Conférence de Brigitte Lozerec’h, auteur de la biographie de Shackleton
Sir Ernest Shackleton Grandeur et endurance d’un explorateur (1874-1922)
Enregistrement :
LA CONQUÊTE DES PÔLES :
En 1900, on ignorait encore si les pôles étaient sur terre ou en pleine mer. Le Nord avait excité les convoitises depuis le XVIIè siècle, mais trop de tragédies avaient endeuillé les expéditions et l’on avait presque abandonné cette quête. Brusquement, à partir de 1900, une fièvre reprend les occidentaux qui veulent conquérir les pôles. Suédois et Norvégiens, par leur connaissance de la glace prennent de l’avance en ouvrant les voies maritimes du Nord-Est, puis du Nord-Ouest. L’Angleterre décide de planter l’Union Jack au pôle sud.
La concurrence devient presque fratricide entre les Anglais Scott et Shackleton pendant quelques années.
Les 1400 kilomètres à parcourir à pied depuis leur base, au bord de la mer gelée pour atteindre, dans des conditions inhumaines, le point 90° sud, à plus de 3000 m d’altitude, puis le retour au baraquement, seront une épreuve effroyable pour ceux qui tenteront l’exploit. Shackleton sera contraint de faire demi-tour, à 180 kilomètres du but en 1909, faute de vivres ; Scott y perdra la vie au retour, ainsi que ses quatre compagnons, après avoir constaté, avec consternation, que le Norvégien Amundsen, les avait précédés de trois semaines seulement, en décembre 1911. Ce dernier venait de gagner le pari avec une aisance déconcertante grâce à la pratique du ski, la connaissance des chiens de traîneaux et le port de vêtements en peau de rennes protégeant contre les vents furieux et glacés. Atouts que les Anglais avaient négligés.
Mais Scott a été pleuré en héros par le royaume. Amundsen fêté par la Norvège nourrira un remords sa vie durant, tandis que Shackleton, toujours en vaine d’aventures polaires lancera le premier défi de traverser le vaste continent antarctique à pied. Cette fois, il emportera des chiens de traîneaux. Il laissera des témoignages époustouflants d’une épopée restée inégalée à ce jour, ce qui en fait un personnage resté légendaire chez les marins et les explorateurs.
En 1959, un traité international a fait de l’Antarctique le «continent de la paix et de la science» qui n’appartient à aucun pays.