Conférence de Bernard Maitte, professeur à l’université de Lille I. UMR « Savoirs, textes et langage ».
L’arc-en-ciel est un curieux phénomène météorologique : il a inspiré des mythes – tout à fait contradictoires – dans toutes les civilisations et peuplades. C’est aussi un curieux objet physique : différent pour chaque observateur, on ne peut jamais en faire le tour. Tous les savants s’intéressant à l’optique ont cru, à toutes les époques, en tenir l’explication complète, œuvre de la science la plus achevée et marquant la pertinence de celle-ci. Aristote en fait l’archétype des « sciences subordonnées », Ibn al-Haytham invente la méthode expérimentale et le concept de lumière, Descartes lui applique la loi de la réfraction, Newton sa théorie des couleurs. Au XIXe siècle, il devient un des lieux de l’affrontement des théories corpusculaire et ondulatoire de la lumière… mais aujourd’hui, on sait que l’on ne peut que rendre compte de certains aspects du phénomène contingent observé : trop de paramètres interviennent. Ce n’est pas un échec mais un approfondissement de nos connaissances, qui nous pousse à définir ce qu’est une observation, une conceptualisation, un modèle… et à voir que, sur cet objet, se croisent différents types de scientificités : la physique, la physiologie, la psychologie, que la science ne peut épuiser le réel… C’est ce que j’essaierai de développer dans ma conférence.