Dans le cadre du festival Raisons d’agir 2021, conférence-débat avec Benoît Coquard, sociologue et chercheur à l’INRAE, et François Ruffin, journaliste et député de la Somme.
Spécialiste des classes populaires et des mondes ruraux, Benoît Coquard fait partie de ces sociologues qui aiment le travail discret, méticuleux, attentif aux manières de penser et aux manières de vivre de ses « enquêtés ». Dans son livre Ceux qui restent, il montre comment on vit dans les campagnes en déclin, après le départ de ceux qui ont pris la route de l’exode urbain, après la fermeture de l’usine et la disparition du bistrot. Il donne à comprendre ce qui se joue dans la colère contre les élites et les ressorts d’un mouvement comme celui des Gilets jaunes.
Fondateur et rédacteur en chef de Fakir, le « journal fâché avec tout le monde ou presque », reporter, documentariste et député de la Somme, François Ruffin est peut-être d’abord un porteur de paroles populaires, de la lutte des Whirpool à la défense des petits clubs de foot, de sa proposition de loi sur les maladies professionnelles aux films coréalisés avec Gilles Perret. Mais il est aussi un passeur entre le monde intellectuel et le monde militant. Dans ses derniers livres, Il est où le bonheur ? et Leur progrès et le nôtre, il s’attaque à l’illusion d’un consensus social autour des enjeux écologiques et sanitaires. Ceux qui contribuent le plus à la catastrophe en cours, ce sont d’abord les puissants, les actionnaires, ceux qui militent pour « la relance » sans condition et préparent déjà leur exil vers les zones tempérées de demain. Loin de s’y substituer, la crise écologique aiguise la lutte des classes, la renforce.