Les Menstrueuses

vendredi 10 décembre 2021

Tous publics. Gratuit. Sur réservation.

Une myriade d’événements pour évoquer un cycle mensuel qui dure en moyenne une quarantaine d’années, celui des menstruations : tables rondes, stands, cafés-débats, journée d’échange, etc.

Événement organisé par Marion Coville, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication, IAE, université de Poitiers ; Héloïse Morel, médiatrice scientifique à l’Espace Mendès France – Poitiers et Stéphanie Tabois, maîtresse de conférences en sociologie, UFR STAPS, université de Poitiers.

Avec le soutien de la Contribution de la vie étudiante et de campus (CVEC) de l’université de Poitiers, de la Délégation départementale de la Vienne aux droits des femmes et à l’égalité et les laboratoires Cerege (IAE), Gresco, Forellis de l’université de Poitiers. En partenariat avec le Service santé universitaire de université de Poitiers, la Maison des étudiants de l’université de Poitiers, la Fanzinothèque (Poitiers), l’Espace Mendès France – Poitiers, le Lieu multiple, la Maison des sciences de l’Homme et de la société de l’université de Poitiers, le Planning familial de la Vienne et le festival Égale à égal.

Les Menstrueuses dans l’émission Scrogneugneu, Radio Pulsar – 22.11.2021

Découvrez le podcast de Manon Manoir réalisé suite à la journée du jeudi 9 décembre.


Programme

Jeudi 9 décembre

9h30-12h30. À la Maison des étudiants, 1 rue Neuma Fechine Borges à Poitiers

9h-12h. Atelier d’écriture de science-fiction féministe
Sur inscription (places limitées)
Avec Ketty Steward, autrice de science-fiction, de poésie et de fantastique.
Atelier d’écriture de science-fiction avec une autrice qui questionne l’ordre, débusque les angles morts et introduit le chaos dans les classiques du genre.

9h30 à 12h30. Stands avec la présence du Planning familial de la Vienne ; les étudiant.es relai santé ; du collectif féministe Soror ; de Isabelle Henrion, militante féministe et écologiste, à propos des Alternatives écologiques aux protections périodiques jetables ; Pour une MEUF ; Minorités bruyantes et Les Ingénieuses, association de l’ENSI Poitiers.

10h. Café discussion : « Parlons corps : sang, sexualités »
Avec Jenny Buord, militante féministe, accompagnante à la grossesse, l’accouchement.
Temps d’échange sans tabou ni jugement autour des règles. Comment se vivent-elles ? Quelle place pour ce sang dans le quotidien ? Quel lien avec la sexualité ? Bienveillance et écoute de tous-tes, pas d’obligation de parole.

 

14h30-20h30. À la Fanzinothèque, 185 rue du faubourg du Pont Neuf à Poitiers
   
14h30-15h. Introduction aux ateliers « Les potentiels queer, féministe et anti raciste de la science-fiction »
Avec Ketty Steward et Saul Pandelakis
Rencontre avec deux auteur-rices de science fiction qui remettent en cause les normes du genre.
   
15h-18h. Ateliers en parallèle
Atelier d’écriture spéculative féministe – Ketty Steward
Atelier « 28 jours plus tard – rescripter les règles grâce au design » – Saul Pandelakis
Cet atelier participatif vise à scénariser des situations problématiques, pour envisager comment le design être vecteur d’agentivité et dessiner des scénarios alternatifs qui favorisent des possibles corporels inédits.
18h30-20h30. Table-ronde « Se réapproprier les règles »

