Conférence de Marion Ernwein, géographe, université de Fribourg (Suisse), suivie de la projection du film Être jardiniers : enjeux végétaux, enjeux humains. Avec l’équipe RD1 du SEVE, réalisé en 2014.
Cette communication prend appui sur une thèse de doctorat en géographie ayant porté sur l’évolution des pratiques de gestion de la nature en ville. Dans le cadre de cette recherche menée auprès de trois équipes de jardiniers municipaux, plusieurs courts films ethnographiques ont été réalisés par la chercheuse et discutés avec les participants. Si la caméra a d’abord été envisagée comme un moyen de rendre compte de l’engagement corporel et émotionnel des jardiniers dans leur travail, il est rapidement devenu clair que l’expérience du tournage et de la projection allait acquérir une importance heuristique au moins égale à celle des captations de sons et d’images en eux-mêmes. J’articule donc l’idée selon laquelle la caméra en tant qu’objet ayant une présence physique et symbolique et le film en tant que medium sont de puissants révélateurs des relations sociales au travail. Dans cette perspective, je démontre d’abord que la performance corporelle autour de la caméra est révélatrice de relations sociales qui informent le chercheur sur son terrain de recherche. Puis j’analyse la phase de mise en débat du film et son apport à la compréhension de dynamiques collectives au travail. Je finis par discuter de la manière dont ces connaissances du terrain produites par et à travers la caméra et le film trouvent leur place dans le travail de thèse final.
Soirée proposée par l’association Filmer le travail