La prophétie des Mayas annoncerait la fin du monde pour le 21 décembre 2012. Eric Chapelle n’y croit pas ! L’animateur scientifique spécialisé en astronomie de l’Espace Mendès-France démonte les légendes perpétuelles sur la disparition de l’Humanité.
Interview réalisée par Romain Mudrak publiée dans le 7 à Poitiers du 12 décembre 2012.
Quel est le lien entre le calendrier Maya et la fin du monde ?
J’ai entendu cette histoire, pour la première fois, il y a trois ans. Elle évoquait un alignement planétaire, mais ce n’est pas le cas. Et puis, qu’est-ce que ce phénomène aurait changé pour nous ? Finalement, il se trouve que le calendrier Maya fonctionne en cycles et que l’un de ces cycles se terminera le 21 décembre 2012.
En résumé, comment fonctionne le calendrier Maya ?
Ce calendrier comprend deux périodes simultanées : le Tzolkin et le Haab. Elles avancent ensemble. Les mois de la première sont composés de treize jours avec vingt noms de jours différents. On compte un Tzolkin de plus tous les 260 jours. Le Haab est composé de 365 jours répartis sur dix-huit mois de vingt jours et un mois de cinq jours. Comme un compteur de voiture, ce cycle revient à zéro tous les 52 ans. L’autre, le compte long, terminera un cycle de 5 125 ans, le 21 décembre. Cela ne signifie pas que tout s’arrête, simplement qu’il faut ajouter une ligne de plus…
Cette date du 21 décembre 2012 n’implique donc aucun mauvais présage selon vous ?
À l’origine, les calendriers étaient utilisés pour fixer des repères. Ils permettaient de démarrer les récoltes au bon moment, percevoir l’impôt par la suite et célébrer les fêtes religieuses. Comme d’autres, les Mayas se sont servis des cycles naturels pour établir ces calendriers, mais de là à croire, qu’à l’inverse, le calendrier pourrait influer sur la nature, non ! D’autant que les Mayas n’invoquent la fin du monde dans aucun texte connu.
De terribles catastrophes sont annoncées. Peut-on les démonter scientifiquement ?
Ceux qui perpétuent ces fantasmes manquent d’imagination ! On parle d’explosion du soleil. Or, sa durée de vie est encore de cinq milliards d’années. L’inversion des pôles se produit régulièrement. Actuellement, le pôle Sud est au Nord ! Ça ne gêne personne. On évoque aussi une éruption solaire, qui pourrait irradier la Terre. C’est arrivé, par exemple, le 14 février 2011. Quelqu’un a-t-il été perturbé ? Notre planète est protégée de ces phénomènes. Enfin, nos observatoires auraient déjà détecté une comète ou un astéroïde fonçant sur la Terre. Ils scrutent le ciel en permanence et peuvent identifier un objet de cinq cents mètres à dix milliards de kilomètres.
Cette appréhension rappelle la peur du bug de l’an 2000…
Tout à fait ! Les hommes aiment se faire peur. Ils entretiennent des fantasmes. En 2000, c’était le bug informatique. Puis finalement, on s’est rendu compte que le siècle se terminait en 2001, alors de nouvelles craintes sont apparues. Les prédictions de Paco Rabane, au moment de l’éclipse de 1999, n’ont fait de mal qu’à sa réputation. Un astéroïde (n°29075) pourrait croiser le chemin de la Terre en… 2 880. D’ici là, on saura s’en préserver.
A lire aussi l’article de Eric Chapelle dans Le Plus du Nouvel’Obs.