Lorraine Gehl,
chercheuse indépendante, diplômée de l’EHESS en anthropologie : « Reclaim son corps : perspectives écoféministes sur les menstruations »
Qu’est-ce que les luttes féministes et écologistes peuvent apporter à la réflexion et aux pratiques contemporaines autour des règles ? En s’appuyant sur une enquête ethnographique de deux ans nous reviendrons sur le cadre des écoféminismes, et notamment sur la notion de « reclaim », en tant qu’outil politique précieux pour se réapproprier nos corps et nos cycles. Julie Ancian, sociologue, Inserm-Iris (Institut de recherche sur les enjeux sociaux) : « Vivre sans règles. Expériences de la suppression menstruelle par la contraception hormonale »
Pourquoi stopper ses règles? Pourquoi ne pas le faire? Je vais restituer une recherche menée avec la journaliste Aude Lorriaux auprès de femmes françaises qui ont utilisé une contraception hormonale pour se passer de leurs règles, en m’intéressant notamment aux enjeux médicaux sous-jacents à ces choix.

Marion Coville, maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, université de Poitiers, IAE – CEREGE et Saul Pandelakis, maître de conférences en Design, université de Toulouse Jean Jaurès : « Menstrutechs : des données, des corps et du genre »
Les applications de gestion des règles, cups, tampons connectés (!), culottes de règles et autres dispositifs régulent notre compréhension des menstruations et participent potentiellement à policer les corps. Cette présentation à deux voix aborde les situations et usages quotidiens qui limitent nos comportements, en adoptant un prisme queer / transféministe. 

 

Vendredi 10 décembre

À l’Espace Mendès France

9h30-12h30. Contextualisation culturelle et historique

« Le sang des règles : le signe d’un corps déficient en bonne santé. Le regard des médecins de la collection hippocratique »
Lydie Bodiou, maître de conférence en histoire grecque, université de Poitiers laboratoire HERMA.
Spécialiste de l’histoire des femmes et du genre, particulièrement de l’histoire du corps, des représentations et des violences.
Dans l’Antiquité grecque, le sang c’est la mort sur le champ de bataille, l’hémorragie que l’on ne sait juguler, le sang répandu lors du sacrifice qui rassasie les dieux, un sang qui souille les vivants en risquant de les contaminer. Or les femmes produisent ce sang, en trop-plein, un sang qui s’échappe d’elle sans qu’elle puisse le maîtriser et pourtant ce sang-là n’est pas mortifère. Au contraire il est à l’origine de la reproduction. Cette spécificité physiologique est d’une importance essentielle pour comprendre non seulement l’altérité du féminin aux yeux des hommes (particulièrement ici les médecins de la collection hippocratique qui élaborent une véritable science du sang menstruel), mais aussi l’étrangeté dans laquelle leur corps les enferme. Loin d’être un atout, ce sang va les stigmatiser dans leur infériorité congénitale.

Quand la science valide les préjugés. Les médecins et les règles XIXe-XXe siècle.
Jean-Yves Le Naour, historien. Spécialiste de l’histoire des femmes, auteur notamment de Histoire de l’avortement (Seuil. 2003), Quand le viol devint un crime (Vendémiaire, 2023).
Les préjugés, les religions et les superstitions ont ancré pour longtemps l’idée d’impureté des femmes, tout particulièrement durant la période des règles. La révolution scientifique du XIXe siècle va-t-elle changer les choses ou confirmer les préjugés par des arguments raisonnés ?

« Les tentes rouges : Ritualiser pour valoriser les « étapes de la vie d’une femme »
Adèle Michaud, doctorante en sociologie, université de Tours, UMR 7324 Citeres.
Les tentes rouges sont des espaces dédiés à la parole autour des « maux de femmes », des menstruations et du corps. Ce cadre permet aux femmes rencontrées de célébrer et donner un sens à ces expériences, les liant à leur identité de femme, elles qui, avant, « n’aimaient pas être femme ».

« Les anthropologues face au tabou des règles »
Mounia El Kotni, anthropologue de la santé.
Comment les femmes puis leurs corps peinent à intégrer les thématiques de recherche de l’anthropologie ? Tour d’horizon des difficultés à aborder la dimension politique d’événements quotidiens comme les règles, la contraception ou le postpartum

Le direct


12h30-14h. Pause déjeuner


14h-15h30. Biopolitique. Médicalisation, maladies : la fabrique du corps menstrué.

