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Humanités classiques et esthétiques contemporaines : rupture ou héritage ?

mercredi 12 novembre 2008

Dans le cadre de son programme « Territoires culturels » l’Espace Mendès France de Poitiers vous propose de participer, le mercredi 12 novembre prochain à partir de 10 heures à la Médiathèque François Mitterrand, à un séminaire d’échanges et de « dispute intellectuelle » sur le thème « Humanités classiques et esthétique contemporaine » dédié à la recherche d’un compromis de pensée et d’action en matière de politique culturelle territoriale dans la querelle entre « Anciens » et « Modernes ».

La résurgence des « Humanités classiques » et la présence synchronique d’une « Esthétique contemporaine » : quelle figure de la culture pouvons-nous adopter ? quelles articulations entre ces deux approches de l’esprit ? ou, derrière ces manifestations, quel est le devenir des sociétés ?

L’ Humanisme ( XIXe siècle) ne désigne pas seulement un souci de l’homme, de sa condition, de son bien-être, mais il désigne aussi la rencontre entre le sujet humain, mis au centre des préoccupations, et les productions de pensée, d’écriture, de culture qui le constituent. L’ humanisme (sociabilité, définition du moi…), vise la liberté de l’homme par la connaissance ; ses ferments se trouvent dans l’héritage gréco-romain ( Michèle Gally, 2006 ) :

  • Les humanités recouvrent le champ du littéraire à définir entre fiction et poésie et, à leurs marges, celui de la philosophie en tant qu’interrogation sur le monde et sur soi, celui de l’histoire, en tant que rapport au temps et à la mémoire. L’essence des humanités, c’est l’affirmation et la confirmation de la dimension historique des productions humaines ; c’est la constitution d’une généalogie de textes aux constantes comparaisons entre eux et avec d’autres productions artistiques ou d’autres discours.
  • Les humanités classiques deviennent instruction, éducation de l’individu, de l’esprit, de l’intelligence, et sont l’expression de valeurs (courage, justice, modération, tolérance, maturité morale et esthétique…) vivifiant le sens des lettres humaines.
    Ceci redonne une utilité sociale aux langues anciennes mises en relation avec une formation citoyenne (conscientisation, autonomie, responsabilité,…) .
  • Les humanités engagent une méthode historique, philologique, d’interprétation, une fois éclairé le sens littéral du texte. Suivre cette voie, c’est aussi sortir de soi, de son temps, de la vie active. Sans compétence syntaxique, morphologique et lexicale de la langue, il ne peut y avoir accès à la littérature :
    • la lecture, (bonne ou mauvaise, « vraie fausse ») est un acte créatif et objet de savoir, proposée à tous
    • la traduction signifie « transporter, mener d’un bord à l’autre, parcourir un espace entre langues, culture et représentations.
    • le commentaire : tout se joue à ne pas confondre savoir et sentir, à prendre les précautions utiles pour que sentir devienne un moyen légitime de savoir.
  • Dans la tragédie, les problèmes sont toujours les plus grands problèmes de la conduite humaine : guerre, piété, justice, amour, passion, toujours considérés du point de vue universel.
    Les relations de l’enfant avec ses parents : le nœud physique inconscient à travers Œdipe, meurtrier involontaire de son père, époux de sa mère.
    La figure de Narcisse aux multiples interprétations (rapport à soi, à l’autre, à l’image).L’antiquité n’est plus alors seulement une matrice originelle, un réservoir de motifs, de thèmes, de figures, mais appartient poétiquement à nos littératures.
    La guerre des Gaules de César, les Géorgiens de Virgile, renvoient à une histoire de violence, de chaos, autant de voies pour questionner le sens de la vie.
    Alors qu’on préparait la cigüe, Socrate était en train d’apprendre un air de flûte. « A quoi cela servira-t-il ? » lui demande -t-on . «A savoir cet air avant de mourir».

L’ Esthétique est une réflexion sur un certain champ d’objets dominé par les termes de « beau » (convenable, utile, cause de plaisir, initiateur de contemplation…), de « sensible » (sentir, ressentir, imaginer, critique du goût…), d’ « art » (création, imitation, génie, inspiration, valeur artistique…) (Carole Talon-Hogon, 2008).

