Conférence de Christine Rendu, chargée de recherches au CNRS, laboratoire FRAMESPA-TERRAE, UMR 5136, Université de Toulouse II.
Longtemps considérés comme anhistoriques, les pâturages d’altitude des massifs européens constituent aujourd’hui un champ de recherche en pleine expansion. Si leur évolution était naguère peu accessible, elle l’est devenue aujourd’hui grâce à des approches interdisciplinaires alliant archéologie, histoire, ethnologie, études paléoenvironnementales. Les premières traces de fréquentation pastorale en altitude (2300 m) remontent au 5e millénaire avant J.-C. Elles résident dans des vestiges d’habitat souvent ténus mais qu’une approche archéologique fine peut percevoir, ainsi que dans le témoignage de pollens de plantes indicatrices de la présence des troupeaux (orties, plantain lancéolé, rumex…). L’enquête, menée à micro échelle sur différents terrains pyrénéens, montre qu’au cours des six derniers millénaires, les logiques d’exploitation des versants n’ont cessé de changer. Ces changements s’expriment notamment à travers des variations importantes de la structuration des sites de moyenne altitude (1600 – 2000 m), qui oscillent entre deux pôles : ils semblent tantôt se rattacher aux formes de pastoralisme exclusif développées à l’étage alpin, tantôt aux modes d’exploitation agro-pastoraux des étages inférieurs. Dans cette perspective de longue durée, il est possible, à partir du Moyen Âge, de confronter les sources archéologiques et paléoenvironnementales aux principaux basculements sociaux que révèlent les textes. Le caractère structurant de la gestion de ces espaces montagnards dans l’organisation générale des communautés rurales des vallées se révèle alors pleinement.
Dans le cadre du Séminaire 2010-2011 d’histoire des sciences et des techniques au Moyen-Âge