« De la normalisation à la pathologisation : les règles dans l’endométriose »
Margaux Nève, doctorante en sociologie, École des hautes études en sciences sociales – IIAC.
Dans le cadre de cette présentation et de l’étude de l’endométriose je tâcherai d’analyser comment l’approche médicale autour des règles peut être perçue comme paradoxale : d’une part, les douleurs menstruelles sont normalisées, d’autre part, les menstruations sont centrales pour comprendre et prendre en charge la maladie et la pathologisation du corps féminin.

« Invisibilité des règles dans le soin en dehors de leur pathologisation »
Pour une M.E.U.F. (Pour une médecine engagée, unie et féministe).
Regards croisés d’une infirmière en dehors de la gynécologie, et d’une sage-femme qui y évolue en permanence, sur l’invisibilité des menstruations normales à l’hôpital et dans les parcours de soins.

« Le physiologique est politique: la production sociale de la ménopause, un processus en mouvement »
Cécile Charlap, maîtresse de conférences en sociologie, université Toulouse Jean Jaurès, chercheuse au laboratoire Interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires.
La ménopause, catégorie médicale historiquement et culturellement située, s’inscrit dans le système des rapports sociaux de sexe. En participant à la construction du vieillissement reproductif féminin et dans le registre de la déficience et de la disqualification, elle est aujourd’hui un enjeu de définition et de contestation dans le contexte des féminismes actuels.

16h-17h30. Nouveaux horizons, nouvelles luttes

« Concevoir des ateliers d’auto-observation gynécologique en groupe – Retour d’expérience »
Cluny, membre des Flux.
Cluny a lancé en 2015 Le journal de ma chatte dans lequel elle documentait en vidéo les évolutions quotidiennes de son cycle menstruel. De cette expérience est né un collectif : Les Flux, et une newsletter féministe sur les règles et l’auto-gynécologie. Depuis 2016 le collectif tente de favoriser la réappropriation des connaissances gynécologiques et organise des ateliers d’auto-observation en groupe. Nous reviendrons sur la genèse de ces groupes, leur déroulement ainsi que leur évolution.

« Précarité menstruelle »
Marguerite Nebelsztein, Collectif Georgette Sand.
Le collectif Georgette Sand défend l’idée qu’on ne devrait plus s’appeler George pour être prise au sérieux. Il s’attache à déconstruire les stéréotypes, renforcer la capacité d’émancipation des femmes et à améliorer leur visibilité dans l’espace public afin que dès l’enfance, filles et garçons puissent connaître la diversité de celles qui composent ce monde. En 2015, le collectif a obtenu la baisse de la TVA sur les protections périodiques de 20% à 5,5% et réalise régulièrement des ateliers sur la précarité menstruelle auprès de public jeune ou précaire. Le collectif a sorti Ni vues ni connues en 2017.

« Militer avec l’endométriose, enjeux et perspectives »
Laurie Rousseville, militante et chercheuse indépendante.
À partir d’un ancrage militant, on réfléchira aux enjeux des luttes à mener dans l’endométriose, dans une perspective féministe et de lutte des classes.

« Les effets de la transphobie dans les parcours de santé »
Clément Moreau, psychologue et militant EST (Espace santé trans).
Tour d’horizon des limitations des approches médicales et psychologiques pour les personnes trans et non binaires en santé globale, sexuelle et mentale du fait d’une approche cis-centrée et des alternatives existantes.

Le direct


18h30-19h30. Conférence Ceci est mon sang : se réapproprier le récit sur les menstruations

Élise Thiébaut, journaliste, autrice féministe – en duplex
Le tabou des menstruations opère un hold-up symbolique sur le sang de celles qu’on désigne ainsi comme femmes, à travers des mythes et des superstitions qui perdurent encore aujourd’hui. A partir du moment où l’on se réapproprie ce récit, on renverse la vision patriarcale du féminin et on ouvre la porte à d’autres possibles, y compris dans une perspective écoféministe.

Le direct

 

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