En reprenant les actes du séminaire tenu en janvier dernier sur « La place de l’Art dans l’espace public » (à l’Espace Mendes France en partenariat avec le Conseil Régional et l’IAAT), on peut rappeler les interrogations sur l’Art Contemporain :

  • l’Art a-t-il une fonction de perturbation (voire d’agitation selon Paul Ardenne), d’interrogation de l’existant, des multi usages, des moments de la vie qui s’y exercent ( en particulier dans «les zones blanches» selon Arslonga) ?
  • l’Art a-t-il une fonction d’intégration par le plasticien des publics fréquemment en situation instable du fait de rénovations, de destruction-reconstruction (le réel en œuvre) des espaces publics (selon Stefan Shankland) ; est-ce une fonction de médiation de l’œuvre d’art lors d’une transformation urbaine ?
  • l’Art a-t-il une fonction d’opérationnalité (place de la commande artistique publique) dans l’accompagnement d’un aménagement et dans l’organisation du «Beau» (« si la laideur est objective, la beauté est subjective ») ?
  • l’Art a-t-il une fonction de rayonnement, car, partant d’une situation locale vécue, le projet artistique expérimental dépasse les enjeux locaux ( les lettres en céramique du texte des Droits de l’Homme décorent la station de métro « Concorde » à Paris, « St Gilles » à Bruxelles, « Parque » à Lisbonne, à Rio, selon Françoise SCHEIN qui pense la ville comme un réseau).

Au-delà des fonctions de perturbation, d’intégration, d’opérationnalité et de rayonnement de l’Art dans l’espace public, demeure la fonction de Médiation de proximité qui doit se maintenir sous peine de voir réapparaître des dysfonctionnements sociétaux (délinquance, isolements…). C’est ce que les débats ont bien introduit autour de la question du sens qui prend effet dans le mouvement et devient inoubliable, à condition qu’il articule les expériences du passé aux horizons d’attente (Paul Ricoeur), horizons d’attente éveillés par l’Art et par le travail de l’artiste qui révèle des lumières d’espoir aux habitants, aux citoyens.

Et, pour résumer les réflexions de Christine Cayol, on peut regrouper en cinq thèmes, les apports de l’Art dans la création :

  • l’Art permet de remonter le fleuve qui nous mène à la vie, à l’homme ;
  • les blessures sont à transformer, elles sont aussi des ouvertures à la Création ;
  • l’invention de la perspective permet d’avoir une vision, de se projeter soi-même ;
  • l’appel à la vie offre la réponse à ce qui se préparait au fond de soi, aimer ;
  • l’instant du sensible , dans sa fuite même, rend visible.

Pour s’engager dans la création, il est indispensable :

  • de viser la vie, l’homme, leurs expressions pour sortir de notre monde,
  • de se distancier de ses peurs, de ses blessures, de les exorciser ,
  • d’avoir une vision, d’exprimer ce qui est en train de naître en soi,
  • de répondre à l’appel de la vie, de voir au fond de soi la sagesse,
  • de creuser en soi une « émotion pure » qui s’exprime dans l’instant.

La confrontation de ces deux approches de l’esprit doit permettre de trouver un compromis de pensée et d’action en matière de politique culturelle territoriale dans la querelle entre « Anciens » et « Modernes ». En quoi ces deux approches contribuent-elles, dans nos sociétés (Alain Giffard, Ars Industrialis) à :

  • prendre soin de la vie de l’esprit, entretenir le jardin de l’esprit
  • permettre une connaissance de soi, développer une culture de soi
  • développer un entrainement à des exercices pratiques : méditation, concentration (lecture), déambulation, examen de conscience…
  • concourir à l’éducatif , en nourrissant l’imaginaire, en favorisant l’articulation entre le travail (l’économique ), l’œuvre ( la culture ), l’action ( le politique ), selon Hannah Arendt.

Le séminaire du 12 novembre doit, dans un débat avec les participants , dans une « dispute intellectuelle », permettre de répondre à ces questions à partir des interventions de :

  • Elizabeth ANTEBI Historienne et spécialiste de la vulgarisation scientifique, Fondatrice et Directrice du Festival Européen de Grec et de Latin de Nantes
  • et de Cécile Griesmardirectrice de la Galerie Griesmar et Tamer à Paris, promotrice de la Foire SLICK, off de la Foire Internationale d’Art Contemporain, à Paris
  • avec comme « discutants » Paul Hervé Parcy, Directeur du Château d’ Oiron, et Manolo Gonzalez, animateur de l’atelier de Chant Médiéval à l’Ecole de musique « Arcadie » à Poitiers .

Coordination : Jean-Pierre Michel, Espace Mendès-France

Inscription en ligne

Animation :

  • Jacky Denieul, Institut Atlantique d’Aménagement des Territoires,
  • Gilles Caire, Maître de conférences à l’Université de Poitiers
  • Christian Lemaignan, Espace Mendès-France

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