tous les cercles réflexifs, toute démarche que nous engagerons sera placée sous le signe du respect de la dignité de l’Homme et de la vie et du respect des relations entre les êtres humains et la nature.
- La complexité est la caractéristique majeure de nos sociétés, le lieu où cette complexité se manifeste de la manière la plus concrète et la plus perceptible est celle du territoire. c’est au niveau du territoire que se combinent les éléments du local et les effets du global. C’est donc au niveau des territoires que nous devons positionner nos réflexions et nos actions à venir. Une approche qui permet de rendre visible, compréhensible et accessible cette notion.
- Penser la complexité passe par une nécessaire démarche de contextualisation. Cette forme de pensée exige un enracinement fort (dans les disciplines et dans l’histoire) et la possibilité d’un surgissement, c’est-à-dire d’une disponibilité à l’apparition de thèmes inattendus.
- L’ensemble des cercles a cependant manifesté un sentiment d’inquiétude, voire de peur, face aux incertitudes, le catastrophisme n’est pas loin souvent, mais un « catastrophisme éclairé », c’est dans ce sens que la compréhension de ces risques peut aussi faire apparaître des solutions. Il faut avoir le courage d’affronter ces peurs pour aller vers des changements radicaux.
- On ne peut construire de réflexion prospective sérieuse sans retour sur la dimension historique. Faire table rase n’est pas toujours de mise, la prise en compte de cette dimension historique permet d’assurer une compréhension des situations et d’étayer les arguments. L’histoire éclaire le passé.
- Tous les groupes ont exprimé une préoccupation autour de la question du sens afin de donner sens aux événements et aux situations vécues. Cette quête est formulée en termes concrets de recherche des valeurs qui nous guident et de ce qui fonde véritablement nos pensées et nos actes. Cette quête peut aller jusqu’à la dimension spirituelle prise dans le sens de valeurs sociales, morales ou éthiques.
- Plusieurs groupes ont exprimé le besoin de s’appuyer sur un retour sur la connaissance de soi comme nécessaire pour construire une relation à l’autre et à la société harmonieuse et solidaire.
- Il est urgent de repenser le modèle et le système d’éducation pour le rendre compatible avec l’approche en termes de pensée complexe. L’éducation doit être ouverte sur le monde et intégrer les apports de l’expérience de chacun, afin de contribuer à la construction d’une intelligence collective.
- La démarche en termes de complexité impose de travailler ensemble, de dégager des visions communes entre chercheurs, société civile et politiques.
- L’approche de la complexité s’appuie toujours sur une base matérielle de l’activité humaine intégrant la dimension économique et sociale.
Thèmes prospectifs :
Deux thèmes présents dans les discussions nous ont paru de nature à structurer les travaux à venir.
- Le concept d’émergence. Il s’agit d’être à l’écoute des processus nouveaux qui surgissent dans tous les domaines de la vie au niveau de la nature, des individus et de la société.
- Le concept de « vécu ». Dans la société d’aujourd’hui il devient impératif d’intégrer dans notre conceptions du monde et de la vie ce que chacun ressent au niveau de ses émotions et ressentis (l’affect). On ne peut plus séparer les domaines des sciences et des technologies des domaines des sciences sociales et humaines dans la compréhension du monde dans lequel nous vivons, mais aussi dans le gouvernement des hommes et des sociétés, n’est ce pas à l’ébauche de ce que devrait être une politique de la civilisation et de l’humanité ? C’est en tout cas une occasion inespérée d’approfondir l’approche interdisciplinaire qu’Edgar Morin nous invite constamment à considérer d’un œil constamment renouvelé.
La question des prolongements et des supports à cette démarche est posée, plusieurs formules seront envisagées bien entendu. Ici à Poitiers et dans notre région sous la forme de forums mensuels, dans une vision interrégionale ensuite avec une alliance entre des lieux de connaissance reconnus comme tels, universités, centres de formation mais également des structures dont les missions de médiations vers les publics sont indispensables à l’élargissement de cette nécessaire prise de conscience. Bien entendu les technologies seront des supports privilégiés à cette construction d’un corpus structurant pour le réseau en construction où la dimension internationale tient toute sa place, pour l’avenir avec pour 2010 des universités internationales décentralisées et des centres associés.
En ce sens c’est un véritable processus que les rencontres de Poitiers, initiateur et fondateur d’un déploiement en réseau où le sens de l’humanité reste au cœur des échanges et des orientations .